[AutelDuLustre]

Bonsoir,

Je voulais vous faire part de mes sentiments que j'ai du mal à décrire mais que je vais tenter de révéler sans faux semblant.

Comme certains le savent peut-être, je suis dans une période de chomâge prolongé à la suite d'une formation et de stages pourtant très formateurs.
Voilà 10 mois que je suis sans emploi.

J'ai dû passer entre 15 et 18 entretiens dans environ 10 ou 12 boîtes. J'en ai encore un demain et un la semaine prochaine.
A chaque fois c'est la même chose. Mon profil est jugé "très intéressant" et je vois que c'est sincère (sur ce point du moins...) mais à chaque fois c'est NON. Je sais objectivement que ma candidature a une forte valeur puisque je suis même approché par des chasseurs de tête et je n'ai presque pas besoin de postuler (en ce moment, 75% de mes entretiens m'ont été proposés sans initiative de ma part).

J'en ai assez de cette hypocrisie, des sourires, de l'arbitraire, des gens qui n'osent pas dire la vérité en face en vous brossant dans le sens du poil. Je nourris donc de plus en plus une haine envers le monde.
Et je m'en veux car c'est être faible que de se laisser porter par un feu destructeur mais c'est comme ça.

J'en ai marre de la niaiserie ambiante, de la mendicité que représente l'entretien en lui-même, du manque de respect des recruteurs, etc.

J'ai marché tout à l'heure sous la pluie, j'ai même crié.

Je me sens prisonnier d'un système que je hais. Si je n'avais pas peur, si la société n'était pas une immense cage je serai déjà parti dans l'inconnu avec ma seule envie.

J'avais un rêve, travailler à l'étranger. Mais même dans les eldorados qu'on décrit je sens que je n'ai pas ma place.
Je sais que je travaille bien, que je fais mieux que les autres. Mais savoir que ma vie repose sur une heure d'hypocrisie me révulse.

J'aime la sagesse mais je ne supporte plu non plus les dogmes du développement personnel.

"Tu ne peux pas aimer les autres si tu ne t'aimes pas toi-même" (what the fuck ?!!)

Je vais être honnête : je ne supporte pas la médiocrité. Je ne peux pas accepter de vivre comme tout le monde.
Et pourtant je sais que, du fait de ma situation, je suis malheureusement plus bas que la plupart des gens.

Je me dis que les valeurs prônées par le développement personnel sont fausses. On nous dit d'être nous-mêmes mais en même temps d'être : ouvert, sociable, généreux, etc.
What the fuck ?!

Et si moi, dans mon for intérieur, je suis contre tout ça ? Pourquoi aurai-je une déviance psychologique simplement parce que je ne suis pas dans le cadre "normal" et bienpensant ?

Je ne déteste pas tout le monde mais j'en ai au mieux une opinion médiocre.

Je ne sais pas si je ne devrais pas accepter ce que je ressens et m'en foutre du qu'en dira-t-on et des valeurs "normales".

Ne sommes-nous pas des humains ? Pourquoi une émotion serait-elle négative ou positive ? Une émotion est neutre, c'est simplement un stimulus.
Après tout, qui nous prouve qu'une personne qui est contre la société n’est pas heureuse ?

Le conflit qu'il y a en moi entre mon envie d'être reconnu (adaptation) et mon attachement à mon identité différente (indépendance) n'a pas de fin.

J'ai beau appliquer les conseils, je sens qu'ils ne m'apportent rien.
C'est quand j'agis même parfois de façon contraire à ces derniers que je me sens le mieux. (exemple : envoyer péter violemment quelqu'un me stimule alors que la communication non violente me gonfle et me place dans une situation inconfortable).
Des fois je cède à une impulsion et ensuite je regrette. Mais d'un autre côté, cette impulsion "destructrice" me fait me sentir vivant. Du genre un acte "kamikaze"/"épique" en séduction.

[don Diego de la Vega]

C'est un combat de toi contre toi même.
Pour le reste ça viendra, et une fois que tu auras dépassé ce genre de moment merdique, tu verras que tu seras bien plus apaisé.

Je voies tout à fait ce que tu veux dire et ce que tu ressens vis à vis de cette étape de recrutement. Être jugé par un mec qui n'a aucune autorité naturelle pour le faire, ça craint (le système RH me laisse profondément perplexe sur sa vacuité...).

As tu essayé d'adopter des postures différentes ? Je pense que ça vaut le coup de faker certaines choses juste pendant une heure...

[soulisaur]

Mieux vaut miser sur l'intelligence sociale. Tu en comprends les rouages, tu peux davantage être "caméléon". Accepter les codes d'un travail, c'est accepter un cadre qui ne nous correspondra peut-être pas sur toute la ligne. Idem avec les codifications sociales: on ne pas les nier (sauf vivre en tant que marginal(e)). Rien ne t'empêche d'être libre de tes choix tout en payant des impôts!...choix de ton milieu, de tes amis, de tes relations, de ton mode de vie.

Plus on te fait confiance dans un job, société, plus tu accèdes à une certaine liberté de pensée et d'action.

Avant cela, surtout dans le milieu pro classique, tu dois adopter un profil coopérant et positif même si ce n'est pas tout à fait vrai à la base.
Selon ses compétences et les missions confiées, on peut devenir "créateur/trice" à son tour au fil du temps. Faire ses preuves.

L'étape du recrutement est complexe puisqu'il y a le choix (dépend des filières). Tes exigences, ton attitude, ce que tu émanes au moment de l'entretien peuvent faire douter le recruteur s'il a mieux sur sa liste.

Le positif c'est que ton profil est recherché. Il y a certainement d'autres raisons à ces refus en série. Parfois, c'est juste une attitude et une propension à amener sa vision perso sur des projets futurs...

[AutelDuLustre]

Bonsoir,

Merci d'avoir recadré la discussion sur le fond concret car c'est vrai que je suis parti dans les extrêmes qui ne représentent pas ma pensée 100% du temps (mes sentiments fluctuent beaucoup mais cela ne veut pas dire que je ne pense pas ce que j'ai dit).

J'essaie de progresser mais je reste dans le flou car les retours sincères, je crois que je n'en ai presque pas eus.
Je sais et je sens que c'est pas mal une affaire de relationnel, de "confort" pour reprendre les termes de la séduction.

J'essaie de faire des efforts mais ça bloque à un palier que je ne peux pas dépasser (peut-être mais ça prendrait des mois voire années...et évidemment je ne peux pas rester sans travail durant plusieurs années).
Déjà que dans les relations non professionnelles, mon intérêt envers l'autre est difficile à stimuler...mais alors envers un recruteur...

Je vais être honnête : je ne les vois pas comme des humains, à part quelques personnes mais c'est très rares. Ce n'est pas méchant, c'est juste la stricte réalité de ma pensée.
Je ne vois pas comment on peut considérer cela comme un vrai échange. Ce n'en est pas, soyons francs.
Je me force à entrer un peu dans la discussion (le pire moment pour moi : avant et après l'entretien quand on me raccompagne : blabla presque obligatoire). On m'a même qualifié d'"à l'aise".

J'ai même un intérêt sincère pour plusieurs offres (au moins 60% !!!).
Mais voilà, je bloque. Je progresse mais d'un autre côté je sens un blocage trop profond à un certain niveau.

Il y a des choses que l'on ne peut pas faker. En tous cas pas moi. La spontanéité se sent, de même que la "chaleur". Même si je suis capable de mentir frontalement sans qu'on soupçonne quoi que ce soit, le ressenti plus général est difficile à masquer.
Je ne sais pas si vous saisissez.
On m'a déjà dit "tu sais faire plein de choses complexes mais avec les basiques tu as du mal". Par exemple l'eye-contact, je le maintiens en continu car pour moi c'est naturel. Pourtant je vois que ça gêne. Et si je le baisse en faisant exprès, je sens que mon geste est raide et non naturel.

Par ailleurs, ma haine vient surtout du fait que l'on soit FAUX avec moi.
Voilà, s'il y a quelque chose que je DETESTE dans la vie c'est qu'on ne soit pas FRANC avec moi.

On a beau justifier ça par "la politesse, "ne pas heurter l'autre", etc., je prends très mal le mensonge.
En fait, j'ai été amené par exemple à finir un entretien où la personne m'a dit carrément que ça serait dur de trouve un projet qui colle à mon profil dans son département (ce qui est logique : je le savais moi-même mais je n'avais pas postulé donc...) et m'a dit qu'en gros il valait mieux que je continue.

C'est une des seules personnes qui a gagné mon respect.

De même, une sorte de coach m'a dit "donc vous n'êtes pas bon en entretien quoi". On a dit autour de moi qu'elle manquait de tact, etc. Personnellement, j'ai considéré ce constat simple et direct comme une bénédiction.

C'est en partie une chose qui me bloque et qui m'énerve. Ne pas être franc c'est me considérer comme une faible, comme une merde.
Ne pas être franc, c'est être lâche. Etre franc et direct c'est être humain, être un homme/une femme accomplie.
Et je ne veux pas être jugé par des gens comme ça e ne supporte pas que ces personnes soient "au dessus" de moi.

[soulisaur]

Je suis bien placée pour le savoir: attention à cette expression: être à l'aise.

C'est toujours agréable d'avoir une personne très à l'aise lors d'un entretien/stage. Selon l'âge et la qualification, cet aspect peut devenir un véritable opposant car le recruteur connaît par coeur ses clients ou des groupes de travail qui n'apprécieront pas toujours cette attitude "à l'aise" synonyme un peu de laxisme pour eux surtout lorsqu'on est nouveau.

Ces mêmes personnes attendent plutôt une tempérance dans le comportement.
Cela, tu ne peux pas trop le savoir en avance. Il vaut mieux se montrer modéré et faire mouche au bon moment, être à l'aise tout en entendant la critique jusqu'au bout. Ne pas essayer immédiatement de défendre son idée, son projet, ne serait-ce que par réactif.

Ce point, je le constate très souvent au moment des bilans: c'est dynamique mais l'attitude montre une personne qui peut écouter mais qui "n'entendra pas" vraiment.

J'ignore si c'est ton cas, j'ai encore eu l'ex il y a qq jours, je t'en fais part...

[Harv']

Tu m'as l'air un peu perdu en ce moment, tes pensées et tes jugements vont un peu dans tous les sens et disent parfois tout et son contraire.

Si tu ne considère pas les recruteurs comme des humains, alors ne t'étonne pas que le courant ne passe pas et qu'ils ne te considèrent pas comme un futur employé modèle.
L'entretien d'embauche RH c'est quoi au fond :
- un entretien technique ? Non, car ils ne connaissent généralement pas grand chose à la technique.
- un entretien sur ton parcours ? pas vraiment non plus, ils ont déjà lu ton cv.
En fait, ils cherchent surtout à voir si tu es quelqu'un qui va t'adapter dans leur entreprise, et c'est cette phase que tu loupes. Parce que tu trouves ça hypocrite, à tort ou à raison, et du coup tu dois être super fermé, froid ou autre chose lors des entretiens. Tu ne dois pas donner envie de te rappeler, c'est un peu comme avec les filles il faut apprendre à séduire le recruteur : certains le feront de manière innée, d'autres devront l'aquiérir.

Mais si ces codes ne te correspondent pas du tout, alors peut etre que le monde de l'entreprise n'est pas fait pour toi : c'est mon cas, c'est pas grave, y'a plein d'autres choses à faire que d'être un employé modèle.

Le dév perso, il te dit de comprendre le monde, de comprendre qui tu es et de trouver ta place.
Si tu es toujours à contre courant, tu vas t'épuiser. Tu dois accepter le monde dans lequel tu vis, comprendre son fonctionnement et voir ce que tu peux faire pour t'épanouir dedans. C'est pas en disant que tout le système est nul que tu vas arriver à être heureux.

Enfin c'est juste mon avis hein !

ps : n'hésite pas à demander au recruteur ce qui a fait pencher la balance en faveur d'un autre candidat ou ce qui t'a manqué pour le convaincre : si certains ne te diront pas par peur de te vexer, d'autres pourraient t'apprendre des choses intéressantes.

[xy01]

Quelle est ta formation?

[phantom_green]

Salut,

Pour faire part de mon expérience, à chaque fois que j'ai été embauché, c'est en ayant été naturel. Ce qui ne veut pas dire qu'à chaque fois que j'ai été naturel, j'ai été embauché... Mais pour le boulot où je suis actuellement, on m'a dit que le choix final entre moi et le dernier candidat s'est fait sur le fait que j'étais sincère et direct.

Toutes les entreprises où je sentais un malaise à cause de faux-semblants de la part des recruteurs, je les ai fuit. Jusqu'à refuser deux embauches alors même que je n'avais plus un kopeck en poche...

Le type de métier influe plus ou moins sur le monde des apparences. Si tu es dans le domaine commercial, il semble évident que les recruteurs préfèrent que tu saches sucer le poireau du client, plutôt que d'être intègre et honnête. C'est littéralement le cas puisque j'ai déjà vu un chef dire à ses commerciales "libre à vous de coucher ou pas, mais vous ramenez des contrats".

Quand un métier ne cadre pas avec ce que l'on est, il vaut mieux en changer le plus rapidement. Peut-être que ton truc c'est d'être ton propre patron, ou bien de travailler dans un autre domaine que ta formation initiale, ou que sais-je. Si ça n'est pas envisageable dans l'immédiat, tu peux toujours planifier ton objectif et te donner un peu de temps. ça te permettrait de relâcher la pression d'un premier job qui te plaît moyennement, et de le vivre comme un bref épisode.

Pour le fait d'être naturel et soi-même au quotidien, c'est pour moi la seule façon d'être heureux dans une vie. Mais paradoxalement, si on se laissait en permanence dicter par ses émotions, il ne faudrait pas plus de deux jours pour se retrouver à l'arrière d'un panier à salades. La réalité, c'est que notre humeur change souvent.

Car si par exemple à la moindre envie d'envoyer une beigne en travers de la tronche de son collègue on le faisait, ça serait un peu compliqué. A mes yeux, le développement personnel n'est pas une entrave à l'épanouissement et à être soi-même. Ce n'est pas non plus un ensemble de techniques moisies destinées à manipuler les autres(PNL, etc). C'est une philosophie en toile de fond, avec des principes que l'on peut utiliser pour se guider.

- La répétition est la mère des compétences
- La meilleure négociation est parfois de savoir partir sans se retourner
- On ne peut pas forcer les relations humaines

Etc etc etc...

Des préceptes qui semblent évidents mais qui n'ont de sens que si on les apprend et qu'on les expérimente au quotidien. Tout en ne marchant jamais sur sa personnalité et ses objectifs de vie. Le tout c'est de trouver les bonnes sources d'apprentissage.

[don Diego de la Vega]

Je peux me tromper, mais mon ressenti c'est que tu es assez anticonformiste de par ta recherche d'authenticité.
Et puisque toutes ces histoires d'entretien sont davantage une épreuve de docilité et de conformisme, naturellement ça bloque.

Ton avis ?

[Oncle Barney]

As tu fait des simulations d'entretien avec du personnel qualifié?
T'es tu fait aidé dans ta recherche? Si tu es cadre, il y a l'APEC.
Sinon, il y a nombre d'associations qui accompagnent les chômeurs, aussi professionnellement que personnellement. Tu as donc des solutions concrètes à ta situation.

Pour ce qui est de ta colère, il te faut la libérer. Gueule quand tu as envie de gueuler (loin des gens de préférence), défoule toi via une activité physique, et je t'encourage également à écrire sur une feuille de papier tout ce que tu ressens et penses de ce monde et de ces recruteurs. Ca doit sortir.