Bonjour à tous !
Je suis une fille, ça fait un moment que je lis ArtDeSeduire en mode fantôme et aujourd’hui j’avais envie de partager mon vécu avec vous. Donc je me suis inscrite, et sans plus tarder je vous livre une réflexion que j’ai écrite il y a quelques jours sur la relation libre (au sens libre sexuellement) que je vis actuellement. C’est assez long mais peut-être que ça intéressera des gens, j’espère juste poster dans la bonne section
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Je suis en relation libre
J’ai tapé ces mots dans Google par curiosité, pour voir comment d’autres vivaient ce que moi je vis au quotidien. Et je dois dire que j’ai été atterrée par le nombre de personnes qui non seulement ne comprennent pas le concept, mais le réprouvent fortement en en parlant de façon agressive et méprisante.
« C’est juste une excuse pour tromper son copain/sa copine la conscience tranquille »
« Dans ce cas-là autant être célibataire » et dans la même veine, si la personne concernée explique qu’elle aime très fort son compagnon/sa compagne : « Mais dans ce cas-là , autant être dans une relation de couple normale, non ? »
Je dois dire pour commencer que je n’ai jamais été jalouse. Je n’ai jamais vraiment compris l’exclusivité sexuelle. Je suis plutôt du genre à avoir BESOIN que mon copain ait une vie en dehors de moi, sinon j’étouffe et je finis par dépérir. De plus, j’ai vécu la première partie de ma vie sexuelle comme une contrainte désagréable. Je ressentais un blocage, j’aurais voulu être avide de sexe, et j’avais l’impression d’être frigide.
Je profite de ce passage pour un rapide aparté sur un effet secondaire pervers de la libération sexuelle (qui en soit est à mon avis une excellente chose, comprenez-moi bien). La vision déformée que j’avais du sexe était une chose merveilleuse dont je devais avoir envie pour être une femme épanouie à part entière. J’ai énormément complexé et culpabilisé de ne pas être insatiable sexuellement, pire de ressentir de l’ennuie et du malaise pendant mes rapports. J’ai mis du temps à accepter ce fait : je pouvais être une femme épanouie sans pour autant avoir une libido démesurée, et j’avais le droit de refuser de faire l’amour avec mon copain si je n’en avais pas envie. Ce n’était pas quelque chose que je lui devais, malgré toutes les conneries qu’on peut lire un peu partout sur le net.
Bref. Ce que je veux dire par là , c’est que je ne désire pas être en relation libre parce que je veux pouvoir « aller voir ailleurs ». À vrai dire, je n’ai jamais « trompé » l’un de mes copains, même quand ce n’était pas sérieux, même quand ça n’était pas prévu pour durer. Il m’est arrivé une seule fois d’avoir très envie de le faire, et en plus je comptais de toute manière me séparer de mon copain de l’époque. Mais je ne l’ai pas fait parce que je savais qu’il prendrait cela comme une trahison et que je ne voulais pas lui faire de mal.
En revanche, deux de mes ex m’ont avoué à la rupture avoir embrassé une autre fille. Ça m’a laissée complètement indifférente. Je suis convaincue que j’aurais eu la même réaction (absence de réaction) s’ils m’avaient annoncé qu’ils avaient couché avec. Peut-être l’ont-ils fait, peut-être ne voulaient-ils pas me l’avouer.
Parfois j’ai l’impression de débarquer d’une autre planète. Je ne vois pas la fidélité comme la plupart des gens de mon entourage. J’ai considéré pendant longtemps la sexualité comme une source de culpabilité et comme une obligation liée au couple, et je suis à présent dans l’extrême inverse : je refuse catégoriquement de me forcer. Même quand ça fait deux semaines que nous n’avons eu aucune relations sexuelles avec mon ami. Même quand lui-même est en forte demande, je ne cède pas. Et quand j’en parle avec lui, même s’il est clairement « en manque », il n’a pas non plus envie que je me force.
Et pour moi, l’exclusivité sexuelle est toxique parce qu’elle implique une obligation et que j’ai toujours vécu l’obligation sexuelle comme quelque chose de détestable (je précise que je ne parle pas ici de pratiques sexuelles mais bel et bien d’envie).
J’aimerais répondre aux gens qui pensent qu’une relation libre est simplement une façon de dire que l’on a des plans culs, ou de refuser d’être fidèle (et donc honnête, pour beaucoup de gens).
Une relation libre EST une relation de couple. Il y a bel et bien un couple, un foyer, des projets d’avenir, de l’amour, et une forme d’exclusivité. Pour vous faire comprendre la mesure de cet état de fait, je suis enceinte, et nous désirions cet enfant tous les deux. Et ça ne change rien à nos envies et à notre façon de vivre. Je ne me suis pas découverte une poussée de jalousie sous le coup des hormones. Si ça avait été le cas, en revanche, je lui en aurais parlé et il aurait arrêté de voir d’autres filles.
Parce que pour moi, l’honnêteté consiste à s’avouer ce que l’on ressent. Je n’ai jamais compris pourquoi la fidélité en elle-même était si importante aux yeux de tout le monde. Je dois dire que j’ai toujours ressenti le besoin de me suffire à moi-même. Et c’est naturellement que j’ai ressenti le besoin que ce soit également le cas de la personne avec qui j’étais.
Depuis que nous sommes en relation libre, je n’ai pas encore eu d’aventures avec d’autres hommes. Tout simplement parce que je n’en ai pas eu envie. Car être en relation libre ne signifie pas avoir un quota de plans culs à respecter, contrairement à ce que pensent un nombre impressionnant de personnes. Être en relation libre, c’est exactement ça, être libre de faire ce que l’on veut.
Mon homme a des besoins sexuels démesurés par rapport aux miens. Je ne comprends pas les discours du genre « S’il n’est pas capable de contrôler ses pulsions c’est qu’il ne t’aime pas vraiment ». Nier un problème n’a jamais aidé à le résoudre. Avoir des envies n’est pas quelque chose de honteux. Pas à mon sens en tout cas. De mon point de vue, les envies sexuelles sont des envies comme les autres. Les envies ont une intensité différente en fonction du contexte et des personnes avec qui on les partage.
Un argument contre la relation libre que je vois revenir souvent est la peur que notre moitié nous quitte pour l’une de ses autres conquêtes. Je crois pour ma part que si mon compagnon voulait me quitter, il l’aurait fait même si nous avions été dans une relation «normale». Et même si l’on considère que le sexe rapproche et que c’est prendre un risque que de le « laisser aller voir ailleurs », cette approche me dérange aussi. Parce que dans l’absolu, s’il en vient à partir effectivement avec quelqu’un d’autre, c’est que cette personne lui convient mieux. De quel droit l’empêcherais-je de rencontrer cette personne avec qui il désirera passer sa vie plus qu’avec moi ?
Je voudrais ajouter que je suis consciente d’avoir de la chance de ne pas être jalouse, parce que nous sommes élevés dans une société qui tourne autour de l’idée qu’un couple est exclusif sexuellement, que c’est ce qui est bien et que violer la règle de la fidélité est très mal. D’ailleurs mon compagnon a mis du temps avant d’accepter que nous passions en relation libre. Par contre je ne l’ai jamais forcé. Au tout début de notre relation, je lui en ai parlé comme d’une possibilité. Nous avons longuement discuté du sujet. Il m’a dit l’avoir déjà proposé à son ex et qu’elle avait catégoriquement refusé, voyant cela comme une trahison. Sur le principe, il comprenait tout à fait, mais en pratique, l’idée de m’imaginer coucher avec un autre homme le rendait malade.
Au long de notre relation, nous avons continué d’en parler de temps à autres. La plupart du temps c’est lui qui remettait la question sur le tapis, essayant d’analyser précisément ce qui lui posait problème. Je ne voulais pas le presser, et de plus je ne ressentais pas d’urgence. Comme je l’ai déjà dit, j’ai une libido en dessous de la normale (ou en tout cas c’est l’impression que j’ai).
Le matin où il est rentré et m’a dit : «*ma chérie, j’ai couché avec une fille*», je me suis sentie heureuse pour lui. Nous en étions à un moment de ma vie où je n’avais plus DU TOUT envie de sexe, et ce depuis plus d’un mois, malgré mon amour indiscutable pour lui. Il se sentait mal de cette abstinence depuis des semaines, et son malaise me rendait malheureuse moi aussi. Apprendre qu’il avait finalement « sauté le pas » (nous étions en relation libre depuis deux semaines mais il n’avait encore rien concrétisé) m’a fait, je crois, autant de bien qu’à lui. J’ai également été immensément soulagée de constater que, comme je l’avais soupçonné, ça ne me dérangeait vraiment pas. Je n’ai ressenti ni pincement au cœur, ni jalousie, ni tristesse. Seulement du soulagement pour lui.
Nous sommes très heureux comme ça, même si nous évitons de trop parler de cette facette de notre couple avec notre entourage. Trop de gens ont une vision déformée de ce type de relation.
Je ne comprends pas quand on me dit des choses comme : « Non mais je connaissais un couple, ils étaient en relation libre, et bien il l’a quittée pour une fille avec qui il couchait ! Tu vois bien que ça ne marche pas ! ». Je leur réponds en général que des tas de mecs et de nanas se quittent pour partir avec d’autres mecs et nanas avec qui ils ont couché, alors qu’ils n’étaient pas sensés être en relation libre. Et je ne me sers pas de ces exemples pour dire que « tu vois bien que ça ne marche pas, une relation classique ! ».
Chacun est différent. Certains couples exclusifs sont très heureux et passeront leur vie ensemble sans regret, et c’est la même choses pour certains couples libres. Et dans n’importe quel type de relation, oui, ça peut mal se passer. Ce n’est pas pour ça qu’une solution est meilleure que l’autre. Il faut juste être honnête avec soit-même et savoir ce qui nous convient. C'est en tout cas mon humble avis !