Qui suis-je ? La grande question !
Je pense que la quête de soi est la plus difficile et la plus trompeuse tant les approches intuitives et apprises sont nombreuses. Je ne vais pas jouer au professeur mais le Moi est bien une énigme qui a passionné les auteurs depuis très...non en fait depuis pas si longtemps que cela. De fait, l'humanité est devenue de plus en plus centrée sur l'individu et non plus sur le groupe. Certes on ne peut pas résumer une période à une seule approche, mais disons que l'héritage historique actuel est analysé de la sorte.
On voit donc se dessiner deux premiers axes : le Moi est-il une entité interne ou un ensemble de liens que l'on entretient avec les autres ? Est-on soi par l'esprit ou par son être social et ses actes ?
On peut ainsi déjà tisser des liens avec d'autres axes :
- Est-ce que l'être est une toile vierge à sa naissance ou un ensemble de caractères psychologiques ? Ou bien un intermédiaire entre les deux ?
- Le moi est-il une succession d'images ou un roc qui traverse les âges en s'érodant éventuellement au gré des vents ?
Ainsi, d'un point de vue opérationnel, on pourra distinguer deux formes de quêtes de soi :
- l'action : on créé ou l'on retrouve sa personne par ses actes, la reconnaissance du "Monde" (je ne parle pas seulement de validation des autres mais aussi des effets qu'ont nos actes sur le monde tangible)
- la pensée : on crée ou l'on retrouve sa personne par une action mentale
Ces deux modes d'intervention sont à croiser avec les deux "temps" : le passé (le moi est-il enfoui dans ma prime enfance ?), le présent "le moi, est-ce ce que je suis actuellement ?".
Nous voilà donc finalement avec une belle matrice 2x2.
Mais pourquoi est-ce si difficile de se voir soi-même ?
Je n'ai pas la réponse à cette question. Et peut-être que celle-ci est frustrante tout simplement parce que l'on se rend compte qu'il n'y a pas grand chose à dire sur nous-même. On aimerait tant pouvoir dire "je suis ainsi, je suis comme ça" que l'on se démène pour se retrouver.
Un autre point également que l'on a du mal à accepter est l'influence de la société sur nous. Durant la période antique, cette question avait peu d'importance et notre nouvel individualisme est sans doute responsable de ce rejet de notre part de conditionnement social. "Il faut vivre ses rêves", "Il faut se dépasser", etc. mais cette projection du Moi dans un futur reculé n'est-il pas une façon de ne pas se voir soi et de s'apprécier ? (et d'ailleurs Georg Simmel expliquait que les séries téléologiques s'étant allongées, nous nous éloignons de plus en plus de nos désirs/besoins finaux, que ces derniers deviennent finalement flous, ce qui nous égare).
Comment s'égare-t-on ?
N'est-ce pas justement en doutant perpétuellement de se connaître soi-même que l'on se perde en chemin ? C'est une question que je me pose sincèrement.
Regardez quand vous obtenez une nouvelle carte bleue : le geste de taper son code devient automatique. Par contre, commencez à vous dire "mais quel est le code ? est-ce bien 1234 ?". Même si vous le saviez, vous allez commencer à détruire cette certitude dans votre tête.
Dans ma vision, la meilleure connaissance de soi passerait par une rupture des censeurs (par le rêve par exemple : mais bizarrement, quand votre vie est vide, vous ne rêvez plus --> cela prouve-t'il que l'action est indispensable et qu'elel définit le moi ?) et par le suivi des pulsions ? (mais débrancher son cerveau, n'est-ce pas se couper de son âme ?)
Mais une autre question peut faire mal : Est-ce finalement vain que de vouloir à tout prix se trouver ? Peut-être que nous ne sommes en effet pas si uniques que nous le croyons.
Et enfin une autre : suis-je condamné à n'être qu'un persona ?
Dernière modification par AlexandreDeMacedoine ; 10/11/2014 à 17h34
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