[AutelDuLustre]

Bonsoir,

Depuis plusieurs années, j'ai un problème qui m'empêche d'être synthétique et d'avoir un discours fluide.

Avant, je pensais que le problème venait de mon manque d'interactions sociales, de ma timidité ou de mon stress.
Mais en réalité j'ai l'impression que c'est mon cerveau qui est en cause car je n'ai pas vraiment de timidité dans mes présentations.

Je ne sais pas si vous avez eu ce problème mais voilà en gros ce que je ressens en parlant, par exemple si je veux présenter une expérience professionnelle. Même si je prépare mon discours et écrit ça me le fait !

- Quand je pense à mon expérience professionnelle, tout ce qu'il y a autour arrive à mon cerveau et du coup je dois prioriser l'information
- Si j'ai des notes, je déroule mais mon cerveau agit automatiquement comme si j'avais oublié un truc et du coup je me mets à sortir des "euh"
- Bref, au lieu de présenter de façon séquentielle, mon cerveau visualise la globalité de l'expérience et veut tout rendre

Donc en gros, c'est comme si plusieurs informations voulaient sortir de ma bouche en même temps. Si je lâche prise, mon discours est alors déconstruit. Il y a une logique mais elle n'est pas séquentielle.
Je dois donc faire des efforts pour ne pas m'étaler et ça se ressent car je vais contre ma nature et j'hésite, réfléchit, etc.

Je serai donc plutôt "neuro-droitier". Voici la définition :

Le neuro-droitier, apprend en premier les généralités d’un nouveau sujet, puis s’intéresse aux détails après avoir trouvé une vision d’ensemble.
Il saisit rapidement de nouvelles idées, et peut agencer ensemble des concepts différents pour en faire un tout cohérent.
Il a une vision globale et traite les informations de manière parallèle, si bien que sa pensée apparaît parfois difficile à suivre car il a du mal à argumenter.
En lui laissant le temps, il peut impressionner par la nouveauté de sa pensée.
Suivre un plan pour rédiger lui est difficile, et il aurait tendance à partir dans toutes les directions.
Il a l’art de poser les questions pertinentes et il a toujours plusieurs projets en tête.
En sport, il perçoit d’emblée les capacités nécessaires et les met en œuvre de manière globale, en laissant peu de place à la pratique des détails.

Voilà en gros. Le problème est que mon métier - ingénieur - est plus compatible avec le fonctionnement "neuro-gaucher", i.e concis, synthétique.
En entretien, mes hésitations me sont souvent fatales alors que je sais parfaitement de quoi je parle.
J'ai toujours été le genre de mecs à faire 8 pages de dissertation, à faire un discours de 40 minutes au lieu de 20. J'avais de (très) bonnes notes mais en entreprise cette approche plus typée "chercheur" n'a pas l'air au goût du jour.

Je précise que j’émets quelques réserves par rapport à la validité scientifique de cette théorie simpliste (neuro-gaucher/neuro-droitier) mais elle a le mérite de bien présenter ma manière de fonctionner à 90%.

Je peux bien m'en sortir mais il me faut pas mal mobiliser mon cerveau et déborder du temps alloué.
Me présenter en 5 minutes est très difficile.

Ce fonctionnement déborde également sur d'autres sujets. J'ai toujours plein de choses en tête et ça me frustre car je ne peux pas penser à tout en même temps en profondeur. Je pense à plein d'activités, j'aime la nouveau. Donc une hyperactivité cérébrale peu structurée car j'ai l'impression que mon cerveau est tellement encombré d'idées qu'il n'a plus de "puissance de calcul" pour les structurer.
Avez-vous des astuces ?

[Harv']

Tu peux t'entrainer à être plus synthétique.

Par exemple tu lis un livre ou tu regardes un film, et tu résumes l'histoire en une page.
Quand tu as fini, tu recommences et tu la résumes en 10 lignes.
Puis tu recommences, en 3 lignes cette fois. Là tu ne pourras plus parler des détails, tu devras aller à l'essentiel.

Enfin tu vois l'idée, ça devrait t'entraîner à apprendre à synthétiser. On a tous en permanence des milliers d'informations qui arrivent à notre cerveau, à nous d'apprendre à trier ce qui est important et ce qui est secondaire.

Je ne crois pas à ce genre de théories toutes faites du genre "vous êtes comme ceci ou comme cela", car ça implique qu'on ne peut pas changer, alors qu'on peut vraiment si on le désire.

Je t'invite également à lire "le pouvoir du moment présent" de Tolle pour apprendre à faire taire ta petite voix intérieure.

[tron]

Pareil il faudrait que t'essayes d'être synthétique.

J'ai appris à être synthétique en essayant d'exprimer ma pensé avec un minimum de mot. Genre à cette époque si je faisais un long texte/article sur ads, j'enlevais toutes les tournures inutiles pour passer de 200 lignes à 60 lignes.
C'est une méthode qui a marché pour moi mais je sais pas si ça marchera pour toi, l'avantage c'est qu'on t'apprend à construire une réflexion sur un standard un minimum rigoureux.

Il y a un inconvénient mais surement un avantage si vraiment t'as une particularité cérébrale. Avoir une construction du langage différente ça voudrait dire avoir une construction de la pensée différente, c'est à dire que tu sera handicapé pour des choses banales mais que tu captera des choses en un claquement de doigt alors qu'un type banal le fera en une semaine ou un mois. On voit ça avec les surdoués par exemple qui ne sont pas plus intelligents mais qui ont juste une construction cérébrale différente.

[Lock]

Ayant une approche de pensée apparemment relativement similaire à la tienne, pour le discours, j'ai tendance à apprendre mes textes par coeur, parce que j'ai encore du mal à bien faire mes présentations orales (plus le stress qui me gène).

En revanche, pour l'histoire de la puissance de calcul, j'ai peut-être des trucs :
-Le soir avant de t'endormir, classer les souvenirs de ta journée, enlever le brouillard qui les entoure pour leur faire prendre moins de place.
-Te forcer dès que tu sens que tu es trop envahi -parce que pris dans des réflexions, ton environnement- à faire une pause, en te recentrant sur des choses comme ta respiration, pour couper un peu l'espèce de fatigue cérébrale que tu as, d'exténuation. de la musique relaxante (avec un rythme lent, peu de notes, pas de "surprises")et se forcer à laisser "glisser" ses pensées pendant un certain moment, ça peut être un autre indicateur (et essayer de fermer les yeux pour recevoir moins, aussi, mais bon, ça, ça peut être tendax ^^).

Sinon, situer dans ta tête tes pensées pour la présentation, et y aller petit à petit, tu sauras le temps que tu mets en ayant fait le "chemin" plusieurs fois (cf technique des lieux aka du palais mental).

[AutelDuLustre]

Merci à vous.

L'entraînement écrit c'est déjà fait ! En prépa, on faisait beaucoup de synthèses (en français ou en anglais). J'ai été en école d'ingénieur et de commerce et c'est pareil. J'avais même de TRES bonnes notes même si j'avais une approche très particulière de cet exercice par rapport aux autres...
En réalité, je suis capable d'organiser et de synthétiser les idées MAIS ce n'est pas du tout instantané.
Pour un oral "chronométré" c'est donc difficile. Pour le reste, c'est OK.

Parce que mon fonctionnement mental part de la multitude et finit par les catégories.
C'est un gros atout au travail MAIS paradoxalement pas en entretien. A moins de postuler en R&D où le nombre de postes est ridicule. Je dois donc être réaliste et m'adapter.
Je ne dépasse pas de beaucoup mais genre si on me dit "présente toi en 3 minutes", je vais le faire en 4 ou 4'30 ! Et pourtant je parle comme Speedy Gonzales.

Je me suis pas mal entraîné mais à moins d'apprendre par coeur comme Lock (ce qui n'est pas une bonne idée non plus en entretien, c'est OK en présentation scolaire mais pas en entretien), il y a plein de couacs.

Je ne crois pas à ce genre de théories toutes faites du genre "vous êtes comme ceci ou comme cela", car ça implique qu'on ne peut pas changer, alors qu'on peut vraiment si on le désire.

Je pense que c'est vrai et faux. On peut changer dans une large mesure mais je crois que certaines caractéristiques du corps ou du cerveau peuvent être notablement limitantes et des fois on dépense beaucoup d’énergie en allant contre sa nature.
Même si j'ai fait beaucoup de synthèses, ça ne correspond pas à mon cerveau et ça rend rarement hommage à ma pensée.

Avoir une construction du langage différente ça voudrait dire avoir une construction de la pensée différente, c'est à dire que tu sera handicapé pour des choses banales mais que tu captera des choses en un claquement de doigt alors qu'un type banal le fera en une semaine ou un mois. On voit ça avec les surdoués par exemple qui ne sont pas plus intelligents mais qui ont juste une construction cérébrale différente.

C'est à peu près ça. Je suis très adaptable et même si on me lâche sur un truc complètement nouveau, je comprends très vite et fait des liens rapides entre des "sciences" très différentes, ce qui est souvent salué par les autres qui sont étonnés par ma pensée "originale".

Merci pour les conseils aussi Lock. J'ai déjà essayé la méditation et c'est vrai que j'ai vite abandonné car je suis perfectionniste.
Je vais retenter.
Cela rejoint le livre de Harv' "Le pouvoir du moment présent" que j'ai lu mais que j'ai du mal à appliquer car j'ai l'impression de perdre du temps (ayant toujours envie de faire 36 000 trucs et donc n'en faisant aucun au final).

Je précise que je passe souvent le premier entretien (mais au second on me trouve souvent "indécis", plus "chercheur" que "consultant". Le hic est que le deuxième type d'emploi recrute, le premier non.
Et je ne suis pas vraiment "indécis" mais j'aime beaucoup de chose set je n'aime pas me limiter en décidant bien que je sois assertif avec les femmes.

Sinon j'ai pensé à une méthode qui semble un peu marcher (je demande des conseils et c'est moi qui en donne ) : c'est adapter mon discours à mon style de pensée. Je ne dépasse plus énormément le temps alloué tout en étant satisfait de mon discours.
C'est la méthode "entonnoir" qui est d'ailleurs appréciée SUR LE PAPIER mais rarement en vrai (difficile à appréhender sans schéma).
Pour les présentations en présentiel (car le problème pour moi est au téléphone), ce type de pensées devient TRES compréhensible quand on les illustre par des schémas. J'ai d'ailleurs l'impression d'être bien meilleur que la moyenne dans ce domaine.

[Helmut]

Je m'y reconnais entièrement. Point par point. On pourrait appeler ça par hyperbole une sorte de syndrome de Proust. Cherche pas sur internet je viens d'inventer ça par rapport à l'écrivain où ce trait est vraiment surreprésenté.
Pour moi il est impossible de résumer. J'ai toujours l'impression d'abroger, de renier une part essentielle de l'information. Y a aussi du perfectionnisme là-dedans je trouve.

Ca me rappelle mon premier travail universitaire où je devais sommairement résumer et analyser une oeuvre littéraire en quinze minutes. Je me suis retrouvé à parler d'histoire du français et ç'a duré plus de deux heures. Le prof ne m'a pas arrêté parce qu'il a quand même trouvé ça brillant, mais il a insisté sur le fait qu'avec ça je n'avais aucune chance de faire de l'enseignement (ce à quoi je me destine) et encore je suis en filière littéraire où on doit être beaucoup moins synthétique quand dans une filière scientifique (j'ai cru comprendre que tu étais ingénieur ?) donc j'imagine les problèmes que ça peut te poser.

Merci de m'avoir aiguiller sur cette histoire de neuro-droitier, franchement je connaissais pas.

Personnellement loin de faire ça un défaut je l'assume entièrement. N'empêche pour les moments où je dois me contrôler et être bref dans mon propos, je pense que y a beaucoup de choses qui m'ont aidé :

1) Ecouter des gens qui ont un propos bref et concis. Je parle d'une écoute attentive, je parle d'examiner un peu leur manière de penser leur discours. Tu as par exemple les conférences Tedx où les intervenants ont des chronomètres pour pas s'oublier et ça les amène vraiment à synthétiser très bien.

2) L'écriture. Etant en filière littéraire et beaucoup plus par passion, j'ai toujours entretenu un rythme d'écriture régulier. Que ça soit sur les matières que j'apprends ou même comme réflexion à ma propre vie, je ne déroge pas. Ca permet vraiment de retourner une idée dans tous les sens. Le but est d'écrire spontanément sans réflexion et sans fioriture afin de voir comment tu fonctionnes.

3) Un exercice sympa que j'ai vu ici depuis quelques jours : se parler devant une caméra. Je fais ça depuis quelque temps et ça m'aide vraiment à améliorer mon expressivité. Lorsque tu te regardes tu as vraiment un jugement objectif sur toi-même parce que bizarrement tu sens pas que c'est toi qui parle.

Je pense que le travail c'est plus un travail d'habitude qu'un travail d'organisation. Donc tout le tralala que tu fais avant ton discours ça va très peu t'aider, tu vas déborder et plonger dans d'autres sujets sans te situer.

Je pense aussi que c'est caractéristique de mon profil INTP : https://s-media-cache-ak0.pinimg.com...4618c35792.jpg (sympa comme image pour illustrer la situation ) peut-être que tu as un profil INTP ou du moins qui ne s'en situe pas loin.

[Rakos]

Je me retrouvais aussi un peu dans la descriptions, et comme helmut INTP ^^
Mais comme j'ai pas une voie pro encore, c'est plus avec le lycée et dans mes ex-relations social que je peux m'identifier a cette description.

Ceci dit, j'ai pas vraiment pencher sur la question.
Sa ma encore poser de problème, plutôt l'inverse, je trouve sa un peu marrant, enfin on trouvait sa marrant avec mes potes.

[AutelDuLustre]

Excellente l'analogie avec Proust, effectivement cela colle bien.
Je pense que je suis plutôt INTJ même si je suis presque E et parfois P. Je suis ANTJ (Ambiverti)

J'ai bien diminué le temps de mes présentations. Avant j'aimais les longs exposés mais plus en multipliant les preuves qu'en explorant de manière philosophique.
Merci pour tes conseils, je vais donc essayer de m'améliorer.

Moi justement je suis assez bon professeur et j'ai aidé pas mal de gens.
J'arrive à tenir les temps mais en me préparant bien.

Là je me suis entraîné à parler de moi. Après le problème est aussi que le stage que je présente est très complexe comme on me l'a souvent dit. Or au téléphone il est difficile de l'expliquer synthétiquement sans me tirer une balle dans le pied (i.e. sans passer à côté de beaucoup de compétences que j'ai acquises).

Je crois que je vais devoir multiplier les simulations tout en restant sincère. Car j'ai déjà eu de bons retours, au moins aux premiers entretiens.
Je vais aussi observer les bons parleurs. L'écriture, avant je la pratiquais beaucoup. Sur ce point c'est bon, c'est surtout ma capacité d'organisation instantanée qui pêche.

Demain j'ai un entretien téléphonique. Le poste m'intéresse mais pas l'endroit (Bahreïn, trop chaud...) donc je crois que je vais me laisser aller à mon style naturel et voir si ça passe. Je n'ai rien à perdre !

[Harv']

Je pense qu'il faut que tu apprennes justement à te laisser aller, à accepter que ton cerveau se mette en mode off de temps en temps pour apprécier ce qui se passe autour de toi, c'est là où la méditation ou la technique de faire attention à sa petite voix intérieure pour la faire taire pourrait t'aider à t'apaiser et à moins te perdre dans les méandres de tes pensées.

J'étais quelqu'un qui se posait énormément de questions, et qui du coup ne pouvait pas avoir une discussion normale avec les gens, étant donné que je me demandais en permanence "qu'est ce que serait la réponse idéale ? qu'est ce que l'autre va penser de ma réponse ? est ce que je vais être ridicule ?" et du coup ça m'empechait d'être vraiment présent et cohérent. C'est un peu différent de ton problème, mais peut etre pas tant que ça finalement, je pense que ça cogite trop dans ton cerveau au moment de dire l'essentiel, tu dois avoir une partie de toi qui t'empêche de le faire sereinement.

Je mets un gros +1 sur les conférences ted pour l'exemple, et sur le fait de se filmer. C'est des supers exercices, apprends par exemple à te présenter en 5 minutes (refais le jusqu'à y arriver), puis en 3 minutes (refais le jusqu'au succès), puis en 30 secondes.
A force de le faire, tu vas trouver des moyens (et ton cerveau aussi) pour aller à l'essentiel, et à zapper les parties superflues.

En plus, c'est tout bénef : c'est comme améliorer son storytelling finalement.

[tron]

Je vois que des solutions similaires ont déjà été dites mais je donne quand même la mienne. Perso j'ai appris à organiser mes paroles dans une organisation politique (trotskiste). On a tendance à bien réfléchir à ce qu'on va dire avant de parler devant une salle rempli de personnes qui ont étudié (vécu surtout) des sujets spécifiques pendant plus de 10 ans alors qu'on est là que depuis un an.

Peut-être que d'aller dans les séminaires qui te plaisent qu'ils soient littéraires, politiques, scientifiques et de réagir à la fin peut être un excellent exercice. Par contre cette solution demande à ce que le thème du séminaire plaise vraiment sinon tu vas juste apprendre à brasser de l'air.