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Vieux 24/01/2016, 12h00
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Oncle Barney Oncle Barney est déconnecté
Sage
 
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Par défaut [Extrait de livre] Voici pourquoi vous n'arrivez pas à progresser

(titre catchy inside)

Voici le passage d'un livre qui m'a paru éclairer ce que je constate chez moi et chez les autres dans leur développement. Plus qu'éclairer, cela m'a ouvert les yeux sur les difficultés qu'on rencontre ici à séduire, à nous améliorer.
Dites moi ce que ça évoque en vous

Extrait de "Pour des Ados Motivés" de Charles Martin-Krumm et Ilona Boniwell
(le livre contient de nombreuses perles)

Citation:
Envoyé par CHAPITRE 15 - DIFFÉRENTES CONCEPTIONS DE L’HABILETÉ

Quel état d’esprit?

Dans l’une de ses recherches incluant essentiellement des jeunes, Carol Dweck a conclu que la plupart d’entre nous tombent dans l’un des deux « états d’esprit» de base. Elle nomme le premier l’« état d’esprit statique », ou conception « entité de l’habileté ou de l’intelligence ».

Selon cette catégorie, les capacités des personnes sont déterminées et pas susceptibles de changer. D’après cette conception, les personnes sont soit intelligentes, sportives, artistes, bonnes en maths, etc., soit elles ne le sont pas. Dans cette catégorisation, les personnes sont identifiées selon leurs caractéristiques personnelles. Donc elles sont bonnes ou mauvaises, elles sont altruistes ou égoïstes et ainsi de suite. Cette vision traite les capacités et caractéristiques humaines comme si elles étaient gravées dans le marbre, et les individus comme s’ils étaient des produits finis. En d’autres termes, les capacités humaines et les comportements sont vus comme innés, et comme des objets inanimés tels que des tables et des chaises.

L’« état d’esprit évolutif», ou « conception incrémentielle de l’habileté ou de l’intelligence », a un point de départ différent. Dans cette conception, les personnes sont flexibles, malléables par essence. En d’autres termes, elles ne sont pas statiques, mais ont un immense potentiel de croissance et de développement. Dans cette conception, on considère d’un côté qu’une petite minorité de personnes sont nées avec des talents sortant de l’ordinaire (les génies). D’un autre côté, il y a celles qui ont de sévères difficultés d’apprentissage et des barrières pour apprendre, même si elles ont un potentiel important pour développer leurs capacités. Néanmoins, cette vision fait valoir que près de 95 % de la population tombent dans une catégorie intermédiaire à ces deux extrêmes et que, avec assez de motivation, d’efforts et de concentration, elles peuvent s’améliorer dans n’importe quel domaine.

Les données issues des neurosciences mettent au défi les fausses croyances selon lesquelles le cerveau aurait sa forme définitive dans la petite enfance, démontrant que cet organe peut créer de nouvelles connexions jusqu’à sa mort. Le cerveau recrée ses connexions après un accident (ex. :les personnes qui réapprennent à parler après un accident vasculaire cérébral). ll devient plus dense plus on l’utilise (ex. : certaines zones des cerveaux des musiciens grandissent avec
la pratique).

Le cerveau se compose de milliards de cellules, les neurones. Ceux-ci s’envoient des messages chimiques les uns aux autres à travers de petits interstices qu’on appelle les synapses. Chaque fois que nous apprenons quelque chose, le cerveau crée de nouvelles connexions. Plus nous l’utilisons, plus les connexions deviennent solides. La pratique de certaines activités ne nous rend pas seulement meilleur dans un domaine, cela provoque aussi des changements dans le cerveau. Une étude a observé le cerveau de conducteurs de taxi à Londres et les a comparés à ceux de personnes non conductrices de taxis. Les chercheurs ont observé la zone du cerveau qui s’occupe de l’espace en trois dimensions, l’hippocampe. Ils ont découvert que les conducteurs de taxi avaient un hippocampe plus grand que les autres. Une étude sur les musiciens a découvert que la zone du cerveau s’occupant du mécanisme du son était plus grande comparée à celle des non-musiciens.

Malgré ces nombreuses preuves apportées par les neurosciences, la croyance que nous sommes soit bons, soit mauvais dans un domaine -— et qu’il n’y a pas grand-chose que nous puissions y faire -— est très répandue. Vous pourrez constater que [les] enfants ont des attirances pour certains domaines et c’est parfaitement normal. Par exemple, [un] adolescent peut avoir une « conception statique ou entité » en maths ; cependant, lorsqu’on en vient à la pratique d'un instrument, il peut avoir une « conception évolutive ou incrementielle ». Nous ne raisonnons pas « tout blanc ou tout noir ». Cependant nous pouvons avoir une tendance naturelle à pencher vers l’une ou l’autre de ces conceptions.

Les conceptions en action


A quoi ressemblent donc ces conceptions en action? La première différence correspond à la manière dont les personnes disposant de l’une ou de l’autre des deux conceptions voient les objectifs:
elles sont orientées soit par l’envie de performance, soit par l’envie d’apprendre.

Quelqu’un ayant une conception statique voit les objectifs en termes de réussite. Ceux qui s’inscrivent dans cette conception croient que le potentiel peut être mesuré (ex. : les mauvaises notes veulent dire qu’on n’est pas intelligent). Malheureusement pour eux, à la fois la réussite et la défaite sont sources d’anxiété, dans la mesure où la personne veut continuer à être en adéquation avec le standard qu’elle s’est créée, et a peur de l’échec.

À l’inverse, les personnes s’inscrivant dans une conception plutôt incrémentielle de l’habileté ou de l’intelligence se concentrent sur les objectifs d’apprentissage. L’attention est alors portée sur la maîtrise et les compétences et pas seulement sur le fait de gagner. Ces personnes reconnaissent que les scores et les notes reflètent ce qu’a fait une personne à un moment précis, mais ne sont en aucun cas des instruments de mesure du potentiel d’une personne. On a aussi découvert que ces personnes ont vu augmenter leur efficacité et leur plaisir à exercer leurs compétences, tandis qu’elles ont vu baisser leur niveau d’émotions négatives.

Répercussions des conceptions

Cette théorie sur les conceptions de l’habileté et/ou de l’intelligence a d’énormes implications dans l’apprentissage et dans la manière dont les professeurs, les entraîneurs et/ou les parents interagissent avec les jeunes. Les chercheurs émettent l’hypothèse que, lorsque les personnes ont à faire face a des moments difficiles, la conception qu'elles ont par défaut les rendra capables ou non d'atteindre les objectifs visés, inhibera ou non leurs capacités. La conception qu'elles ont affectera leur état d'esprit face aux obstacles, les efforts à fournir afin de s'atteler au problème et leur manière de développer des stratégies pour surmonter leurs difficultés.

La conception statique

Lorsqu'une personne entretient une telle conception et qu’elle est confrontée à une situation difficile, elle aura tendance à trouver une réponse d’impuissance ». Cela signifie que face à l’échec ou à un défi, elle n'aura pas la présence d’esprit d’acquérir les connaissances requises. Elle peut alors être déprimée, sans énergie et perdre son estime d’elle-même. Elle dénigre ses capacités, sous-estime ses succès passés et surestime ses échecs. En conséquence, elle explique la cause des événements comme quelque chose venant d’elle.

De même, l’« effort » ou le fait de travailler intensément est perçu comme une corvée. Ces personnes voient cela comme le reflet de leurs faibles capacités, dans la mesure où le fait de travailler intensément signifie qu’elles n’ont jamais été bonnes. Dit simple- ment, l’effort correspond à un manque de capacités. Comme cette conception de l’habileté est opposée à l’effort, les personnes font en sorte de développer des stratégies entravant toute progression par rapport à leur état actuel. Elles continuent à utiliser les mauvaises stratégies lorsqu’elles sont confrontées à un nouveau problème. Lorsque cela ne marche pas, elles se désengagent du problème et finissent par abandonner, en cherchant des bonnes excuses à leurs échecs par exemple.


La conception incrémentielle

En situation d'adversité ou de défi, les personnes entretenant une telle conception ont tendance à utiliser une "réponse de maîtrise" leur permettant d'être en situation d'apprentissage. Elles trouvent de nouvelles manières de faire les choses, car elles n'ont pas peur d'échouer dans le processus. Lorsqu'elles seront confrontées à des tests impossibles à réussir, elles trouveront d'autres facteurs expliquant leur échec et ne mettront pas en cause leurs capacités (ex: ce test était au-delà de mes capacités présentes"). Pour ces personnes, l'effort est un bon mot car il donne de la valeur au travail! Elles le voient comme une partie nécessaire à la réussite et essaient avec encore plus de vigueur lorsqu'un obstacle les empêche d'avancer. Dit simplement, l'effort est pour elles égal à la réussite. Enfin, les stratégies utilisées consistent à générer d'autres manières de faire les choses. Ainsi, si une route ne fonctionne pas, elles en essaieront d'autres. Elles ont tendance à penser en dehors des sentiers battus. C'est pourquoi il y a plusieurs avantages à adopter cette conception, surtout face à des obstacles.
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Dernière modification par Oncle Barney ; 24/01/2016 à 17h26
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