Discussion: L'écart salarial H/F
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Vieux 27/04/2017, 21h51
don Diego de la Vega don Diego de la Vega est déconnecté
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Par défaut L'écart salarial H/F

Bon, j'ai pris quelques minutes pour un focus sur cette question.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins.
De mes propres conclusions les chiffres sont largement manipulés.
Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'injustices, ni que ces injustices (même minorées par rapport à ce qu'on entend parfois) seraient normales ou encore acceptables.
Simplement, ça m'agace un peu de voir qu'on en fait une utilisation un peu trop hâtive et orientée dans un sens soit de victimisation, soit de division (dans un sens politique du "diviser pour mieux régner").

Merci de garder un oeil critique ! Sur tout, tout le temps ! Y compris mes écrits !

Bien sûr je m'attends à une levée de boucliers, je vais donc essayer d'être le plus clair et le plus rigoureux possible.
Mais ne vous gênez pas pour me mettre la misère, si ça trouve j'ai un réel problème d'entendement (et de sexisme par la même occasion, qui sait ? Je veux bien tout entrevoir).


1) En 2010, dans le secteur privé, les femmes ont un revenu salarial inférieur de 28 % à celui des hommes.

Ca, c'est le bon gros titre bien putaclic qu'on va nous servir partout.
Il provient de cette page de l'INSEE (qu'on apellera ici Source 1).
L'INSEE a cependant la décence de préciser directement qu'on parle bien du secteur privé. Car parfois, on retrouvera ailleurs sur le net ce chiffre sorti du chapeau, brut, donc déjà détourné puisque présenté comme global.

Je ferai un focus sur le secteur public ensuite, no worries.

Ce que l'INSEE ne nous dit pas dans ce premier chiffre, c'est qu'en plus d'être hors secteur public, il est pris "hors agriculture et salariés des particuliers-employeurs."
Ca, on le découvre quand on regarde leurs graphiques, toujours dans cette Source 1.

Hors, les agriculteurs sont une CSP parmi les plus défavorisée, j'espère que je ne vous apprend rien. Les sources sont un peu partout, au hasard dans Le Parisien on nous dit que 1/3 des agriculteurs gagne moins de 354€ par mois.

Vous commencez à la sentir, cette bonne grosse odeur de merde qui vient d'en dessous du tapis ? Et oui, on a planqué ce qui ne convenait pas.
On a soigneusement sélectionné les échantillons qui servaient ce qu'on voulait démontrer.
Oui, oui. L'INSEE fait ça, au calme. Je n'invente rien. Lisez la Source 1, sous chaque graphique.

L'INSEE revient ensuite sur son titre putaclic avec quelques facteurs explicatifs :
"Cet écart (28%, ndlr) s’explique d’abord par un niveau de salaire horaire moyen inférieur de 18 % à celui des hommes. De surcroît, les femmes ont travaillé en moyenne dans l’année 13 % d’heures en moins."

Bon, déjà, si elles travaillent moins, faudrait essayer de considérer les choses en prenant en compte seulement les situations strictement égales.
Sinon, c'est malhonnête intellectuellement.

Ca continue ensuite :
"D’une part, compte tenu des périodes de chômage et d’inactivité, elles ont travaillé un peu moins de jours dans l’année (293 jours contre 303 pour les hommes). D’autre part, elles occupent plus souvent des postes à temps partiel. Enfin, lorsqu’elles sont à temps complet, leur durée hebdomadaire de travail est également inférieure à celle des hommes ; elles effectuent, en particulier, moins d’heures supplémentaires."

Donc ils admettent eux-mêmes que leur chiffre de 28% est totalement bullshité, mais ça ne les gêne pas de mettre ça en première phrase, juste sous le titre.
Questionnant comme méthodologie, non ?
Finalement on est, toujours d'après l'INSEE, sur un écart de 18% quand on a enlevé ce biais du temps de travail (qui est questionnant par ailleurs sur le poids de la sphère domestique dans l'implication des femmes, il faut être honnête, c'est compliqué pour elles de se sortir de ce genre de représentations collectives).

Ces 18% restants restent questionnants. On verra dans d'autres sources (en chap 3 Mes Conclusions) que certains parlent de 5%.
Quoiqu'on fasse, il y a un écart, donc ça reste une injustice.

Je m'arrête là pour le moment, j'imagine qu'on creusera ça ensuite dans les commentaires.
Mon propos n'est pas de faire une preuve à charge contre les femmes, qui affrontent de réels soucis quotidiens et sociétaux, mais de recadrer un peu ce qu'on nous sert sur un plateau en guise de vérité.

Par ailleurs, il faudrait préciser les méthodes de calcul, mais si on prend en compte dans ces fameux 28% les salaires de personnes comme les dirigeants cadre des grosses entreprises du CAC40, il est évident que ça va générer un écart substantiel.

Par exemple, on a ces fameux enculés de service que sont Carlos Tavares (le PDG de PSA Peugeot-Citroën) avec un salaire de 5,24 millions d’euros en 2014, Carlos Ghosn de Renault, qui appointe à 7,2 millions d’euros… sans compter son double salaire de patron de Nissan qui l’amène tranquillement à plus de 15 millions de revenus par an.
Source Libération

Donc, ces "personnes" sont bien des hommes, ok.
Mais on est tous victimes de ces écarts de salaires, hommes comme femmes.
Il me semble opportun de le rappeler. J'aimerai vraiment savoir dans quelle mesure ces salaires exhorbitants vont faire gonfler le chiffre "28%".

On prend d'un côté ces salaires annuels de plusieurs millions, on enlève de l'autre les salaires des agriculteurs... et on fini par faire dire strictement n'importe quoi aux chiffres.



2) En 2010, dans le secteur public, l’écart de revenu salarial entre hommes et femmes est de 18 %

Sur le même modèle qu'en chapitre 1), toujours bien putaclic, même peau de banane, phrase tirée texto de la même source INSEE (Source 1).

Dans la fonction publique, les salaires des titulaires sont soumis à des grilles statutaires qui garantissent de moindres écarts. Au traitement indiciaire s’ajoutent des montants de primes et indemnités variables, incluant notamment les heures supplémentaires. Les femmes occupent près de 65 % des postes dans la fonction publique.

65% des postes dans le public, ça donne une autre coloration aux chiffres du chapitre 1).
Cela montre que la précision X% "dans le secteur privé" est plutôt utile.
Mais ça ne remet pas en cause les inégalités subies par les femmes.


Alors maintenant, on va revenir sur la Source 1 de l'INSEE, tout en bas de page.
On y lit "16 % (d'écart, ndlr) pour les enseignants"
Perso ça me questionne. J'y ai travaillé, je ne sais pas comment on peut expliquer cet écart : les grilles sont statutaires.
Je ne dis pas que l'INSEE donne des chiffres totalement faux, mais là je suis incapable de les interpréter. Je ne comprends juste pas


Par contre, histoire de montrer que les 18% d'écart annoncés sont encore une fois sortis de leur contexte, il est intéressant de prendre note de ces réserves :
"L’écart de revenu salarial est de 17 % dans la fonction publique territoriale (FPT) et de 21 % dans la fonction publique hospitalière (FPH). Dans la FPH, les écarts s’expliquent presque intégralement par le salaire horaire des femmes qui reste très inférieur à celui des hommes (20 %). Les femmes y sont en effet surreprésentées parmi les catégories B et C (en grande partie des infirmières et aides-soignantes) et sous-représentées parmi les catégories A (en grande partie des médecins)."

Bon bah voilà, hein.
Si on commence à comparer le salaire d'une infirmière et celui d'un médecin, c'est évident que c'est complètement absurde.
Mais, wouhou, c'est ce que fait l'INSEE.

Dernière modification par don Diego de la Vega ; 27/04/2017 à 21h54
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