LDY
23/05/2008, 09h24
Dans mon précédent article (L’inner game, qu’est-ce que c’est ?), nous avons vu que la maîtrise de l’inner game était un excellent moyen pour gagner en sérénité et en efficacité, ceci grâce à une meilleure connaissance et maîtrise de soi-même.
Nous allons maintenant explorer la partie pratique du sujet. Le point de départ de cette exploration sera la compétence centrale de l’inner game : la concentration, c’est à dire la capacité à orienter notre attention sur un objet. Lorsque l’on est 100% immergé absorbé dans ce qu’on fait on se retrouve dans un état de joie incomparable, c’est ce qu’on appelle état de « flow » ou expérience optimale. C’est cet état, qui équivaut à un inner game harmonieux, que nous allons examiner dans cet article avec les meilleurs moyens d’y parvenir.
1 – Flow : historique
Le flow est un concept introduit par Mihaly Csikszentmihalyi, professeur en psychologie au nom imprononçable, et auquel il a consacré 25 ans de recherches.
Il a effectivement découvert que c’est en maîtrisant son expérience intérieure ou inner game que l’on s’approche de ce qu’on appelle être heureux et que ceci ne surgissait pas quand on était passif, mais quand on est entièrement immergé dans une activité qui utilise nos capacités à plein régime dans un effort volontaire en vue de réaliser quelque chose de difficile et d’important.
En étudiant comment les gens se sentent quand ils sont au maximum de l’enchantement, il a pu constater que cette expérience (appelée « flow » ou expérience optimale) était décrite de la même façon par tous et quelle que soit l’activité.
Le concept de flow a été introduit dans la communauté il y a pas mal d’années, d’abord par Ijjjji sur masf, puis dans la communauté française par Dior & G sur FTS (Redde Caesari quae sunt Caesaris)
2 – Pourquoi le flow nous procure t’il de la joie et pourquoi le manque de flow nous rend malheureux ?
Quelle est la principale cause qui nuit à notre inner game ? C’est lorsqu’une information entre en conflit avec nos intentions. Plus le but est important et plus on aura besoin d’attention pour éliminer ce qui entre en conflit avec ce but, ce qui est source de désordre interne, le contraire du flow.
A l’opposé, lorsque toutes les informations qui entrent dans notre conscience sont congruentes avec nos buts, tout coule de source, il n’y a plus de désordre.
On comprend donc le lien entre joie et le flow puisque l’état de flow survient quand rien dans notre conscience n’entre en conflit avec le but qu’on veut réaliser.
Le flow est un état qui contribue également au développement personnel dans 2 directions :
- Un mouvement de différentiation, en allant vers un soi plus complexe et plus solide à travers les défis que l’on affronte et la progression qu’ils nous offrent
- Un mouvement d’intégration, en allant vers un soi plus en harmonie avec lui-même et avec les autres
Il est évidemment important d’équilibrer les 2 afin de ne sombrer ni dans l’égotisme, ni dans la dépendance aux autres.
S’investir vers un but qu’on s’est choisi est plaisant en soi et paradoxalement c’est quand on agit de cette manière qu’on devient « plus » qu’on était avant.
3 – Les caractéristiques du flow
Les caractéristiques recensées découlent de l’analyse des résultats de 25 années d’interviews et questionnaires recueillis par les équipes de Mihaly Csikszentmihalyi.
La 1ère surprise fut la quantité de similitudes entre des activités très différentes quand tout se déroule bien.
La 2ème surprise fut que tout le monde décrit l’enchantement à peu près de la même manière sans égard à la culture, la classe sociale, l’âge ou le sexe.
Toutes les caractéristiques que nous allons voir n’ont pas besoin d’être toutes présentes pour trouver le flow, mais plus il y en a et plus trouver le flow est facile
Equilibre entre défi et habileté (ni trop dur, ni trop facile)
Les témoignages indiquent que l’expérience optimale survient lorsqu’il y a une correspondance adéquate entre les exigences de la tâche et les compétences de l’individu.
Si la tâche paraît trop facile, on s’ennui, si elle paraît trop difficile on est anxieux.
Notez bien que j’utilise le verbe « paraître », ce qui compte n’est pas tant la difficulté réelle de la tâche mais bien sa difficulté perçue. Ceci est très important dans les stratégies que l’on va employer pour trouver plus de flow dans ses activités. On se sent moins compétent à froid au saut du lit par exemple que lorsque l’on vient d’enchaîner plusieurs activités complexes avec succès. On se sent moins compétent pour aborder une bombasse à 8h sur le quai du métro qu’à 22h après avoir embrassé la fille qu’on vient de rencarder.
Concentration
Quand toutes les aptitudes pertinentes sont requises pour affronter un défi, l’attention est complètement absorbée par l’activité ; elle est concentrée sur les stimuli qui importent. Toute l’énergie psychique est alors requise, de sorte qu’il n’en reste plus pour traiter d’autres informations. Cette concentration rend la personne si absorbée qu’elle semble réaliser l’activité d’une façon spontanée ou quasi automatique ; elle ne se perçoit pas comme séparée de son action.
Un bon exemple est quand on est en train de skier : la pente est raide, on est concentré sur les mouvements de son corps, des skis, l’air frais sur le visage et la neige autour ; il n’y a pas de place pour des pensées et des émotions non adaptées.
Même si le flow semble apparaître sans effort, ce n’est pas le cas. Cela requiert un grand effort physique ou une activité mentale disciplinée. Cela ne se produit sans l’exercice d’une aptitude et de la concentration.
Cible claire et rétroaction
L’apparition du flow est rendu possible grâce à la présence d’un but clair et d’une rétroaction immédiate.
Il arrive que les objectifs et règles gouvernant une activité soient inventés ou négociés sur le champ, dans ce cas l’individu doit développer un sens personnel profond de qu’il veut vraiment, avoir des critères internes de ce qui est bon ou mauvais, de sorte qu’avec l’avancée de la tâche, il peut se dire « ça marche », « ça ne marche pas ».
Le contenu de la rétroaction est peu important, l’information pertinente réside dans le message symbolique : j’ai atteint mon but. Cette information créé de l’ordre dans la conscience et renforce la structuration de soi.
Sans distraction
Dans la vie quotidienne les pensées et les préoccupations non désirées envahissent souvent la conscience. En état de flow, les pensées troublantes ou non pertinentes qui traversent habituellement l’esprit sont temporairement mises de côté.
Le flow exige une concentration totale de l’attention sur la tâche en cours, de sorte qu’il n’y a plus de place pour l’information non pertinente, plus de place pour la distraction.
Le contrôle de l’action
Plus que du contrôle, il s’agit d’une absence de préoccupation à propos de la perte de contrôle, préoccupation présente souvent dans les situations de la vie courante.
On comprend ici pourquoi les activités dites « à risques » procurent facilement du flow, car ces activités sont justement pratiquées de façon à permettre à la personne de développer suffisamment d’aptitudes pour réduire la marge d’erreur à presque zéro.
Perte de la conscience de soi
La préoccupation pour le soi consomme beaucoup d’énergie psychique, car, dans la vie quotidienne, nous nous sentons souvent menacés. Dans l’état de flow il n’y a pas de place pour l’examen du soi. Le soi ne se sent pas menacé parce que l’expérience comporte un objectif précis, des règles claires et un défi qui correspond bien à nos capacités.
L’engagement dans une activité accapare l’esprit de sorte que l’attention ne peut plus se porter sur le passé, le futur ni sur tout autre stimuli non pertinent, notamment une chose un peu spéciale à laquelle on consacre beaucoup de temps : le soi.
Le flow ne fait pas disparaître le soi, il implique au contraire un rôle très actif du soi mais avec une absence de préoccupation à propos du soi.
En état de flow, la conscience du soi disparaît sous le niveau de la conscience, l’individu peut alors se sentir comme faisant partie d’un système d’action qui dépasse les frontières de son soi et ainsi repousser celles-ci.
Paradoxalement, la perte du sens de soi permet après coup de retrouver un soi plus fort et plus complexe. En état de flow, l’individu fait de son mieux et peut donc améliorer ses aptitudes, et après coup il peut constater qu’il a progressé.
Notion du temps altérée
Pendant l’expérience optimale, les personnes concernées admettent communément que le temps est perçu de manière inhabituelle.
Ce n’est pas cependant une composante majeure mais la liberté à l’égard e la tyrannie du temps augmente l’enchantement éprouvé dans l’état d’engagement total.
En bref
L’engagement dans une tâche précise (défi) qui fournit une rétroaction immédiate, qui exige des aptitudes appropriées, un contrôles sur ses actions et une concentration intense ne laissant aucune place aux distractions ni aux préoccupations à propos du soi et qui s’accompagne (généralement) d’une perception altérée du temps constitue une expérience optimale (ou flow).
Conséquences : meilleure performance, créativité, développement des capacités, estime de soi et réduction du stress.
Elle contribue à la croissance personnelle, apporte un grand enchantement et améliore la qualité de la vie.
Nous allons maintenant explorer la partie pratique du sujet. Le point de départ de cette exploration sera la compétence centrale de l’inner game : la concentration, c’est à dire la capacité à orienter notre attention sur un objet. Lorsque l’on est 100% immergé absorbé dans ce qu’on fait on se retrouve dans un état de joie incomparable, c’est ce qu’on appelle état de « flow » ou expérience optimale. C’est cet état, qui équivaut à un inner game harmonieux, que nous allons examiner dans cet article avec les meilleurs moyens d’y parvenir.
1 – Flow : historique
Le flow est un concept introduit par Mihaly Csikszentmihalyi, professeur en psychologie au nom imprononçable, et auquel il a consacré 25 ans de recherches.
Il a effectivement découvert que c’est en maîtrisant son expérience intérieure ou inner game que l’on s’approche de ce qu’on appelle être heureux et que ceci ne surgissait pas quand on était passif, mais quand on est entièrement immergé dans une activité qui utilise nos capacités à plein régime dans un effort volontaire en vue de réaliser quelque chose de difficile et d’important.
En étudiant comment les gens se sentent quand ils sont au maximum de l’enchantement, il a pu constater que cette expérience (appelée « flow » ou expérience optimale) était décrite de la même façon par tous et quelle que soit l’activité.
Le concept de flow a été introduit dans la communauté il y a pas mal d’années, d’abord par Ijjjji sur masf, puis dans la communauté française par Dior & G sur FTS (Redde Caesari quae sunt Caesaris)
2 – Pourquoi le flow nous procure t’il de la joie et pourquoi le manque de flow nous rend malheureux ?
Quelle est la principale cause qui nuit à notre inner game ? C’est lorsqu’une information entre en conflit avec nos intentions. Plus le but est important et plus on aura besoin d’attention pour éliminer ce qui entre en conflit avec ce but, ce qui est source de désordre interne, le contraire du flow.
A l’opposé, lorsque toutes les informations qui entrent dans notre conscience sont congruentes avec nos buts, tout coule de source, il n’y a plus de désordre.
On comprend donc le lien entre joie et le flow puisque l’état de flow survient quand rien dans notre conscience n’entre en conflit avec le but qu’on veut réaliser.
Le flow est un état qui contribue également au développement personnel dans 2 directions :
- Un mouvement de différentiation, en allant vers un soi plus complexe et plus solide à travers les défis que l’on affronte et la progression qu’ils nous offrent
- Un mouvement d’intégration, en allant vers un soi plus en harmonie avec lui-même et avec les autres
Il est évidemment important d’équilibrer les 2 afin de ne sombrer ni dans l’égotisme, ni dans la dépendance aux autres.
S’investir vers un but qu’on s’est choisi est plaisant en soi et paradoxalement c’est quand on agit de cette manière qu’on devient « plus » qu’on était avant.
3 – Les caractéristiques du flow
Les caractéristiques recensées découlent de l’analyse des résultats de 25 années d’interviews et questionnaires recueillis par les équipes de Mihaly Csikszentmihalyi.
La 1ère surprise fut la quantité de similitudes entre des activités très différentes quand tout se déroule bien.
La 2ème surprise fut que tout le monde décrit l’enchantement à peu près de la même manière sans égard à la culture, la classe sociale, l’âge ou le sexe.
Toutes les caractéristiques que nous allons voir n’ont pas besoin d’être toutes présentes pour trouver le flow, mais plus il y en a et plus trouver le flow est facile
Equilibre entre défi et habileté (ni trop dur, ni trop facile)
Les témoignages indiquent que l’expérience optimale survient lorsqu’il y a une correspondance adéquate entre les exigences de la tâche et les compétences de l’individu.
Si la tâche paraît trop facile, on s’ennui, si elle paraît trop difficile on est anxieux.
Notez bien que j’utilise le verbe « paraître », ce qui compte n’est pas tant la difficulté réelle de la tâche mais bien sa difficulté perçue. Ceci est très important dans les stratégies que l’on va employer pour trouver plus de flow dans ses activités. On se sent moins compétent à froid au saut du lit par exemple que lorsque l’on vient d’enchaîner plusieurs activités complexes avec succès. On se sent moins compétent pour aborder une bombasse à 8h sur le quai du métro qu’à 22h après avoir embrassé la fille qu’on vient de rencarder.
Concentration
Quand toutes les aptitudes pertinentes sont requises pour affronter un défi, l’attention est complètement absorbée par l’activité ; elle est concentrée sur les stimuli qui importent. Toute l’énergie psychique est alors requise, de sorte qu’il n’en reste plus pour traiter d’autres informations. Cette concentration rend la personne si absorbée qu’elle semble réaliser l’activité d’une façon spontanée ou quasi automatique ; elle ne se perçoit pas comme séparée de son action.
Un bon exemple est quand on est en train de skier : la pente est raide, on est concentré sur les mouvements de son corps, des skis, l’air frais sur le visage et la neige autour ; il n’y a pas de place pour des pensées et des émotions non adaptées.
Même si le flow semble apparaître sans effort, ce n’est pas le cas. Cela requiert un grand effort physique ou une activité mentale disciplinée. Cela ne se produit sans l’exercice d’une aptitude et de la concentration.
Cible claire et rétroaction
L’apparition du flow est rendu possible grâce à la présence d’un but clair et d’une rétroaction immédiate.
Il arrive que les objectifs et règles gouvernant une activité soient inventés ou négociés sur le champ, dans ce cas l’individu doit développer un sens personnel profond de qu’il veut vraiment, avoir des critères internes de ce qui est bon ou mauvais, de sorte qu’avec l’avancée de la tâche, il peut se dire « ça marche », « ça ne marche pas ».
Le contenu de la rétroaction est peu important, l’information pertinente réside dans le message symbolique : j’ai atteint mon but. Cette information créé de l’ordre dans la conscience et renforce la structuration de soi.
Sans distraction
Dans la vie quotidienne les pensées et les préoccupations non désirées envahissent souvent la conscience. En état de flow, les pensées troublantes ou non pertinentes qui traversent habituellement l’esprit sont temporairement mises de côté.
Le flow exige une concentration totale de l’attention sur la tâche en cours, de sorte qu’il n’y a plus de place pour l’information non pertinente, plus de place pour la distraction.
Le contrôle de l’action
Plus que du contrôle, il s’agit d’une absence de préoccupation à propos de la perte de contrôle, préoccupation présente souvent dans les situations de la vie courante.
On comprend ici pourquoi les activités dites « à risques » procurent facilement du flow, car ces activités sont justement pratiquées de façon à permettre à la personne de développer suffisamment d’aptitudes pour réduire la marge d’erreur à presque zéro.
Perte de la conscience de soi
La préoccupation pour le soi consomme beaucoup d’énergie psychique, car, dans la vie quotidienne, nous nous sentons souvent menacés. Dans l’état de flow il n’y a pas de place pour l’examen du soi. Le soi ne se sent pas menacé parce que l’expérience comporte un objectif précis, des règles claires et un défi qui correspond bien à nos capacités.
L’engagement dans une activité accapare l’esprit de sorte que l’attention ne peut plus se porter sur le passé, le futur ni sur tout autre stimuli non pertinent, notamment une chose un peu spéciale à laquelle on consacre beaucoup de temps : le soi.
Le flow ne fait pas disparaître le soi, il implique au contraire un rôle très actif du soi mais avec une absence de préoccupation à propos du soi.
En état de flow, la conscience du soi disparaît sous le niveau de la conscience, l’individu peut alors se sentir comme faisant partie d’un système d’action qui dépasse les frontières de son soi et ainsi repousser celles-ci.
Paradoxalement, la perte du sens de soi permet après coup de retrouver un soi plus fort et plus complexe. En état de flow, l’individu fait de son mieux et peut donc améliorer ses aptitudes, et après coup il peut constater qu’il a progressé.
Notion du temps altérée
Pendant l’expérience optimale, les personnes concernées admettent communément que le temps est perçu de manière inhabituelle.
Ce n’est pas cependant une composante majeure mais la liberté à l’égard e la tyrannie du temps augmente l’enchantement éprouvé dans l’état d’engagement total.
En bref
L’engagement dans une tâche précise (défi) qui fournit une rétroaction immédiate, qui exige des aptitudes appropriées, un contrôles sur ses actions et une concentration intense ne laissant aucune place aux distractions ni aux préoccupations à propos du soi et qui s’accompagne (généralement) d’une perception altérée du temps constitue une expérience optimale (ou flow).
Conséquences : meilleure performance, créativité, développement des capacités, estime de soi et réduction du stress.
Elle contribue à la croissance personnelle, apporte un grand enchantement et améliore la qualité de la vie.