[Anandam]

Faut-il pardonner (ou pas) une offense qui nous a été faite et pourquoi ?

Voilà, ça tient en une seule question mais je pense qu'il y a matière à disserter...

[Anandam]

Allez, je commence.

Perso, je reconnais que j'ai parfois un mal fou à pardonner. Mais attention, je fais allusion à de fortes offenses pas des broutilles bien entendu.
J'ai donc du mal à pardonner pour deux raisons :

1. J'ai remarqué que lorsque je pardonne des choses graves, c'est souvent comme si j'envoyais un signal comme quoi l'autre peut recommencer (puisqu'il a eu droit au pardon).

2. Lorsque que je considère que telle ou telle offense n'est pas pardonnable, c'est tout simplement que jamais je n'aurais osé faire ça ni même imaginé faire un truc pareil. C'est vraiment vrai de chez vrai !

J'ai lancé ce sujet car c'est un point de dev perso sur lequel je travaille depuis un moment et j'ai tendance à croire que ça peut concerner pas mal de monde.
Mais voici une partie de mon axe de réflexion :

-Le pardon n'est pas l'oubli.
-Le pardon ne signifie pas excuser. Excuser, cela veut dire qu'on ne tient pas l'offenseur pour responsable de ses actes.
-Le pardon n'est pas une démission de ses droits. Le pardon ne vient pas éliminer la justice.

C'est bien entendu l'ego qui a tendance à me freiner lorsqu'il s'agirait de pardonner.

Bref,

Pour répondre à la question de départ, je pense que le pardon est une nécessité. Oui, il le faut quelque part. En effet, ne pas pardonner revient à nourrir de la rancoeur ce qui est délétère pour un bon équilibre tandis que quelque part, pardonner permet le retour de la paix avec soi-même... Enfin, c'est comme ça que je le ressens.

[don Diego de la Vega]

De manière générale, je pense que savoir pardonner est une nécessité déjà pour soi même : rien de pire que de nourrir des rancoeurs sans fin....

Après, j'aurai du mal à débattre de ça sans cas précis.

[tron]

Envoyé par Anandam

Lorsque que je considère que telle ou telle offense n'est pas pardonnable, c'est tout simplement que jamais je n'aurais osé faire ça ni même imaginé faire un truc pareil. C'est vraiment vrai de chez vrai !

Le pardon n'est pas un choix c'est la fin d'un processus. On peut décider de chercher à comprendre par contre et comprendre est un gros pas fait en avant vers la sérénité.

Envoyé par Anandam

J'ai remarqué que lorsque je pardonne des choses graves, c'est souvent comme si j'envoyais un signal comme quoi l'autre peut recommencer (puisqu'il a eu droit au pardon).

On peut pardonner et se séparer d'une personne, on la comprend et justement on comprend qu'on a plus rien à faire avec.

Ne pas pardonner c'est une manière de mettre une distance avec les autres, on sépare le bien du mal. C'est aussi considérer qu'une force abstraite peut toujours nous blesser.
Je pense pas que le pardon soit toujours une nécessité mais suivant les cas il vaut mieux apprendre à l'utiliser. Doit-on pardonner à des parents abusifs? Même s'ils cherchaient pas à mal faire doit-on les pardonner?

Personnellement j'ai du mal avec un type de pardon parce qu'il me donne l'impression de renier la victime qui été en moi. J'accepte et je comprends plus ou moins la situation mais je ne pardonne pas parce que j'ai besoin de marquer un contre poids à ce qui s'est passé par respect pour l'ancien moi.

[Anandam]

Envoyé par tron

Doit-on pardonner à des parents abusifs? Même s'ils cherchaient pas à mal faire doit-on les pardonner?

L'exemple est bien choisi. Bien qu'il mériterait un débat spécifique autour de la question "Peut-on tout pardonner ?"...

j'ai besoin de marquer un contre poids à ce qui s'est passé par respect pour l'ancien moi.

C'est peu ou prou mon ressenti lorsque je décide de ne pas pardonner. En gros (selon moi) : je n'ai pas été considéré en tant qu'être humain, c'est à dire un être pouvant être affecté par de "mauvaises" paroles ou actes donc je le fais savoir en refusant le pardon.

Mais je dois avouer qu'il y a peut-être, en ce qui me concerne, une volonté de "rééduquer" l'individu "déviant". Reste à savoir si ça peut fonctionner. APs sûr puisque ce n'est pas moi qui peut faire changer les gens...

[tron]

La rééducation se passe dans certaines perversions sociales qu'à condition que la personne soit abandonnée. Si on pense qu'on doit éduquer la personne pour vivre avec sereinement c'est qu'il faut s'en séparer.

On peut tout pardonner je pense mais doit on le faire? C'est autre chose.

[Tortue]

Rapidement :

- Il y a des cas où on ne peut que pardonner ou vivre avec une rancoeur profonde toute sa vie, rancoeur qui nous détruira petit à petit, nous rendra hargneux et frustré.
Ce forum comporte quelques beaux exemples de specimen qui n'ont pas encore "pardonné" à leurs congénères féminins, par ex, et on peut facilement voir qu'ils semblent moins épanouis et sereins dans leurs vies que ceux qui ont fini par "laisser couler".
Je sais que je n'aurais pas survécu jusqu'à là si je n'avais pas été capable de pardonner, j'aurais fini par péter les plombs et me jeter d'un pont, ou alors je serais sous anxiolytiques H24.
Bref, je pardonne pour moi plus que pour les autres. Je passe l'éponge, j'autorise l'ouverture d'une nouvelle page.

Ca, c'est ma partie émotionnelle.

Ensuite, rationnellement, j'opère une analyse : est-ce que cette personne est néfaste pour moi ? Quel est son impact sur ma vie, sur mon épanouissement ? A-t-elle une influence positive ou négative sur la balance de mon équilibre ?P
Il m'est arrivé plusieurs fois d'en conclure qu'une personne que je considérais comme un(e) ami(e), ou une personne importante, avait une mauvaise influence sur ma vie. Là, la réponse a été sans appel : je sortais cette personne de ma vie. Je l'effaçais, je coupais les liens, je faisais en sorte que cette personne redevienne étrangère à mes yeux. Pour qu'elle ne puisse plus me toucher.

Je ne ré-éduque pas, jamais, pas pour les choses graves. Si je sais que cette personne ne m'apportera pas assez de bonheur par rapport au malheur qu'elle peut me donner, je la vire, je l'écarte, je l'éjecte.



Par là, en pardonnant mais en éjectant la personne, je n'ai pas l'impression de "renier la victime", mais plutôt de la sauver. D'abord en pardonnant (pas de guérison sans pardon, pour moi...) puis en l'écartant de la source du problème.
Il y a des choses que je n'ai pas encore réussi à pardonner : peut être un jour. En attendant, ça restera toujours un point noir à l'intérieur de moi, mais je suis convaincue que le jour où j'arriverai à pardonner, je considèrerai tout ça plus sereinement et je vivrai mieux (le pardon est-il la cause ou la conséquence de la prise de recul, par contre ?).

[tron]

Tous les gens qui ont au moins passé suffisamment de temps ici à "aider les autres" savent que les gens s'éduquent tout seul. On pourra dire la chose la plus révolutionnaire à un mec, s'il ne veut pas l'entendre, il l'entendra pas.

Envoyé par tortue

le pardon est-il la cause ou la conséquence de la prise de recul, par contre ?

A priori je dirai la conséquence, comment on pourrait pardonner quand on bouillonne émotionnellement? Est-ce que ça aurait du sens?

[Tortue]

Envoyé par tron

Tous les gens qui ont au moins passé suffisamment de temps ici à "aider les autres" savent que les gens s'éduquent tout seul. On pourra dire la chose la plus révolutionnaire à un mec, s'il ne veut pas l'entendre, il l'entendra pas.

Je valide.

A priori je dirai la conséquence, comment on pourrait pardonner quand on bouillonne émotionnellement? Est-ce que ça aurait du sens?

Ah clairement non. Ok, disons que c'est la conséquence. Il ne saurait y avoir de pardon sans prise de recul...

[FourHundredAndTwentyOne]

Pour citer Kery James "Qu'il n'y a pas trahison qui entraine mort d'homme". Ou autrement je vois avec ma famille. Il y a beau avoir des histoires, tôt ou tard il faut savoir pardonner. Ou encore Eminem avec sa mère..

Après c'est vis à vis des personnes proche. Pourquoi ? Car des fois les raisons sont débile, les gens évoluent, et tôt ou tard il faut savoir se serrer le coude pour x raison. Je trouve ça débile de gacher de belle histoire pour de la merde.

Après est-ce que c'est facile ? Pas tant que ça. Et il faut savoir pardonner au bon moment, car il faut que la personne la + en tord comprenne la moral et ne récidive pas.