[Kakawet]

Salut !

Au cours d'une de mes banales discussions entre amis, l'un des participants avait lancé un: "De toute façon, je ne suis pas intéressé par les filles".
N'allez pas vous méprendre, ce n'était pas là son coming out, il venait juste de dire qu'aucune fille ne l'avait intéressé jusque là.
Sur le coup, je n'avais pas vraiment prêté attention à ces paroles mais, actuellement, j'en viens à me demander: "Mais pourquoi certaines personnes font comme si aucun être humain ne leur avait jamais tapé dans l’œil?"

J'ai alors émis l'hypothèse que la peur du rejet est tellement forte que, ces personnes, afin d'éviter toute forme de rejet, préféraient nier avoir toute forme d'attirance pour d'autres individus.

Bien évidemment, mon avis n'est pas absolu et c'est pourquoi j'aimerai également connaître votre opinion sur ce sujet.
Donc, à partir de maintenant, c'est à vous !

[Littlefinger]

Hey ! Mon meilleur ami est comme ça ! (à ce qui paraît on les appelle les WBAFC "way before AFC" ceux qui comprennent rien et qui font mine de s'en foutre...). Je fais des sorties avec lui mais mon rêve ce serait de pouvoir le winguer.

[Hei]

Mon meilleur pote est aussi comme ça, il peut me dire quel genre de fille physiquement il aimerait avoir mais il dit toujours qu'il n'y a aucune fille qui l'intéresse et il trouve toujours plein de défauts à certaines filles qui sont objectivement très jolies.

Je vais suivre ce topic car ce genre de personnes sont un mystère.

[Duc]

Une explication (mais je peux me tromper, je balance ça comme ça) est la suivante :

L'injonction au bonheur, à la sexualité, au couple, etc... est devenue tellement forte, que certaiens personnes (qui aimeraient bien avoir une sexualité et une vie amoureuse), se mettent volontairement en retrait avec ce genre de phrases ("nan mais ça m'intéresse pas en fait").

C'est super triste, mais je pense qu'il y a chez quelques personnes ce phénomène.

Un truc assez classique en fait : personne n'a envie d'apparaitre comme "pas dans les clous" ou "bizarre".

Face aux injonctions permanentes sur "le boneheur" "la sexualité épanouie", à un moment, la personne trouve plus facile de déclarer "'ça m'intéresse pas", plutôt que de dire "ça m'intéresse mais j'ai des difficultés".

C'est un peu comme avoir 6/20 en maths.

Tu peux dire que ça t'intéresse, que tu travaille, que tu aimes ça, etc...
Mais du coup ça apparait comme un constat d'échec, un truc "en mode "je suis plus con que la moyenne".

Ou alors tu peux d'entrée désammorcer ces critiques (il est con, il est pas doué, etc...) par la phrase magique "nan mais moi les maths c'est pas mon truc".

Et ça marche direct ! (nottament parce que les autres, très prompts à te juger, sont dans la même situation).

C'est un parallèle grossier, bien sûr.

Mais je pense que les mécanismes sont les même.

On préfère (socialement parlant) abandonner en disant "c'est pas pour moi, mon cerveau n'est pas pour ça", que d'essayer (avec le risque d'échouer).

Et cette auto-censure, je la trouve grave personnellement !

Mais elle existe je pense !

Donc à tous les niveaux (éducation, profs de maths, séduction, etc...) il faut changer de paradigme.

Putain être pas "bon" dans un domaine, c'est pas un problème ! Y a pas de honte à avoirk, pas de jugement à porter sur la capacité d'un mec (séduire par exemple) alors que c'est pas inné, et que son père et les figures masuculines autour de lui ne lui ont rien apris !

C'était encore un petit solo de funk !

[Krush]

C'est plus simple comme attitude, elle est couteuse en énergie par contre. Qu'on l'admet ou non, c'est de la frustration qui s'accumule.

On préfère (socialement parlant) abandonner en disant "c'est pas pour moi, mon cerveau n'est pas pour ça", que d'essayer (avec le risque d'échouer).

Je pense que c'est ça qui est en jeu: Dissonance cognitive

[tron]

Si je devais parier je penserais aussi à une espèce de dissonance cognitive mais j'ai peur qu'on pense tous trop comme si ça nous arrivait. On a du mal à imaginer que les fonctionnements psychiques et les problèmes des autres n'ont rien à avoir avec les notre.

De toute façon, je ne suis pas intéressé par les filles

J'avais entendu ça d'une personne qui avait eu des difficultés trop jeune avec sa sexualité et qui n'a à mon avis pas encore su surmonter ça. Ce mec est peut-être gay ou dans une forme d'asperger mais du coup il serait pas plus intéressé par les autres relations sociales.

[Psyche]

Y a aussi la possibilité que la personne soit asexuelle. On sait pas trop encore à quoi c'est dû (le trauma inconscient dans l'enfance est la cause qui parait la plus probable) mais certaines personnes ne ressentent tout simplement pas de désirs sexuel envers autrui.
Apparemment ça n'aurait rien d'un choix conscient (donc c'est différent de l'abstinence) mais ça existe bel et bien.

C'est quelque chose qui est encore vachement méconnu en fait, mais c'est pas une hypothèse à rejeter.

[Krush]

L'écho au commentaire de Hei

Une illustration classique de la dissonance cognitive est donnée par la fable Le Renard et les Raisins d'Ésope. Dans cette histoire, un renard voit des raisins qui sont en hauteur et il veut les manger. Comme le renard est incapable de trouver un moyen de les attraper, il décide que finalement les raisins ne valent pas la peine d'être mangés, avec la justification que les raisins ne sont probablement pas mûrs ou qu'ils sont trop acides. (D'où la locution courante « les raisins sont trop verts »). Cet exemple suit ce schéma de comportement : si quelqu'un désire quelque chose, mais qu'il le trouve inatteignable, il réduit sa dissonance en le critiquant. Jon Elster appelle ce type de comportement « formation d'une préférence adaptée» (Extrait du lien sur la dissonnance cognitive)

[tron]

Ouai mais dans cette hypothèse il serait sexué mais une blessure bloquerait cette sexualité donc ça reviendrait au même finalement que les hypothèses posées par Duc et Krush.
Cette asexualité dans ces hypothèses là pourrait disparaître en thérapie et il y aurait quand même quelque chose de l'ordre de la pulsion sexuelle bloquée certes mais présente.

[Psyche]

Si j'ai bien compris la personne n'en vient pas à critiquer les femmes ou le fait d'être en couple, il dit juste que personne jusqu'à présent ne l'a intéressé.

Après c'est peut-être aussi que le mec à un égo complètement pété et que du coup les femmes qu'il rencontre ne lui paraissent pas "digne de lui".

Faudrait que Kakawet donne des infos en plus pour qu'on puisse creuser le sujet

EDIT : @Tron : Ouais mais non. Ce qu'évoque les deux compères au dessus vient d'une réflexion consciente (provoquée par une blessure, certes) mais c'est différent de l'asexualité. L'asexualité c'est vraiment l'absence de désir, pas tout simplement le rejet de ce-dit désir (ou le rejet du couple ou etc).
En gros faut noter la différence entre le "ça m’intéresse pas" et le "je ne ressens rien". C'est pour ça que je dis qu'il faudrait des précisions