[Oncle Barney]

Ce n'est pas à proprement parler un article cette fois ci, mais un entretien de psy. Je ne vais pas le remettre en entier - ce n'est pas l'intérêt - mais il y a des passages intéressants, qui portent sur le couple, et nos modes de fonctionnement avec l'autre, ce que j'appelle les facettes. L'éclairage du psy et ses réactions quant à des situations qu'on connait bien ici nous éclairent de manière différente.

Le pitch: une fille de 24 ans, kiné, qui n'arrive pas à se remettre de sa rupture.

Elle: J'avais 22 ans, mon copain aussi, je n'avais jamais connu de garçon avant lui. Ce qui m'a choquée, c'est la manière dont cela s'est terminé. Je rentrais d'un stage, il n'y avait jamais eu de problème entre nous, et le lendemain, il m'a annoncé que c'était fini sans e donner de vraies raisons. Il a prétendu qu'avec moi il ratait pleins de choses, alors qu'avec ses copains, ce n'était pas le cas.

Psy: La bande de copains comptait plus que vous deux.

E: Mais pendant notre relation, il disait le contraire. Ensuite, il m'a dit que c'était parce que je lui faisais souvent la tête. Je l'ai peut être poussé à bout, aussi...

P: De quelle manière?

E: Quand j'ai envie de faire quelque chose, je le fais. Si soudain j'ai envie d'aller à la mer et que j'ai cinq heures de route A/R, je le fais. Il avait peut être besoin de quelqu'un de plus calme.

P: Ce que vous dites, c'est que vous êtes un peu impulsive? Mais, par rapport à lui, êtes-vous restée "sage" pendant votre relation?

E: Plus ou moins. Mais je lui disais tout. Il m'est arrivé d'embrasser d'autres garçons à des soirées, mais je lui avouais tout de suite après. Le lui cacher aurait signifié que c'était important; je voulais lui montrer que ça ne l'était pas.

P: Comment réagissait il?

E: Plutôt bien. La 1ère fois, il m'a dit: "ce n'est pas grave". Quand cela s'est reproduit, il a toujours réagi moins vivement que je ne le craignais. Alors je me suis dit que ça allait, que ce n'était pas un problème.

P: Si vous voulez maintenir une relation à l'avenir, je crois qu'il faut que vous appreniez à vous taire. Cela ne le regardait pas, c'était votre affaire.

E: En fait je parle beaucoup, je confie beaucoup de choses à beaucoup de mode? A ma mère, à ma sœur, à plusieurs copines, je dis tout. J'aime bien avoir l'avis des gens.

[...]

P: Donc il y a des confidences graduées. Avec votre mère, vous dites ceci, avec votre soeur, un peu plus, avec vos copines, encore plus. Et avec votre ami?

E: C'était un peu tout à la fois. J'ail l'impression qu'avec les autres j'ai toujours su mettre les limites, mais pas avec lui. C'est peut être parce que c'était une relation nouvelle et que je ne savais pas comment me comporter. Maintenant que c'est fini, c'est pareil, je n'ai jamais eu d'ex copain avant lui, alors je ne sais pas comment on se conduit avec un ex.

P: Lui en voulez vous?

E: Non je ne suis pas du genre à détester? Lais je voudrais comprendre pourquoi il m'a quittée.

P: Je crois que, tout simplement, il a peur de s'engager; il est très jeune. Vous venez d'une famille aux valeurs stables, où l'honnêteté compte beaucoup, et du coup, cette "trahison" de votre ami vous a pas mal chahutée. Vous lui avez donné votre confiance et il n'a pas été loyal? C'est dur. Si vous parlez autant à votre mère, à votre soeur, c'est que l'on a mis en vous de la foi dans l'humain. Mais la confiance totale n'est pas toujours un bon ingrédient dans le couple.

E: L'autre est pourtant la personne avec qui l'on partage le plus de choses!

P: Oui, mais le lien du couple n'est pas un lien familial. Je pense que vous avez projeté sur votre ami ce que vous vivez en famille. Comme s'il en faisait partie. Mais ce n'est pas le cas. Il n'a pas vécu les mêmes choses que vous, il n'a pas été construit avec les mêmes valeurs. L'intimité avec un homme, ce n'est pas la même que l'intimité familiale. C'est un autre type de relation? J'ai l'impression que vous avez confondu.

E: C'est possible

P: Il a une certaine image de vous, et je crois qu'il faut être attentif à l'image qui plait à l'autre. Cela s'appelle la séduction. Or j'ai l'impression que vous le traitiez un peu en copain à qui on peut tout dire. Un partenaire n'est pas un copain.

E: Mais alors, pourquoi certains disent ils qu'il faut d'abord être amis pour ensuite constituer un couple?

P: Il faut, au préalable, avoir une relation, mais cela est encore autre chose. Pourquoi quelqu'un est il en couple à votre avis?

E: Parce que l'autre personne lui plait

P: Oui, mais pas seulement. L'effet qu'a l'autre sur soi fait qu'on se sent plus homme ou plus femme. Cela nous renforce dans notre identité sexuée. Quand vous racontez tout à votre ami, cela n'a pas d'effet de séduction, bien au contraire. Cela l'encombre. Si vous lui confiez que vous avez embrassé un autre garçon, cela ne va pas l'enthousiasmer par rapport à l'image qu'il a de vous et à celle qu'il attend que vous lui donniez de lui Ce n'est pas valorisant pour lui. Il va falloir que vous appreniez à bien distinguer les différents types de lien.

E: A quoi cela sert-il de vivre des choses si on ne peu pas les partager?

P: Devenir mature, c'est se constituer une intimité à soi, apprendre à préserver son propre domaine. C'est à dire ne pas forcément s'ouvrir. Je crois qu'il va falloir que vous puissiez vivre des choses et les assumer. Grandir, c'est assumer.

E: C'est à dire?

P: Si on a besoin de parler, on va voir un thérapeute. S'ils existent, c'est un peu pour cela. Imaginez que les gens se mettent à tout dire à tout le monde: la vie serait infernale! Il vous faut apprendre à garder les choses pour vous.

L'avis du psy: Elle est touchante dans son désarroi. La confiance dont elle témoigne face au monde, à sa famille, à ses amies, à son ami, la rend fragile. Grandir, c'est savoir préserver son domaine d'intimité, savoir s'ouvrir ou non en fonction des contextes? Un compagnon ou une compagne dans un couple ne peut être le réceptacle de tous nos émois. En particulier ceux du passé ancien ou récent concernant nos autres expériences sentimentales et surtout sexuelles. Le risque est grand que ces récits encombrants pour l'autre entraînent des conséquences fâcheuses sur la relation.

[Oncle Barney]

Ya beaucoup de choses à en retirer. Perso, ça m'a mis une baffe quant à mon fonctionnement actuel.
Et ça rejoint à la fin des discussions qu'on a eu ici.

Je vous laisse réagir.

[don Diego de la Vega]

Il y a des idées intéressantes, par exemple ça :

L'effet qu'a l'autre sur soi fait qu'on se sent plus homme ou plus femme. Cela nous renforce dans notre identité sexuée.

Et aussi la conclusion sur l'équilibre dans le couple (le triptyque lui, elle, eux).

[tron]

Je note qu'elle règle son problème juste en prenant conscience de sa responsabilité. Une fois la responsabilité comprise, alors il n'y a plus de raison de créer un blocage.

Il a une certaine image de vous, et je crois qu'il faut être attentif à l'image qui plait à l'autre. Cela s'appelle la séduction.

J'aime bien comme il défini la séduction

C'est le genre d'article qui sont des mines d'or, on peut le lire 5 fois et encore apprendre quelque chose. J'en veux tous les jours des comme ça.


[EDIT] D'ailleurs je viens de comprendre une autre différence entre sphère intime et autre sphère (familiale, amicale) auquel j'avais jamais vraiment pensé.