Démarrer relation avec personne en deuil
 

Bonjour à tous,

Je m'exprime aujourd'hui ici car je suis un peu dépassée... Peut être certain(e)s ont vécu la même chose.
Il y a environ un mois j'ai commencé à fréquenter un mec qui a perdu sa copine, décédée d'une maladie, il y a 3 ans, hormis une histoire de très courte durée, je suis réellement la première nana avec qui il se ré-investit, avec qui il couche etc depuis. On a une bonne complicité, il est très doux et souvent très aimant, en fait ça pourrait être limite une relation de film de cinéma. On fait plein de choses et un lien s'est très vite tissé.

Mais il est sous médoc pour troubles psy suite à ce choc, il m'a pas expliqué quoi clairement, juste ses médocs et c'est très difficile pour lui d'extérioriser (je tiens à préciser que ses "troubles" ne le rendent pas dangereux ou agressif), ainsi que se visualiser dans un avenir même proche. On n'a jamais vraiment abordé le sujet "sentiments, que ressent l'autre" etc. Je sais juste que je lui manque quand je ne suis pas là.

Au début il était très attentionné (répondre rapidement et se parler tous les jours...) etc. Plus ça va, plus des fois je peux passer 4 jours sans nouvelles même si je lui envoie un message, ça n’empêche pas que tout va très bien quand on se voit.
Je ne sais pas trop comment me comporter avec lui. Je veux lui laisser le temps et ne pas mettre de pression. Ma question est juste si quelqu'un a déjà vécu ceci, ou du moins est ce que cette prise de distance qu'il a parfois semble anormal, annonciateur d'un mauvais signe?



Je vous remercie.

Salut Mathou et bienvenue sur le forum

Avant toute chose pour ta première intervention, tu dois aller te présenter dans cette section du forum. Cela te permettra ensuite de revenir ici pour échanger avec ceux qui t'ont répondu, c'est le fonctionnement de ce site.

Pour commencer à t'aiguiller sur ton SOS, je te pose la question suivante: quel problème concret rencontres tu dans cette relation?

Je ne voudrais pas que ma remarque paraisse déplacée ou donner l'impression de jouer sur les mots, mais même si la disparition d'un proche est un événement qui peut marquer et laisser des séquelles à vie, et que la durée du deuil peut varier d'un individu à l'autre, après 3 ans il faudrait avoir terminé cette phase de deuil.

Je pense que tu fais bien en ne lui mettant pas la pression, reste juste à ses côtés et profitez des moments ensemble.

Espérons que cette nouvelle relation avec toi lui permettra de prendre de la distance avec ses médicaments (et avec son ancienne relation).

Bonjour,

Plusieurs choses. Que sa copine soit décédée à du en effet être un choc pour lui, choc auquel théoriquement il à du se préparer du fait de sa maladie.
Qu'il soit sous traitement anti-dépresseur léger et court afin que ce dernier lui fasse une béquille médicamenteuse pendant la première phase de son deuil est compréhensible.

Que ça dure en est une autre.

Une dépression est souvent sous-jacente, et il existe très certainement un terrain à risque "pré-choc".
Je ne vois pas en quoi en effet celà lui conférerait une quelconque dangerosité.

Il est suprenant qu'il continue à être sous traitement...

A moins qu'il ne soit sous traitement pour autre chose et qu'il se cache derrière ce choc. Il serait alors interessant de connaître les molécules prises (anti-psychotiques?). De plus, est il régulièrement suivi sur le plan psy?

Anti-dépresseur, anti-psychotiques, somnifères et un suivi psy régulier oui. Il n'a jamais tenté de le cacher, après cela peut surprendre car si on ne le sait pas on ne s'en douterai pas... Je pense qu'il a une très grosse part d'ombre en lui-même. Il n'a jamais expliqué de façon précise pourquoi tout ce traitement. Il a énormément de mal à dire les choses quand ça parle de lui ou de relation humaine.

Ce n'est pas spécifique à ta relation, c'est quelque chose d'assez courant.
Je te renvoie en ce sens à la question de Barney.

Tu as bien raison.
C'est à lui de sortir du buisson.
A part démontrer une capacité d'écoute, de patience et d'attention dans le quotidien, je ne pense pas qu'il y ai quoi que ce soit de particulier à faire.


Pas vécu.
Mais comme dit plus haut, rien qui semble anormal à première vue.
Cf question de Barney.

Voilà, tu as toi-même trouvé la bonne réponse :)

Ne voit pas en ses silences et ses besoins de distance un quelconque "signe" de quoique ce soit ! Au contraire, tu marques des points en respectant ça.

Il viendra de lui-même vers toi le jour où il voudra en parler, s'il souhaite en parler un jour. D'ici là pas d'inquiétude.

Salut Mathou !

Je viens vers toi en espérant t'apporter mon expérience personnelle, du point de vue de la personne qui a perdu son compagnon : en effet, malgré mon jeune âge, j'ai déjà vécu le décès de deux de mes hommes.

La première chose à savoir, c'est que le deuil n'est pas seulement propre à chacun, il est aussi propre à la situation : je n'ai pas vécu mes deux deuils de la même manieres, en raison d'une part de la différence de personnalité des personnes que j'ai perdu, et d'autre part du type de relation tissée. En effet, mon compagnon décédé en janvier 2016 ne voyait pas la mort comme une fatalité et ses convictions le portaient à ce qu'on continue sans le pleurer, ce qui a facilité l'épreuve et a permis un travail de deuil plus rapide. Je suppose donc qu'à l'inverse une personne qui avait une personnalité tendant à vouloir être regretter et pleurer peut faire "culpabiliser" l'endeuillé et le décourager à sortir du deuil de peur de trahir la mémoire du défunt.

Pour ce qui est de l'après, la façon d'envisager les nouvelles relations, la encore cela dépend des personnalité de chacun. Les débuts ont été difficile avec mon compagnon actuel, que j'ai rencontré seulement 3 mois après la mort du précédent : je pensais souvent à lui, je rêvais de lui, j'essayais d'imaginer ce qu'il aurait pensé de ma situation... mais c'est passé au bout de quelques mois, cela m'arrive beaucoup plus rarement maintenant.

En revanche, ce qui est toujours présent aussi fortement plus d'un an après, c'est l'angoisse, et plus précisément l'angoisse de l'attachement : Après avoir vécu la mort d'un compagnon, et plus encore de deux pour moi, j'ai toujours une peur panique de perdre l'actuel. Et dans nos débuts, cela s'est traduit par une chose : je me detachais volontairement lors de nos echanges virtuels, de peur de m'attacher et de souffrir d'une 3eme perte. Un comportement que je n'avais pas lors de nos rencontres physiques, parce que paradoxalement quand on a perdu quelqu'un, on connaît la valeur de certains moments et on en profite au maximum sans se poser de questions. Mais une fois seul, ça cogite sévère et l'angoisse remonte.

Et le comportement de ton compagnon, sa façon de créer des moments parfaits quand vous vous voyez mais d'être plus espacés dans ses réponses par sms me fait penser à cela.

Et là, c'est à lui de faire en sorte de démarrer un travail sur lui même, avec l'aide de quelqu'un si nécessaire, pour se détacher progressivement de l"angoisse de la perte qui peut mettre un frein et un froid à ses relations.

J'espère t'avoir aidée à comprendre ce qui peut potentiellement se passer dans la tête de ton compagnon.

Je vous laisse avec cette phrase qui m'a beaucoup aidé à relativiser de Houellebecq: « Je ne vois pas pourquoi on ferait un travail de deuil. On ne se console pas de la mort de quelqu'un qu'on aime. »

Bonjour à tous,

Merci pour vos réponses qui m'ont un peu apaisée.

Wing-hate, merci de m'avoir partagé ton expérience, et je suis vraiment désolée pour toi... ayant vécu plusieurs deuils (pas amoureux mais très douloureux quand même) je comprends tout à fait la logique de profiter du moment et d'angoisser aussi.
Ta réponse m'éclaire beaucoup aussi sur certaines de ses réactions.

Merci encore!