Bonjour à tous,
J'ai adoré l'article que tu viens de partager Sélim, je ne connaissais pas cette auteure, et elle fait du bien au moral.
Bon, du coup je m'excuse auprès de Ted69 que j'ai ennuyé en ouvrant un double de ce débat déjà fort bien chargé, comme à l'habitude d'ADS (c'est dingue comme certaines choses ne changent pas avec les années
), et je me suis farci les 19 pages en lisant chacune de vos réponses.
Déjà , je trouve qu'il n'y a pas eu des pages "vides" ou inutiles : vous lire m'a rassuré sur ce que je ressentais, et je pense que c'est le but de beaucoup ici en participant à cette discussion, se rassurer. En plus, il y a eu de la richesse dans les arguments, certains ont même rebondis de contre-argumentation à une autre : on est dans un vrai débat, pas une discussion de comptoir messieurs, et ça fait plaisir.
Comme il y a de l'émotion, de l'inquiétude, de la frustration, de la colère, et de la blessure, forcément avec un tel sujet qui touche une nouvelle fois les dynamiques des interactions homme/femme jusque dans les éventuels projets de loi, normal que la communauté des (apprentis) PUA soit bouleversée, et que les échanges soient vifs.
Citation:
IL EST VRAI QUE LE SUJET PRINCIPAL, C'est le harcèlement de rue et le projet de loi qui va avec.
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Mais comme tout un chacun ici, je vais partir sur des thématiques importantes qui y sont liées et vais essayer de ne pas faire de digressions/ hors-sujet.
1 - Premier point : La sur-médiatisation
La surmédiatisation de ces sujets, avec les mauvais mots des journalistes, ne font que renforcer les clivages sociaux. Et pour cela, je rejoins ceux qui ont dit "diviser pour mieux régner, c'est ce qu'ils sont en train de faire".
Des injustices, des combats à mener, des choses à changer, comme la maltraitance animale, la faim dans le monde, les déchets nucléaires dans la Manche, les armes chimiques, l'accès à l'éducation.... Il y en a à la pelle dans ce monde, des très urgentes à régler.
La condition de la femme dans la société en est une, mais les excès journalistiques détournent notre attention, altèrent le débat, déforment les propos et blablatent 24/24 sans surveiller ce qu'ils disent ou rajoutent de l'huile sur le feu des tensions pour qu'on se batte entre nous, car c'est un sujet qui, contrairement aux déchets nucléaires par exemple, crée forcément une polémique . (Ceux qui ont lu Sun Tzu savent de quoi je parle)
"Un peuple occupé à s'entretuer ne s'occupe pas des menaces qui planent sur lui"
2 - Second point : Marre.
On en a marre, nous les hommes civilisés, les gentlemans, ceux qui ont été élevé dans le respect de la femme et à qui on a rabâché Mai 68 depuis toujours, d'entendre nos belles femmes, fortes et affirmées, plus libérées que jamais dans l'histoire, dire encore que les hommes sont des porcs, des merdes, des harceleurs, ou encore justifier certains de leurs mauvais comportements en disant que les hommes sont pires.
Nous en avons marre, car nous sommes rangés dans l'étiquette "des hommes", et que bien qu'on ne se reconnaisse pas dans certains types de conduite déplacées, ni dans les crimes qui sont commis par des hommes ignobles, on se sente tout de même visé du fait de cette étiquette qui nous englobe tous dans un même sac.
Car oui, si la misogynie existe avec tous ses débordements, la misandrie aussi.
Du fait que l'on vive dans une société qui idéalise la femme en s'en servant d'outil neuro-marketing, en la rendant toujours plus toute-puissante dans la fiction, la publicité, la consommation au détriment d'un homme qui doit être de plus en plus soumis, force est de constater qu'il est difficile de voir un combat pour l'égalité des sexes, et facile de penser que la société cherche plutôt à inverser la balance de la domination masculine qui a bel et bien existée dans notre histoire et dans nos sociétés patriarcales, pour la transformer en soumission masculine et idéalisation de la femme, toujours au profit du capital.
D'ailleurs si ça n'était pas le cas, les sites comme ADS n'existeraient pas, nous n'aurions pas à nous poser autant de questions sur la sociologie ni à donner une forme d'éducation dans les rapports humains à ceux qui sont perdus ( à peu près tout le monde en fait ? ) tant ceux-ci changent rapidement et inégalement.
3 - Troisième point : On aimerait aussi s'exprimer.
Parce que, finalement, si cette discussion suscite autant d'intérêts et de réactions, c'est peut-être bien parce que nous aussi, les hommes, aimerions parler. Parler des incivilités que nous vivons, des jugements que l'on subit, du harcèlement et des viols de certains qui restent quand même très tabous parce que qualifiés de minoritaires (alors que la plupart des viols d'enfants concernent des garçons et que cette pratique remonte à des millénaires). Parce que nous aussi, nous avons une identité, une image dans la société : l'homme idéalisé, le mâle Alpha, que nous ne sommes pas tous ! Nous aussi vivons dans une dictature de l'image qui nous pousse à consommer. Et bien sûr, l'autre versant dont nous avons parlé plus haut : l'homme machiste, violent, sale,etc... tout comme il existe la putain, la trainée, la mauvaise mère etc.... chez la femme.
Mais les injustices faites envers les hommes ne peuvent être médiatisées comme le sont celles des femmes : car, comme l'a dit l'un d'entre nous (je crois que c'est tron), l'oppresseur ne peut être l'oppressé.
Mais ce n'est pas une fatalité : à nous d'en parler messieurs, pour ma part, j'ai de gros témoignages à faire, et j'espère pouvoir me faire entendre le jour où nous aurons tous l'audace d'en parler.
4 - Dernier point : La minorisation des phénomènes, la dilution de la responsabilité.
Il est vrai que la condition de la femme, et ce dans bien des pays du monde, mérite un vrai combat, et qu'on en parle. Qu'il reste encore des choses à changer pour pouvoir parler d'égalité, et pas sur des petites nuances. Et il est vrai, qu'à force d'en parler, on en a marre, nous les hommes élevés depuis le plus jeune âge avec ce même putain de sujet, et qu'on trouve que les femmes de notre génération sont notre égal, qu'on a tendance à minorer et oublier que dans l'esprit d'autres hommes plus anciens, ou plus lointains, la femme n'est pas l'égal de l'homme.
Aussi, tant hommes que femmes, nous sommes responsables de l'image de chacun et de notre influence par nos propos, nos actes de tous les jours, aussi anodins soient-ils : l'enfer se cachent dans les détails.
Ne nous cachons plus derrière les "Les hommes doivent changer" ou "les femmes doivent changer" ou "Les autres doivent changer" : ici, on fait aussi du développement personnel, alors ce jeu-là on doit l'oublier. On se change soi-même : on s'occupera du voisin plus tard, ou au mieux, jamais sauf s'il est dans la détresse.
N'oublions pas l'affaire Kitty Genovese : la dilution de la responsabilité, mettre la tête dans le sable pour ne rien voir et ne pas se sentir concerné, c'est laisser des crimes se produire, voire même les encourager puisque rien ne les entrave.
EDIT : J'aimerais rajouter qu'une personne avait dit aussi "être adulte, c'est arriver à faire face aux lots d'emmerdements que nous impose la vie, et de vivre sereinement avec" ou quelque chose du genre, et à ce titre, il faut arrêter de se fragiliser, se victimiser à outrance et une fois encore, de reporter tous les tords sur autrui : ou alors, on arrête de vivre en société et on va dans une grotte.
Sénèque disait " Il faut fortifier son âme contre les accidents fortuits et inévitables." Socrate : "Connais-toi toi-même".
Bref : cette discussion n'était pas inutile, vous lire m'a beaucoup inspiré, m'a appris aussi, m'a fait du bien et surtout nous a permis à tous d'assister aux germes des nouvelles problématiques du 21ème siècle : les dérives du numériques, la consommation des humains par la tinderisation, le paradoxe d'une communication qui se développe dans les technologies et les moyens, mais régresse parce que nous communiquons trop ou de plus en plus mal (médias, pubs, réseaux sociaux, SMS, aborder dans la rue...).
Quelle époque ! Que de défis à relever !
Merci à vous tous, merci d'exister depuis plus de 7 années maintenant pour moi. ADS ça m'a permis d'avoir une éducation supplémentaire, et comme le disait Duc, c'était le phare d'Alexandrie.
Comme quoi, le numérique est aussi un progrès, il a permis de vraiment changer des vies.