Après donc plusieurs expériences d’expatriation en Allemagne, j’en suis venue à la conclusion que l’étranger dans le pays doit s’adapter aux mœurs et usages afin de pouvoir mieux interagir et séduire. Le but n’est pas de devenir une copie conforme des autochtones, certes non, mais de connaître les erreurs à ne pas commettre en gardant ses atouts en main.
L’Allemagne :
Dans un premier temps je tiens à signaler que je vais évoquer ici des généralités. Il ne s’agit pas de recettes miracles qui fonctionneront avec tout le monde mais d’avoir certaines clés pour mieux appréhender et comprendre les différences qui existent entre allemands et français. Ces généralités, pour ma part, se basent sur des livres traitent des différences culturelles, de situations observées et de situations vécues. Par contre, vous n’aurez ici aussi qu’un unique avis féminin sur la question
Une connaissance théorique intéressante à connaître, et qui me semble essentielle, est la gestion du temps (Edward T.Hall). Pour faire court les français sont plus polychroniques, ou temps P, et les allemands monochroniques, ou temps M. Mais késako ? / !\ Attention ici je reprends dans les grandes lignes, y a des bouquins entiers dédiés au sujet si vous souhaitez approfondir / !\
Polychronique : Le temps est variable/modulable. Pour les cultures avec un temps P, ce sont davantage les relations et les interactions avec les personnes qui sont importantes que le temps. Ainsi les emplois du temps peuvent être bouleversés si de nouveaux éléments surviennent et les tâches ne sont pas clairement définies (faire différentes tâches à la fois, changer ses projets, etc).
Monochronique : A l’inverse, pour les personnes du temps M, le temps est un peu la donnée sur laquelle tout s’organise. Si on résumait cela serait « Le temps c’est de l’argent ». Donc le temps est découpé et les tâches sont réparties avec un emploi du temps bien défini. A l’inverse donc du temps P, c’est l’objet, le but qui prime et non pas les relations entre les personnes.
Vous allez me dire « C’est bien beau Delia, mais cela nous dit quoi exactement ? ». J’y viens. Voici donc quelques traits qui sont importants à connaître lors des relations ou de la séduction avec des allemands :
- Le temps est donc structuré :
o Donc draguer lors des cours ou du travail c’est un peu mort. Il y a de grandes chances pour, qu’au mieux, l’interaction soit au point mort et, qu’au pire, vous passiez pour quelqu’un de superficiel qui préfère draguer au lieu de travailler. Les marques d’affection dans ce contexte sont aussi bizarrement perçues. Là c’est davantage le vécu qui parle. Je n’ai jamais vu deux couples être dans les démonstrations d’affection lors du travail ou des cours et j’entends par là lors des pauses (pas de se rouler des galoches en plein cours d’éco non plus). La seule chose que j’ai vue étant tolérée est de se tenir par la main lors de ces moments. Cela donne le ton.
o A L’inverse, lorsqu’il y a des moments de fêtes, les allemands peuvent bien se lâcher. Parfois trop comparé à leurs comportements dans le travail. Et cela peut avoir des conséquences. Cà d vous avez un bon jeu de séduction avec un(e) allemand(e) lors d’une soirée, vous le (la) recroisait le lendemain et plus rien. Oui, cela arrive et assez souvent. Le moment de détente est passé et en plus les allemand(e)s sont assez timides dans la vie courante. La seule chose que je puisse recommander à ce niveau est de créer une bonne complicité avec sa cible avant qu’elle ne se soit un peu trop portée sur l’alcool.
Remarque : Souvent mecs et filles sont plutôt naturellement séparés lors des soirées. Les filles restent ente filles et les mecs entre mecs. Sauf si couples déjà formés.
- Langage :
o Comme les allemands sont donc tournés vers une organisation très structurée, le langage l’est aussi. C’est le but qui est important. Entre allemands on est donc assez directs si quelque chose ne plait pas. Pas de diplomatie à la française. Un « oui » est un « oui ». Cela en contradiction avec le « oui mais » français qui signifie qu’on va apporter des contre arguments. Dans ce sens là , les allemands ont beaucoup de mal avec l’ironie, le cynisme et autre. Côté expérience, je n’ai rencontré qu’un seul allemand qui faisait preuve de beaucoup d’ironie et de second degré. Donc les neg par exemple, ce n’est sans doute pas le meilleur moyen d’avoir des résultats ^^’
o Paradoxalement les allemands sont très pudiques sur certains sujets. Le sexe c’est assez tabou. Même entre filles, par exemple, je n’en ai jamais discuté et cela se sent que c’est un sujet qu’il ne vaut mieux pas aborder.
- Distinction des rôles :
o Mesdames qui souhaiteraient draguer de l’allemand, je sors mon petit panneau « STOP ». En Allemagne les rôles homme/femme sont très bien définis. Les femmes n’ont que peu de postes à grandes responsabilités dans les entreprises. De plus, la scolarité est possible seulement à partir de 6 ans et ils n’existent pas de maternelles comme en France. Ainsi la femme allemande doit souvent s’occuper des enfants. Et une forte pression sociale est exercée puisqu’il existe même une expression « Rabenmutter » (mère corbeau) qui désigne les « mauvaises » mères qui délaissent leurs enfants. La femme doit donc être la mère, la bonne épouse. L’homme doit être celui qui fort, travaille pour sa famille, le dominant en quelque sorte.
Pour en revenir au début donc, draguer un homme directement, c’est un peu du suicide social. L’étiquette « fille qui veut coucher » est facilement collée. Donc il faut bien souvent s’en tenir aux œillades et ne pas tenter d’approche avant d’avoir perçu des signaux qui nous invitent. Et quand bien même l'approche devra être très calme et laisser les clés du jeu à l'homme sinon il se pourrait qu'il se sente léser dans son rôle d'homme.
Messieurs, c’est donc à vous d’instaurer la séduction. Malheureusement, étant une femme et ayant été en expatriation seulement avec une autre française, mes conseils de séduction s’arrêteront là ^^’. Ce que j’ai pu néanmoins remarquer c’est que l’interaction peut se poursuivre très longtemps avant qu’il y ait une finalité (ndrl : en dehors des soirées où il peut y avoir des ONS en raison du côté décontracté même si cela reste très rare d’après mes observations). Il n’est vraiment pas rare que les personnes soient en contact plusieurs mois ou années avant qu’il y ait quelque chose. Apparemment la séduction allemande est très subtile. Mais tellement subtile que pour un étranger elle peut être très délicate à percevoir.
Par contre, de cette distinction des rôles, il s’avère que souvent c’est à l’homme de payer pour les sorties (bar, ciné, resto) si cette sortie entre dans la séduction. A nouveau on a là l’effet « homme dominant » qui doit subvenir aux besoins. Je n’ai pas dit de payer pour une sortie entre amis bien sûr. Il ne faut pas négliger cet aspect aussi lorsqu’on est une femme française car on peut vexer en insistant pour payer sa part.
Préjugés sur les français :
Mais que pensent en général les allemands des français ?
On plait. Notre accent est un atout incontestable et fait craquer. Il n’est pas rare d’entendre un allemand vous sortir quelques mots en français dès qu’il s’aperçoit de nos origines. On intrigue et suscite la curiosité en général.
On est considéré comme des séducteurs et provenant du pays de l’Amour. J’ai du mal à définir d’où cela vient précisément mais j’ai quelques pistes après avoir discuté avec les rares personnes qui ont bien voulu me répondre (sans avoir piqué un fard et dévié regard et conversation):
- Les français peuvent aborder plus facilement le thème du sexe. En tout cas c’est l’image qu’on véhicule et ce, par exemple, en sexualisant les conversations, en parlant entre amis de nos expériences, etc. Bref, c’est un sujet beaucoup moins tabou pour nous.
- Du point précédent, certaines expressions avec des mots français ont des connotations. Si le « French kiss » est célèbre, on peut également citer le « parisier » qui peut désigner le mec parisien mais aussi un préservatif. Une autre expression nous dote carrément d’une spécialité : « Ich kann französisch » signifie normalement « je peux parler français » mais aussi « je peux faire des fellations ». Une nouvelle fois cela renvoie à cette image sulfureuse que nous avons. Je me permets d’évoquer ces expressions car je les ai beaucoup entendues dès que les personnes apprenaient ma nationalité.
Cette image peut donc être un atout comme un handicap. On peut être perçus comme des êtres sensuels tout comme des personnes qui ne souhaitent que coucher. Le pire du pire étant d'être comme des filles faciles pour les françaises et des don juans ou des gays (désolée, c'est beaucoup revenu, d'après les mecs allemands, les mecs français sont gays ^^') pour les français. De plus, le fait d’être étranger fait que nous pouvons instaurer une certaine sorte de méfiance. Les allemands, comme d’autres cultures, ont déjà une image préétablie de ce que nous sommes. Ils peuvent donc se méfier car ils ne savent pas à quel point cette image correspond à la réalité mais également comment nous allons nous comporter. Il y a donc une sorte de fascination mélangée à cette méfiance.
Comment profiter de ses atouts? Je dirai qu'il faut jouer sur la séduction mais version soft, du côté imprévisible et de l'accent français. On peut aussi jouer sur des choses comme le french kiss (ndrl: les allemands ne sont pas très familiers et on peut avoir des surprises ^^').