[Wittmann]

Bonjour,

Je fais appel à vous car je souhaite comprendre le problème qui m'affecte, et trouver des solutions pour y répondre.

Ce problème? Il date de quelques années déjà, au moins depuis le lycée.

C'est une anxiété, voire une véritable souffrance qui se déclenche automatiquement lorsque, dans des situations sociales diverses, j'ai l'impression :
- de ne pas intéresser les autres, d'être en retrait d'une conversation, de ne pas "être dans le trip" (dans la rigolade collective par ex). Et ce, même lorsqu'il n'y a aucun enjeu à les intéresser, comme avec ma classe!
- de ne pas choisir librement le comportement que j'aimerais avoir : je me comporte pour faire plaisir aux autres, et j'agis uniquement dans le cadre qu'eux ont dessiné pour moi. C'est par exemple le cas lors de longs repas de famille (noël..) où en fait discuter avec les autres m'intéresse moins qu'aller me cultiver / travailler dans ma chambre

Derrière cette souffrance, il y a aussi le poids de traumatismes passés: exclusion, moqueries à l'école et au collège; impression d'être inadapté socialement (au collège et au lycée, on m'a souvent reproché des comportements sociaux impolis ou inadéquats); côté "sauvage", solitaire, dont j'avais honte jusqu'à récemment;
et, surtout, une tendance permanente à orienter mon comportement dans le seul but d'être approuvé et d'intéresser les autres.

Par ex, à cause de cela, j'ai connu une période de souffrance intérieure atroce, lorsque, une fille jolie étant folle amoureuse de moi, je me suis forcé à être pour elle le prince charmant dont elle rêvait... Je me suis refusé tout droit et toute indulgence (auto-culpabilisation intensive) en me piégeant dans une relation pas vraiment choisie.

Mais voilà, ces événements sont du passé; or, cette tension nerveuse est toujours présente, et même parfois très gênante et cause d'une forte souffrance. C'est incroyable qu'un repas de famille (ou une entrevue avec un pote...) puisse me mettre dans un état de tension nerveuse voire de souffrance intérieure ! C'est comme si je me sentais piégé de façon inacceptable comme auparavant, alors qu'il est normal dans les situations sociales de ne pas pouvoir faire n'importe quoi. Peut-être ai-je au fond une vision déformée et exigeante de la liberté...

Mes questions:

- Comment éloigner ce symptôme, cette anxiété-souffrance?

- Au-delà du symptôme, comment traiter ce problème de sensibilité excessive à l'égard des normes et des attentes des autres?

[Theros]

Salut Wittmann !

C'est déjà une bonne chose que t'aies identifié le problème, tu viens de faire 50% du chemin !

Et comme on dit, à chaque problème sa solution. Ce que tu ressens, beaucoup d'autres membres l'ont ressentis et ont réussi à s'en débarrasser pour finalement devenir épanoui. Donc avant de t'inquiéter, dis toi que tu n'as rien d'irréparable

Manifestement, tu as un énorme manque de confiance en toi. Tu ne t'affirmes pas, tu fais trop pour les autres, tu n'arrives pas à te retrouver dans tes relations avec les autres, et ça te bouffe.
Comme tu dis il faut que ça s'arrête, et pour ça il y pas 600 solutions, il faut que tu sois heureux avec toi-même !
Est-ce que tu sais exactement ce que tu aimerais améliorer chez toi ? Pas des trucs du style "être plus cool" mais des idées concrètes comme "je veux avoir un corps mieux dessiné".
Dresse-nous d'abord un portrait de l'homme que tu veux devenir, le genre de personne que tu veux être, qui te correspond, et pas qui correspond aux autres.

Parce que le développement personnel, c'est un cercle vertueux. C'est en travaillant sur toi même que tu deviendras heureux seul, et le confort que tu développeras, les autres le verront et tu seras naturellement mieux avec eux, et ainsi de suite

Si tu as des questions ou si tu veux juste en parler, n'hésites pas à me MP !

[AlexandreDeMacedoine]

Yo mec,

Alors je comprends ton problème, je l'ai un peu eu et je l'ai réglé malgré moi (enfin, maintenant j'ai l'excès inverse, je m'en fous du plaisir des autres) puisque j'ai été isolé pendant longtemps, du genre le mec solitaire qui restait seul dans la cour de récré. Au début je subissais et j'avais le même problème quand j'étais par mégarde dans un groupe mais j'ai dû m'adapter et assumer ma personnalité construite.

Il n'y a pas de secret : la confrontation.
Je pense que tu es devenu très sensible au jugement des autres et que tu as une peur générale de la perte (si je dis ça, alors je perdrais le groupe/la fille, etc.). Quand tu es un dans un groupe ou en famille, tu as peur que ton comportement soit mal jugé.
Si dans ton attitude, on voit que tu n'assumes pas, ce sera le cas. Si tu assumes, ce sera bien différent.

alors qu'il est normal dans les situations sociales de ne pas pouvoir faire n'importe quoi

Bien sûr qu'il est normal de ne pas dépasser la ligne...Mais tes règles à toi sont illusoires.

Il va falloir te prouver que tes règles n'existent pas. Quitter un groupe si l'on s'ennuie pour aller ailleurs, se taire sans culpabiliser dans un groupe, s'assoir seul, être dans son délire en s'en foutant.

Prépare des exercices graduels et tu verras que les limites que tu t'imposent n'existent pas. Je peux te dire que mon originalité m'a bien plus servi que ma prudence récemment et m'a même donné de la valeur. Je pensais que j'allais être bizarre mais ça n'a pas été le cas du tout...

Ne reste pas trop sur des questionnements, écris toi des exercices.

[Krush]

- Comment éloigner ce symptôme, cette anxiété-souffrance?

- Au-delà du symptôme, comment traiter ce problème de sensibilité excessive à l'égard des normes et des attentes des autres?

Tu peux commencer par acheter et lire "Imparfait libre et heureux". Tu as une faible estime de soi. Je pense que tu le sais déjà.

Lire cet article

Travailler tout ça avec un professionnel.

[Wittmann]

Merci! Chacune de vos réponses apporte des éléments intéressants.

Alexandre, tu as tout à fait raison, c'est en effet la pratique qui me pose le plus question!

Au niveau théorique, j'ai depuis un an pas mal avancé avec des lectures sur la séduction, Imparfaits libres et heureux, Le pouvoir du moment présent (Eckhart Tolle), les Laurent Gounelle...d'ailleurs jusqu'à faire une boulimie de développement personnel, lorsque j'ai eu l'illusion que l'adhésion à des principes théoriques (on vit sa vie pour soi, l'important est de vivre au présent...), puis que le retour de bâton de mon perfectionnisme m'a fait me sentir encore plus nul, parce que je n'avais pas réussi à changer ultra-rapidement...
Je ne prétends pas tout comprendre, c'est pour ça que je viens vous voir avec votre recul et vos expériences :-) mais ma culture en développement personnel commence à être solide, à défaut d'être appliquée...

Surtout que, dans mon cas, ce qui pose problème c'est que je suis empêtré dans ma soif de liberté: être capable de dire non, c'est bien et j'y arrive déjà pas trop mal. Mais si je n'arrive pas à supporter (intérieurement) le fait de me plier à des normes, d'être jugé, c'est que je ne suis pas libre dans ma tête...

Du coup, niveau exercices d'application, ça m'intéresse de savoir comment vous vous avez fait ou ce que vous me recommandez...


Krush, j'ai lu "Imparfait libre et heureux", très intéressant pour comprendre l'estime de soi mais un peu "éparpillé" et qui ne donne pas de méthode concrète.
A ton avis, quel type de professionnel correspond à ce problème? Ces temps-ci je consulte une fois par mois en "thérapie cognitive et comportementale", qui privilégie l'approche cognitive, avec une thérapeute-médecin.


Théros:
Ce que je souhaite améliorer? Au niveau social, je vois 2 choses:
- avoir une meilleure élocution (mieux articuler...) pour être plus à l'aise. C'est les exercices oraux que faisait mon frère rappeur ("les chaussettes de l'archiduchesse...") qui m'y font penser, même si à la base je n'ai pas de pb oral particulier à part une petite tendance à hacher.
- développer des capacités de leadership dans des groupes :
par ex, quand il y a une conversation de groupe, si je suis au centre de l'attention, je suis intimidé et j'ai tendance à vouloir me "débarrasser" de ce statut d'animateur du groupe en laissant quelqu'un d'autre assumer ce leadership. En quelques sortes, je préfère répondre à une idée émise, jouer dans le cadre dessiné par les autres, plutôt qu'en proposer un.

Au niveau de qui je veux devenir, j'ai quelques petites idées qui correspondent à la fois à ce que je suis déjà et celui que je pourrais être. Quelqu'un de:

- Pas forcément ultrasociable (j'apprécie beaucoup la culture intellectuelle et les moments pour moi), assez indépendant
- Mais qui soit à l'aise, ouvert aux autres quand il les rencontre (point problématique dans mon ressenti)
- Cultivé, partageant et échangeant sur des sujets intéressants
- Blagueur aussi, avec un humour "pertinent/ élaboré" (pas forcément intello ni complexe!) pour apporter de la légéreté (j'y arrive plutôt bien mais je n'ose pas assez et reste plutôt sérieux)
- Sûr de soi, capable d'être leader si c'est pertinent...(autre problème)
- Mais pas d'ostentation. Être leader d'un groupe n'est pas un but pour moi, être en retrait n'est pas un problème pour moi.
- Avec une vraie gentillesse / intelligence humaine, une capacité à comprendre les autres sans tout prendre contre lui...


Que faire à partir de tout ça?
Merci beaucoup à vous trois!

[Theros]

Ok alors t'as une idée assez précise de ce que tu veux améliorer chez toi, c'est bien

Maintenant, explique-nous ce que tu pourrais faire pour atteindre tous les objectifs dont tu nous as parlé.

[Wittmann]

Pour ce qui est de la qualité de l'élocution, demander à mon frère rappeur de me passer ses méthodes.

Pour le reste, j'ai pensé à des exercices façon "Dieu voyage toujours incognito" (Laurent Gounelle), où le héros se voit confier des tâches déjantées pour se libérer du regard des autres.
Ca peut être, genre une fois par jour:

- s'obliger, durant la pause d'un cours avec les camarades, à ne pas parler / ne pas intervenir sauf si on me pose une question.
En fait, j'ai même fait cet exercice aujourd'hui. Ca m'a semblé intéressant, pour apprendre à se contenter d'écouter sans se questionner fébrilement sur s'il faut participer à la conversation pour exister aux yeux des autres.

- tenter, à un autre moment lors d'une discussion d'amener quelqu'un à dire un mot. Dans le livre de Gounelle, le héros se voit mis au défi d'amener son directeur à prononcer le mot "marionnette" sans lui demander explicitement.
L'idée, est je pense, d'apprendre à orienter la conversation dans le sens qui nous intéresse nous. => leadership de conversation

- raconter, devant une petite assistance, une blague décidée à l'avance => s'exprimer plutôt que réagir à ce que disent les autres

- avoir un comportement gentiment "anormal / ridicule": venir avec Closer à Sciences Po, surfer sur Adopte alors que mes camarades (notamment filles) peuvent le voir...
=> assumer ce qu'on fait

- aller aborder une fille dans la rue en lui faisant un compliment sur ses vêtements, gratuitement et sans chercher à prendre de n°
=> aborder sans accorder d'importance au résultat. Peut-être plus tard dans mon "programme".

Qu'en pensez-vous? Autrement, de belles idées d'exercice?

[Theros]

J'aime beaucoup ces exercices, surtout celui qui consiste à aborder la fille. Tu ne te mets pas la pression vu qu'il n'y a pas d'enjeux, et en plus ça lui fera sa journée (je vais peut-être essayer aussi)

Tous ces petits exercices ont un point en commun : ils te forcent à agir comme tu le souhaites, en te détachant du regard des autres et de ta timidité. Je pense sincèrement que c'est la première étape du bonheur, parce que tu deviens clair avec toi même, tu fais ce qu'il te plait, quand ça te plait, et où ca te plait !

Bref, tu es sur la bonne voie. J'attends les retours de tous ces petits exercices !

[tron]

Est-ce que t'arrives à dégager ce qui ton désir dans tout ça? Je vois que t'es beaucoup trop effacé mais genre à jamais dire non? Ca peut être un premier bon exercice déjà.

[AlexandreDeMacedoine]

J'adore tes exercices man, je vais m'en inspirer.

J'ai aussi lu énormément et beaucoup pensé mais soyons honnêtes...lire n'apporte rien. Sur le terrain, il ne faut même pas penser aux théories, elles ressortent toutes seules dans nos actes si on en a bien saisi l'essence mis à part quelques conseils assez courts : objectiver, se recentrer sur l'instant présent, etc.

Je comprends bien ton problème de perfectionnisme car j'en souffre aussi. Je ne retiens que le négatif d'une situation et tout ce qui s'est bien passé disparaît de mon esprit. Je suis insatisfait sans arrêt.

Je pense que tu dois aussi travailler ta spontanéité et ta "folie" (dévoilement de l'originalité pour l'indépendance). As-tu pensé au théâtre d'improvisation ?
Tu dois aussi travailler ton indépendance : sortir du groupe pour aller ailleurs (autre groupe, une fille qui t'intéresse, etc.), etc.
Moi il y a deux semaines j'ai abordé plein de groupes, dansé en solo dans un cercle, etc.