Ma conviction intime est que les mecs dans le style de surprise apprécient, au fond, de se faire cracher dessus d'une certaine manière, de se prendre des dizaines de claques, sans jamais bouger un orteil. Ils ne peuvent en tout cas pas ne pas l'apprécier, car d'un point de vue cognitif et humain, c'est un non-sens ontologique. Ceci, aussi curieux que ça puisse nous paraître.
Le cerveau de ces mecs a décidé qu'ils étaient des grosses merdes (pourquoi, on ne sait pas, nous ne sommes pas qualifiés pour le savoir et le déterminer, si on ne peut le faire soi-même, il faut aller voir un thérapeute surprise), ils agissent donc en tant que grosses merdes, font valoir le fait qu'ils sont des grosses merdes auprès des autres, qui le leur font dès lors (logiquement) savoir, ils sont donc confortés dans leur statut de grosse merde, c'est donc que leur cerveau avait raison depuis le début, tout va bien, on peut continuer comme ça a toujours continué.
Pourquoi changer ? Le monde leur renvoie d'eux exactement la vision qu'ils entretiennent d'eux-mêmes, c'est confortable.
C'est assez fascinant de voir jusqu'où le cerveau humain peut en arriver pour parvenir à se convaincre que la vision qu'on a de soi-même et la vie qu'on mène sont les bonnes, les prouesses de déni, toute cette ingéniosité déployée pour masquer l'intensité de la dissonance cognitive entre ce que l'on est vraiment et ce que l'on pense être.
On en revient à tous ces mécanismes que déploie le cerveau pour se protéger lui-même de l'ampleur du mensonge qu'est notre vie, pour masquer l'abysse de l'estime de soi dévastée qui est la nôtre quand on est au fond du trou, je le sais maintenant, j'y ai été aussi pendant plus de 20 ans mais ai fini par en revenir. surprise, lui, est encore aux prises avec la chose à 33 ans : et c'est là qu'on en vient à une des questions que je me posais dernièrement, qui me fascine autant qu'elle me terrifie.
On sait que les gens ne changent qu'à partir du moment où la douleur chronique de leur situation faussement confortable (ici l'inaction de surprise)/la douleur de la somme des claques que l'Univers nous aura envoyées dans la gueule outrepasse un certain seuil de tolérance, au-delà duquel le prix de l'inaction devient trop élevé pour nous par rapport à ce que notre cerveau juge que l'action pourrait nous apporter (a.k.a le Saint Réveil Salvateur de nos couilles en somme).
Et c'est là que ça devient fascinant/terrifiant quelque part, car, le seuil de tolérance en question, à quel moment a-t-on une prise dessus en fait ? À aucun moment on ne détermine soi-même consciemment que l'on a assez souffert, car sinon ça veut dire qu'on pouvait le faire depuis le début et que l'on s'est sciemment mis dans cette situation, d'un point de vue cognitif ça n'est pas logique (à moins que).
Toujours est-il que ce seuil de tolérance semble prédéterminé, on ne le choisit pas, et certains, comme surprise, en ont visiblement un extrêmement élevé. Le mien l'était aussi mais visiblement moins que lui puisque j'ai fini par me réveiller, puis déterminer d'où provenaient tous ces blocages, ainsi qu'une méthode pour les désintégrer, à un âge moins avancé que lui.
Ce qu'il y a de terrifiant là -dedans c'est que, si ça se trouve, pour certains, ils ne se réveilleront jamais, ou perdront toute leur jeunesse, ou des années de vie, pas que dans le domaine des femmes d'ailleurs, dans l'image qu'ils ont d'eux, leurs blocages internes, leur limitations etc., chose qui peut nous faire nous demander à quel point l'on est maître ou non de son destin (si on voulait virer mystique, on pourrait presque en arriver à écrire qu'il y a les Appelés/les Élus, et les Perdus comme surprise l'est. Vous savez, comme ces Kokiris qui se perdent dans les Bois Perdus dans Zelda et finissent par devenir des Skull Kids).
Combien de temps pour éventuellement passer un jour et définitivement de Perdu à Élu, car il peut y avoir des rechutes, quoiqu'un Perdu qui passerait dans le camp des Élus en était en fait un depuis le début, simplement aura-t-il mis plus de temps que certains autres, et on ne se révèle à son propre statut d'Élu qu'à partir du moment où l'on a transcendé ses blocages, ses limitations internes, ses atavismes congénitaux, etc., après avoir erré dans le noir pendant trop de temps.
Mais combien ne sortent jamais réellement de la caverne de Platon (ou des Bois Perdus, c'est selon) dans ce domaine-ci ? Je suis convaincu que des mecs comme Surprise sur le forum ne s’en sortiront jamais. La nature, l'Univers, les a pourvu d'un seuil de tolérance à la douleur trop élevé pour leur propre salut. Pourquoi cette volonté de l'Univers, quel sort réserve-t-il réellement aux individus dans le genre de surprise, quelle est leur fonction au sein de la dynamique d'évolution de l'espèce (un exemple de ce qu'il ne faut pas être pour les autres, peut-être), pourquoi faire, pourquoi eux et pas un autre, quel nombre de contingences extérieures auront poussé à l'aboutissement d'un tel phénomène et avec quel degré, qu'est-ce qui relève de l'inné et de l'acquis là -dedans... Je ne sais pas.
Mais c'est assez fascinant. Et terrifiant. On désigne ordinairement un objet présentant simultanément ces deux attributs sous le terme de " sublime " : un ouragan, un tsunami, l'éruption d'un volcan. Ainsi es-tu sublime, surprise.
Une sublime surprise.
Comme le joli jouet en plastique issu d'une usine chinoise d'enfants exploités que renferme certainement ton avatar. Dommage que tu n'aies pas les ressources nécessaires pour ouvrir ce Kinder seul et faire éclore ton réel toi, ni ne les auras jamais je crois.
Fais-toi aider s'il te plaît.