Eloignement, tourbillon dramatique et démotivation
Une lettre de rupture intervient après un an de relation, dont deux mois d'éloignement forcés.
Cet éloignement était physique, mais nous étions presque quotidiennement en contact par mails ou téléphone.
Nous étions tous les deux très pris pour des échéances concomitantes et similaires. Hélas, de son côté, tout ne s'est pas passé comme prévu.
Vous n'aurez pas les détails, mais sachez que ce fût pour elle une succession d'épreuves très difficiles impliquant souvent ses amis, et que le terme dramatique est loin d'être surfait.
Elle ne se confiait pas, et ce n'est que très difficilement que j'obtenais des informations en lui permettant de crever l'abcès.
Perplexe quant au contenu de ce mail, j'en donne lecture à une amie (et bien d'autres ensuite : bleu : moi, rose: l'amie)
« Qu’est-ce que tu en penses ? Franchement, c’est dommage, la meilleure jusqu’à présent, il n’y a pas de doutes… »
« Tu te fous de ma gueule ? C’est toi qui la plaques là… »
« Mais non relis mieux ! Bon ok, tu as peut-être raison d’une certaine façon, mais j’en peux plus de cette incertitude, certes elle a eu des moments difficiles, mais on a tellement régressé ces derniers mois, j’en ai marre, ça ne signifie plus rien… »
« Alors que tu me dis que tu ne veux pas spécialement la perdre… tu l’enjoins de te dire comment ça va se passer. Elle est obligée de prendre position, et elle prend la seule position qu’elle puisse prendre… »
« Pas la seule… Ce n’était pas un ultimatum, simplement la formulation de ce que je ressentais : un éloignement grandissant de part et d’autre.
Mais de toute évidence, c’est voué à l’échec si elle ne m’autorise pas à être là quand elle va mal, et elle n’est pas capable de réagir autrement. »
« Certaines femmes sont comme ça. Elle a juste besoin de temps… »
« Je lui laisse du temps, elle le refuse ! « Profite du moment présent, tu le mérites bien » c’est ce qu’elle marque là, noir sur blanc »
« « Mais je ne serai jamais loin et j’aurais toujours plaisir à avoir de tes nouvelles » te rétorque-t’elle aussi »
« Mais « ceci est donc bien un mail de rupture », on ne se voit tellement plus que même la fin est virtuelle… et obscure… »
« Vous comptez l’un pour l’autre et tu es à peine moins perdu qu’elle… »
« « J’ai peur de ne pas pouvoir ressentir la même chose que ce que tu pourrais développer », avoue qu’elle y va fort dans la conjecture vaseuse… »
« Tu sais que tout ce qu’elle a dû gérer, et qu’elle doit toujours mener à bien… c’est trop pour une seule femme, elle doit lâcher du leste sur d’autres points de sa vie, même les plus importants. »
« Je prêtais mes épaules pour porter ce fardeau à deux ! Elle l’a refusé, Madame, trop fière pour devoir dépendre de quelqu’un, c’est la base d’un couple pourtant. »
« Tu n’as pas arrêté de lui dire qu’au fond vous n’avez jamais été un couple ! »
« Et pour cause ! Comment veux-tu construire quelque chose avec quelqu’un qui n’est capable de te dire ce qui la travaille que lorsque tu es obligé de faire preuve de tant de subtilités pour la pousser dans ces derniers retranchements, que réveiller ce dragon prêt à hurler son dégoût pour l’injustice n’est possible que lors d’une phrase faussement maladroite… »
« Elle n’est définitivement pas comme les autres… »
« Et c’est pour ça que ça a duré aussi longtemps malgré le contexte… le problème c’est qu’on n’en sort plus de cette situation… Sortir avec Mère Thérésa n’a jamais été le fantasme de qui que ce soit. »
« Elle est plutôt carrément sexy pour une mère Thérésa »
« Et aussi brillante, drôle, elle a un grain de folie en plus sans avoir de case en moins, et ce caractère indomptable m’a toujours fait tellement d’effet… »
« C’est donc con d’en arriver là »
« Qu’est-ce que je dois faire alors selon toi ? J’aimerais troquer cette situation merdique contre une tabula rasa, faire revivre ce sentiment qui me donnait l’impression que ma main ne finissait qu’à l’extrémité de son corps quand je la faisais gracieusement tournoyer et que ses yeux de glace accrochaient mon regard brûlant de désir… mais ce n’est toujours pas le bon moment… »
« Tu ne peux pas attendre que tout se règle dans sa vie et revenir avec un ton léger comme tu le fais d’habitude ? »
« Une fois que la crise qu’elle gère sera passée, il y aura d’autres drames, tu le sais, elle le sait, et il n’y a que la principale intéressée du jour qui n’est pas au courant que sa vie va continuer à se déliter sous nos yeux, progressivement parce qu’il y a une bonne âme qui cherche à la préserver d’une journée qui pousse sérieusement vers le suicide.
Tu penses vraiment que notre couple sortira de cette spirale de crises qui ne nous concernent pas ? Elle s’est impliquée dans trop de choses, et son choix de ne pas s’investir dans son couple est désormais bien clair. »
« Mais peut-être pas définitif ? »
Sur sa recommandation, j’écrivais un mail en réponse à ce « mail de rupture » que les femmes qualifiaient de : « mais c’est évident qu’elle veut juste dire l’inverse de ce qu’elle écrit », et que les hommes interprétaient comme « y a 90% de chances qu’elle ait trouvé un autre mec, mate la serveuse, fonce ! ».
La première version de ce mail indiquait que je prenais acte de la rupture, la troisième version (oui c’est une femme qui a relu et conseillé) indiquait que je serais présent quand elle le désirait, et que je serais heureux de reconstruire un jour ce qu’un éloignement forcé de deux mois pour des raisons professionnelles mutuelles avait détruit.
Ceci étant noyé dans un fatras de descriptions de mes nouveaux projets et de ma reprise de vie sociale après une période de travail très intense.
Je concluais que la page n’était pas tournée, et qu’elle ne devait pas sombrer dans le négativisme en dépit de toutes les horreurs qu’elle avait eues à subir ces dernières semaines.
Il n’y eut pas de réponse.
Aujourd’hui, jour important pour elle, je lui envoie un message de soutien, elle répond immédiatement en me donnant de détails et en me remerciant.
Pour une autre, j’aurais tourné cette fameuse page. Mais elle vaut la peine de faire un effort.
Comment géreriez-vous la situation ?
Dernière modification par Disraeli ; 15/06/2011 à 03h06
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