Cas pratique. On imagine un mec en date avec une nana, disons que c'est leur 2e ou 3e date. Ils sortent d'une expo (passez à la cinémathèque française en ce moment, rétrospective très sympa sur Gus van Sant, fin de la parenthèse), et vont prendre sa voiture à lui pour se rendre dans un bar dans un autre quartier :
elle : c'est laquelle ta voiture ?
lui (sur le ton de l'humour) : celle avec la banquette qui se rabat, tu feras gaffe de pas la tâcher...
elle (en rigolant, réceptive) : t'es con
lui : Genre t'as jamais testé une banquette arrière ?
elle : si, une fois blablabla (ou "non, jamais, peur de se faire prendre blabla")
lui : c'est drôle que tu dises ça parce que blablabla *suite de la conversation sur le sexe dans les bagnoles*
même situation maintenant avec le gars en mode sérieux :
elle : c'est laquelle ta voiture ?
lui (très sérieux) : celle avec la banquette qui se rabat, tu feras gaffe de pas la tâcher...
elle : *rougit d'envie et/ou de gêne*
lui : selon qu'il perçoit de l'excitation ou de la gêne fait un pas en avant (ce qui se traduira 5 minutes plus tard par une partie de jambes en l'air sur le parking) ou un pas en arrière (ce qui se traduira souvent par un changement
subtil de sujet, ou un retour à la première situation.
Donc pour répondre à ta question, l'humour peut-il servir à sexualiser : oui, clairement, je ne crois pas qu'il y ait de débat là-dessus, le mec de la première situation devrait s'en sortir pas trop mal au final.
Mais la vraie question derrière ta question, c'est le problème des couilles. Peut-on (ou doit-on) assumer tous nos propos sexualisants, ou bien vaut-il mieux se cacher derrière l'humour ?
La différence entre le mec 1 et le mec 2 ci-dessus, c'est ce qu'ils sont capables ou non d'assumer comme propos, et cela dépend à parts plus ou moins égales de deux choses : leur personnalité ET leur expérience. La vraie question finalement, c'est celle du détachement. Dans le première situation, le mec a le sens de l'impro, un peu de répondant, mais pas suffisamment de détachement pour tenir ce genre de propos sur le mode sérieux. L'humour lui apporte donc le détachement qu'il lui manque en lui permettant de les dire sans avoir à les assumer pleinement.
Dans la situation n°2, le mec a suffisamment de détachement pour assumer pleinement ce qu'il dit ainsi que ce qui est susceptible d'en découler dans les minutes qui suivent. Il n'a donc pas besoin de se cacher ouvertement derrière l'humour. Tu remarqueras quand même que sa formulation reste "drôle" (mouaif on peut certainement faire mieux, mais c'est un début on va dire). Il prouve donc au passage qu'il a de l'humour, mais sans être obligé de se cacher derrière pour sexualiser. C'est exactement la même formule que pour le mec 1, seuls le ton et le BL varient. Et ils varient même du tout au tout.
Conclusions :
le mec 1 propose une sexualisation certes pas mauvaise, mais pas la plus musclée possible. En se planquant derrière l'humour, il ne prend pas de risque, mais annule toutes ces chances de coucher immédiatement dans la voiture (low risks, low rewards). C'est pas grave. Primo, c'était peut-être pas ce qu'il visait, deuxio ça l'empêchera pas de conclure plus tard dans la soirée si tout continue à bien se passer.
Le mec 2 propose une sexualisation beaucoup plus musclée, frontale. Si la fille assume ce qu'elle entend aussi bien qu'il assume ce qu'il dit, possible baise directe (high risks, high rewards). Cependant, le risque c'est justement que ça aille trop loin pour elle d'un seul coup et qu'il soit obligé de faire un step back quelques temps pour retemporiser.
Ce n'est pas grave , la calibration ça se gère bien avec l'habitude, et ce mec a l'habitude. Si il couche pas tout de suite, il rattrapera le coup (encore que... c'est mal dit, c'est même pas vraiment du rattrapage), et couchera plus tard. Le seul vrai gros risque, c'est de tenter un truc comme ça quand on est pas en phase avec ce qu'on dit, pas réellement capable d'assumer nos paroles. Là, de potentiellement excitant, ça devient creepy. Catastrophe assurée.
En résumé : l'humour pour sexualiser, oui, pourquoi pas, mais si vous avez suffisamment de détachement pour assumer ce que vous êtes en train de dire, vous n'êtes pas forcés de vous cacher entièrement derrière.
Enfin, un lien du projet chaos qui s'est arraché le cul pour traiter de ce sujet de manière quasi encyclopédique, à lire sans attendre (même si c'est long, la qualité ça prend du temps) pages 10 et 11 :
http://forum-seduction.artdeseduire....ratifs-10.html