[Wittmann]

Oui, c'est ça la difficulté, c'est que j'ai quand même une flexibilité, je ne suis pas qu'un intello contemplatif et sérieux. Il y a des moments où j'aime l'action, l'humour léger, la discussion pas très intello...
Du coup il faut que je respecte qui je suis, ce que je veux, mais sans m'enfermer dans une description rigide de moi, tout en pouvant m'adapter à mon interlocuteur, à ses goûts, à la complicité qu'il y a entre nous...
Je trouve que c'est une équation compliquée à équilibrer, car la frontière est un peu floue entre:
- s'adapter à l'ambiance de la soirée en fonction de qui on est, notre humeur, etc (donc sans chercher à jouer un rôle qui n'est pas le nôtre)
- adopter un comportement, un style de discussion, prendre part à un délire dans le seul but d'intéresser autrui (donc en cherchant à se créer une certaine image de soi)

En fait, c'est surtout la façon dont on voit les choses (est-ce mes peurs ou mes "désirs paisibles" que j'écoute?) qui change entre les deux comportements. J'ai l'impression qu'il faut de toute façon venir en acceptant : qui on est, notre état d'esprit, ce qu'on est prêt à faire, ce qu'on ne veut pas faire...et ensuite choisir ce qu'on fait en fonction de la soirée.

D'une certaine façon, faut être de toute façon honnête sur qui on est, notre état d'esprit ...plutôt que de chercher à être ce qu'on est pas pour plaire à l'autre. (je réfléchis à cette idée en même temps que je l'écris)


Quel est mon fond naturel...question complexe car il m'est impossible de m'enfermer dans des descriptions rigides, je suis capable d'apprécier un type d'activité / de discussion, et son contraire. Comme on est toujours obligé de renoncer à certains désirs premiers pour vivre en société, quel est alors le "vrai moi"?
Je dirais, de façon synthétique, que je suis plutôt introverti (préfère la solitude à la compagnie), contemplatif (préférer la réflexion à l'action), intellectuel, sérieux. Je préfère rester en retrait plutôt que de prendre la responsabilité d'une action. Un type d'activité qui peut me passionner, c'est...l'enquête, le fait de rechercher des informations, de me cultiver sur un domaine, pour comprendre la vérité...Les gens me décrivent rapidement comme "analytique" d'ailleurs. Certains semblaient penser que c'est un défaut. Mais moi, je me passionne pour cela. J'éprouve même du plaisir à décrypter, comprendre mes maux psychiques et la façon dont je fonctionne.

Ca c'est pour ma "personnalité majoritaire". De façon minoritaire, j'apprécie aussi tout le contraire de ce qui est noté précédemment: j'aime bien la compagnie des autres de temps en temps. Je n'aime pas toujours parler de choses intelligentes, et j'aime bien parfois rester dans une humour décontracté, léger. Je peux aussi apprécier de prendre des responsabilités sur une action, et d'agir en prenant des risques.
Je dis que cette personnalité est "minoritaire" car, quand mon humeur est difficile (triste, douloureuse...), elle disparaît: je n'ai pas envie de rigoler, je préfère m'isoler, parler de choses sérieuses, etc.
Quand mon humeur est favorable, là je suis plutôt flexible entre les deux types d'envies. J'aime alors à la fois parler de choses sérieuses, et être léger; j'aime m'isoler pour réfléchir, analyser, mais j'apprécie de voir mes amis pour des soirées cool.

[Leizar]

Je me reconnais également, quand j'étais très jeune j'étais un petit intello fragile physiquement, mais j'avais énormément de mal à m'intégrer dans un groupe car je n'avais quasiment jamais les mêmes goûts, les mêmes occupations, ni même le même avis que tout le monde, j'avais même développé très tôt un humour noir duquel je raffolais et qui mettait rapidement mon entourage mal à l'aise.

Jusqu'à la fin de mon adolescence je me suis conformé à un peu tous les cercles sociaux (intellos, weshs, rappeurs, geeks etc...), sans réellement trouver ma place.

Aujourd'hui ça s'est un peu calmé, mais c'est hors de question que je sacrifie ma personnalité pour devenir un peu plus "normal", quitte à m'entrainer, draguer, étudier seul, refuser d'aller à des soirées auxquelles je suis invité mais auxquelles j'ai pas envie d'y aller (mieux vaut être seul que mal accompagné n'est-ce pas?). Petite note amusante, mes professeurs me reprochaient en permanence de ne pas être attentif et d'être rêveur en cours, chose vraie, parce que la majorité de ce que j'ai appris dans ma vie aujourd'hui je l'ai fait en autodidacte.

Tant que tu respectes les autres tu n'as pas besoin de culpabiliser parce que tu es "toi" et tu fais ce qui "te" plait. Si tu assumes ce que tu es, tu seras également disposé à te faire respecter et admirer.

Si j'avais agi jusqu'à maintenant dans le simple but de plaire, je serai probablement dépressif à l'heure actuelle, voir suicidaire. La non approbation des autres est peut être un lourd fardeau, mais la non acceptation de soi-même est littéralement une torture pour moi.

Après ce que je viens de dire est à prendre à la légère, dans ta vie tu auras quand même besoin de te conformer un minimum si tu veux trouver un travail etc... Mais tant que tu respectes les autres, tu peux assumer l'entièreté de ta personne sans problème.

Pour ma part j'ai déjà pensé à l'armée, la réponse est non, je respecte énormément les militaires et leurs valeurs mais:

_Je déteste l'autorité.
_Je refuse de risquer ma vie pour les décisions prises par ma nation.
_Jamais, jamais je me couperai les cheveux bordel de merde!

[Oncle Barney]

Envoyé par Wittmann

Tout d'abord, je ne sais pas si j'ai vraiment envie. Après tout, il y a de nombreux moments où j'adore être seul. Me plonger dans un bon roman, poursuivre ma quête spirituelle, tout ça ça me plaît.

Une situation ne se pose que dans un contexte. Si tu viens de faire 3 chouilles avant, ya rien d'anormal à vouloir rester seul. Si tu n'as vu personne depuis 3 mois, là ya un gros problème. Après le rythme, c'est à toi de voir, de le sentir. Si t'as pas envie, n'y va pas. Point.

Après, ya le type de soirée en lui même. Déjà, est ce que les gens qui y sont te plaisent? Est ce que tu y as de bons amis, avec qui tu t'entends bien et avec qui tu peux déconner? C'est important. Sinon, pourquoi te forcer à voir des gens qui te saoulent?
De même, si ce sont des soirées où tout le monde finit totalement déchirer, où ça bédave dans tous les coins, quel intérêt à y aller? Ou tu préfères des soirées de jeux de société peut être? Qu'est ce que tu aimerais dans l'idéal?

Du reste, dans une soirée classique, il y a et aura toujours de l'alcool. Ce n'est pas un critère pertinent.

Sinon j'ai une question qui me vient: est ce que tu envies les gens à ces soirées?

Envoyé par Wittmann

A l'inverse, je suis pas trop fan des soirées alcoolisées pour "s'éclater", je suis + contemplatif/intello qu'hédoniste en quelques sortes.
Mes réticences s'expliquent aussi par des expériences douloureuses et prolongées où j'ai essayé de jouer un rôle, d'aller à des soirées "cool", de faire comme si j'étais cool...par peur profonde d'être anormale, de ne pas "profiter de ma vie" comme le font les autres jeunes, de me retrouver tout seul (alors que j'ai déjà assez souffert de ne pas avoir d'amis quand j'étais à l'école primaire)

Tu y vois une incompatibilité. J'y vois juste une manière d'être à ces soirées. Il y a toujours 2 ambiances: celle où ça danse et ça fait du bruit, et une autre où les gens sont posés (et fument malheureusement) et ont des conversations. Tu vas pas me dire que dans le 2ème cas, tu te sens en mode étranger?

Sinon, retiens bien ceci: ce n'est pas parce que tu as peur d'être seul que tu peux accepter n'importe quoi.
Moi je vois surtout un garçon qui ne voit pas toutes les possibilités de ce monde, toute la diversité de gens qui existe. Tu ne pourras jamais dire que tu n'as pas les occasions de ne pas être seul, à moins que tu habites dans un bled paumé. Les opportunités sont là, encore faut il que tu les vois.

Envoyé par Wittmann

1) Déjà, j'ai peur d'être jugé (et de pas être assez intéressant, assez "fun" et compatible avec l'ambiance détendue). Je suis quelqu'un de plutôt intello; j'ai déjà essayé de passer pour quelqu'un de "fun", le genre très sociable, à blaguer tout le temps et tout...et j'aime pas, ce n'est simplement pas moi.

Bon je t'arrête tout de suite. Tu l'expliques un peu plus loin. C'est ton état d'esprit qui te fait te réfugier dans le sérieux. Ok, t'as une tendance à être plutôt sérieux MAIS tu sais être un peu léger. C'est tout ce qu'on te demande! Ni plus, ni moins. Savoir dosé. Savoir surfer sur l'énergie du moment (c'est aussi de l'intelligence sociale). Mais vouloir confronter fatalement le sérieux au cool, elle est là ton impasse!

Envoyé par Wittmann

Si on part du principe que mon désir profond est d'avoir du plaisir, et d'éviter la douleur, alors je vais devoir éviter beaucoup de soirées entre amis (puisque celles-ci réveillent parfois des douleurs). Or je n'envisage pas ma vie comme étant le bonheur dans une cage. A un moment il faut bien se confronter à la difficulté des mondes, au jugement des autres, etc.

Se confronter, oui. Mais pas à n'importe quel prix, sous n'importe quelle condition! C'est à toi de fixer tes propres limites
A toi de dire: aujourd'hui, je bois un verre d'alcool léger/je discute quelques minutes avec des gars super cool donc différents de moi/je reste 2h/etc.

Retiens bien que la peur nous fait voir les choses sous 2 aspects seulement: le blanc ou le noir. Or la vie se trouve dans toutes les nuances de gris entre les 2. Je veux que tu t'entraines à voir la palette de possibilités qui s'offre à toi à chaque situation, pour voir celle qui te convient le mieux.

Envoyé par Wittmann

Xof, je n'ai jamais fait de test de QI. Je suis sûrement doué, peut-être pas exceptionnellement vu que le travail et la persévérance sont souvent pour beaucoup dans le talent. En tout cas, c'est clair que j'avais un décalage avec les autres quand j'étais enfant, et que j'en ai souffert. Ces dernières années, alors même que j'ai toujours eu assez d'amis sur qui compter, et que les gens m'aiment bien dans l'ensemble, j'ai toujours gardé au fond de moi l'idée que j'étais anormal (niveau loisirs, plaisir de la solitude, etc)...

Je suis pareil que toi à la base (la découverte du DP et de la communauté en moins à ton âge). D'ailleurs, je saurai la semaine prochaine si je suis officiellement surdoué!
Je t'encourage à lire "Je pense trop : Comment canaliser ce mental envahissant", ça te donnera certainement de nouvelles pistes.

Envoyé par Wittmann

Ca c'est pour ma "personnalité majoritaire". De façon minoritaire, j'apprécie aussi tout le contraire de ce qui est noté précédemment: j'aime bien la compagnie des autres de temps en temps. Je n'aime pas toujours parler de choses intelligentes, et j'aime bien parfois rester dans une humour décontracté, léger. Je peux aussi apprécier de prendre des responsabilités sur une action, et d'agir en prenant des risques.
Je dis que cette personnalité est "minoritaire" car, quand mon humeur est difficile (triste, douloureuse...), elle disparaît: je n'ai pas envie de rigoler, je préfère m'isoler, parler de choses sérieuses, etc.
Quand mon humeur est favorable, là je suis plutôt flexible entre les deux types d'envies. J'aime alors à la fois parler de choses sérieuses, et être léger; j'aime m'isoler pour réfléchir, analyser, mais j'apprécie de voir mes amis pour des soirées cool.

Tout est là mon garçon. On a tous plusieurs facettes, voilà pourquoi on ne peut être résumé à de simples qualificatifs.
Et c'est en jouant avec ces facettes selon les situations qu'on peut en extraire ce qu'il y a de mieux en nous.

Celui que tu es quand tu es heureux est bien une partie de toi, aussi importante que l'autre. Et cette partie de toi à besoin de s'exprimer. C'est elle qui t'empêche de rester en permanence seul chez toi. C'est elle qui a besoin de sociabiliser, d'être léger, de faire des trucs sans vraiment de raison. Car cette partie de toi sait que c'est aussi ça vivre!
Malheureusement, elle ne s'exprime que sous conditions. C'est sur cela que tu dois travailler. Car tu ne peux plus te cacher maintenant. Tu as ça en toi, tu sais aussi bien que les autres t'amuser. Plus d'excuses. Il te reste juste à couper les chaines de ton enfance qui te relie à tes peurs. Et je t'ai donné de quoi réfléchir à la question.

[Wittmann]

Xof ça ne m'étonne pas que tu m'évoques ce genre de métier si tu as fait l'armée, mais ça m'intrigue justement car, excuse moi de mes préjugés, l'armée a pas l'air très accueillante pour les "intellos" ou contemplatifs. Quelle est ton expérience là-dessus?

Pour ma part, je n'ai jamais envisagé l'armée, je m'oriente plutôt vers le domaine de la gestion des entreprises, particulièrement les entreprises sociales et les associations.


Ton témoignage est intéressant Leizar, t'as eu le courage, ou la lucidité, de considérer que le problème ne venait pas de toi qui était pas assez adapté, mais des groupes.
Et t'as tout à fait raison sur le côté destructeur de renoncer à soi: j'ai l'impression que mes années à essayer d'entrer dans le moule, même quand je me sentais pas bien dans un groupe ou avait l'impression de jouer un rôle, ont été très très coûteux émotionnellement. Hier encore, j'ai ressenti, à l'occasion d'une soirée, cette espèce de douleur intérieure, comme si je ne voulais plus avoir le moindre contact social tant j'en avais marre de devoir jouer un rôle.


En fait Barney, paradoxalement, objectivement j'ai une vie assez cool, réussi mes études, voit mes amis au moins une fois par semaine en soirée et souvent plus. Et j'ai une certaine idée des soirées qui me plaisent: plutôt calmes, jeu de société pourquoi pas, ou alors un film, un laser game...
Tu as sûrement raison sur le fait que depuis longtemps je me suis mis trop de barrières et ai eu peur de quitter des groupes de copains où l'ambiance ne me convenait pas.

Je n'envie pas vraiment mes amis aux soirées. Ils ont leurs propres faiblesses, certains sont plus timides que moi et tous ont une fragilité qui les rend humain, qui fait aussi que je les apprécie. Il m'arrive souvent d'être envieux des autres en général, mais pas trop de mes amis.

Quant à l'alcool, aujourd'hui je n'ai plus vraiment de problème avec (pour boire quelques verres, voire tester un peu ses limites), mais avant j'avais une sorte d'énorme méfiance contre ça. Je crois que ça symbolisait pour moi à la fois le chaos que je désapprouve (quand les gens vomissent...), mais aussi le fait que les autres s'amusaient entre jeunes alors que moi j'étais "coincé" (donc ça m'excluait). Après, ça doit être un peu de famille, je sais que ma mère s'en méfie aussi.

Concernant ma facette "détendue", toute la complexité de l'affaire est qu'avec mon passé, j'ai du mal à être détendu si c'est pour...m'adapter aux autres. Cela réactive la souffrance de devoir jouer un rôle.
Il m'est arrivé il y a quelques années de trouver tout à coup un groupe avec lequel j'avais une entente énorme. Je séduisais les filles, blaguait bien, créait des complicités...
Et pourtant à l'intérieur, mon stress était un calvaire, je me mettais la pression pour continuer à avoir cette attitude ouverte et cool, car sinon on allait se désintéresser de moi.

Bref, ma priorité en ce moment est donc plutôt de ne plus cacher mon humeur du jour (je ne parle pas de l'étaler, il y a les confidents pour ça^^), quitte à être parfois mal compris. Voire à aller moins aux soirées, en ce moment je suis beaucoup plus intéressé par ma recherche personnelle et spirituelle.
Pour la sociabilité et la légéreté, je pense que ce sera plus à travailler après cela.

[Oncle Barney]

La réponse, tu la trouveras en comprenant mieux tes émotions et tes ressentis. Tu dois pouvoir faire la différence entre ce qui vient du coeur et de ce qui vient de l'extérieur, soit la différence entre "je veux" ou "je désire" et "je dois" ou "il faut que".