Citation:
Envoyé par tron
Wilfred
Je pense du coup à travers ton expérience que le manque d'estime qu'on éprouve n'existerait pas si on avait pas commencé le sport.
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C'est tellement vrai !
Je me permet du coup un copier/coller de ce que j'ai pu écrire à une époque dans mon journal concernant le sport (et justement ce qu'il a changé en moi) :
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Quand j'étais petit, j'étais ce gamin tout seul dans la cour de récréation. Je venais de débarquer dans une nouvelle école, nouvelle vie. J'étais en CE1, j'étais différent.
Je ne parlais à personne. L'intégralité de mon école primaire s'est déroulée ainsi.
Je n'avais pas d'amis, Ã l'exception d'une personne qui est aujourd'hui l'un de mes meilleurs potes.
Je m'étais créé une sphère, un environnement où il était plus sain et plus sécurisant pour moi de ne m'ouvrir à personne plutôt que de prendre le risque de le faire et de prendre des coups.
Je n'avais aucune confiance en moi. Résultante d'un père parti à ma naissance et d'une mère qui me disait texto que j'étais moche. Je passerais sur les humiliations subies lorsque ma mère conviait toute ma famille à venir voir les photos de classe de fin d'années si j'avais le malheur d'avoir une sale tête dessus.
J'étais le gamin qui courrait à la sortie de l'école pour ne pas se faire frapper.
Bien sûr, j'ai eu des coups de coeur, j'ai été "amoureux" même si je ne sais pas si on peut parler d'amour à cet âge là . Mais vous vous doutez bien que je gardais tout ça secret.
Puis est venu le collège.
Surement les cinq (car j'ai redoublé) pires années de ma vie. J'étais toujours le souffre douleur. Je m'intéressais à pleins de filles. Aucune ne s'intéressait à moi.
Je me maudissais, j'étais malheureux.
Vous connaissez peut-être ce sentiment de voir les filles qui vous plaise finir une à une dans les bras des autres. Dans le meilleur des cas, si je n'étais pas totalement ignoré, je finissais comme le bon pote. Mais quand vous n'avez aucune existence, aucune légitimité auprès des gens, vous vous contentez de ce que la vie veut bien vous offrir.
Ce discours est exactement le discours à ne pas tenir. Mais c'est ce que j'ai pensé pendant un très grand nombre d'années. Et j'ai fini par comprendre que si j'étais le souffre douleur, le seul qui était à blâmer ici, c'était moi.
Cela signifiait qu'il y avait dans mon attitude, mes paroles voir mes gestes quelque chose qui n'allait pas, qui n'était pas en phase avec le reste.
Même si c'est insupportable, injuste et gratuit, comprenez bien que tout est partie de quelque chose que vous avez fait ou dit. Et vous seul avez le pouvoir de changer votre image. Personne ne le fera pour vous.
J'ai donc compris que si je voulais améliorer mon image, je devais agir. J’étais le seul maitre de ce changement.
Et je me suis inscrit dans un club de foot. J'ai commencé à 14 ans. J'étais très en retard sur tout le monde, je ne savais pas faire une passe et j'allais intégrer l'équipe de tout ceux qui m'avaient fait la misère quelques années auparavant.
C'est la peur au ventre et les jambes tremblantes que je m'étais rendu à mon premier entrainement.
Mais il était vital que j'apprenne à sortir de ma zone de confort, que je me fasse violence et que j'apprenne ce qu'était la sociabilité, le travail en équipe, que je connaisse ce que ça fait d'appartenir à un groupe.
Comprenez bien une chose : beaucoup trop de monde s'intéresse à la séduction pour séduire la fille de ses rêves. Je ne critique pas cela, je suis probablement le plus grand rêveur qui existe sur cette terre. Mais si vous voulez une bonne assise pour votre game, sachez vous entourer avant toute chose des bonnes personnes et apprenez à sortir de votre zone de confort. Vivez des expériences que vous pourrez raconter par la suite. C'est la base. Vous en sortirez plus fort, à tous les niveaux.
Je ne vais pas vous mentir, tout ne s'est pas résolu en un jour. Ma première année de foot a été très difficile. Soyons honnête, j'étais nul.
Mais petit à petit, je me suis amélioré. En m'améliorant, j'ai gagné du crédit auprès de mes coéquipiers, puis leur sympathie.
Aujourd'hui (du moins quelques années avant que j'arrête par manque de temps), j'étais devenu pour la plupart bien meilleur qu'eux, parti dans des clubs plus "gros", joué à un niveau bien plus élevé, affronté des équipes bien plus importes (ASSE, OL, ...) et l'apothéose, j'étais capitaine et bien souvent meilleur buteur de mon équipe.
J'étais enfin accepté socialement.