Afficher un message
 
Vieux 21/12/2015, 03h29
Damemas Damemas est déconnecté
Motivé
 
Date d'inscription: juillet 2013
Messages: 218
Par défaut

Zorro > Bon, il y a beaucoup à dire et tu me connais je suis pas super douée pour la synthèse (surtout tard la nuit). Et tu soulèves des trucs assez complexes (et forcément si on parle politique, socio et psycho il y a du jargon), donc je te préviens accroche toi

Citation:
Envoyé par don Diego de la Vega Voir le message
Je suis retourné sur le blog en question pour choper quelques bouts de phrase, mais l'article en question semble avoir été supprimé.
Fais refresh, j'ai cru pareil au début mais l'article est bien toujours là.

Citation:
J'en ai profité pour lire d'autres trucs, même impression de "beurk". Une volonté de réfléchir et de décortiquer, qui tombe à mon avis quasiment systématiquement à côté de la plaque.
Une vision des choses tellement orientée "suprématie blanche" que dès le début je ne peux pas valider le truc.
Le ton employé est juste horrible.
Sans déconner, la meuf te fait bien comprendre que déjà si t'es pas une femme noire, limite ça sert à rien de lui parler...
C'est bien ce que je dis : tu te braques, n'écoute pas vraiment parce que tu es heurté par certains mots que tu ne comprends pas vraiment (ex: patriarcat, suprématie blanche, whitesplaining...) ou le ton employé (et je crois que j'avais déjà abordé avec toi dans un autre topic le fait de vouloir policer le ton des gens qui reportent une oppression).

Par exemple, "suprématie blanche" n'est pas une insulte. Ca ne veut pas dire que tous les blancs sont des connards. Ce n'est pas une attaque personnelle. Ca veut juste dire qu'on est dans un système qui favorise les blancs (et ça c'est pas un ressenti hein, c'est une réalité ; études historiques et sociologiques à l'appui).

En analyse politique / sociologique, faut vraiment virer son égo de l'équation ou penser que parce qu'on fait partie des privilégies on est des gros connards. C'est pas de ça dont il s'agit.

Le racisme c'est un sujet inconfortable au début quand on est blanc (je le sais je suis blanche, et les premières fois j'ai pu comme toi me sentir visée injustement, agressée, ...), surtout parce qu'on a jamais envie de faire partie des méchants, on a pas envie d'être vue comme une mauvaise personne, de se sentir mal.
Ou parce que tout de suite quand on te dit "ton comportement est raciste", "cette phrase est raciste" ; tu te dis "mais oh grand dieu non, c'est pas vrai je suis une bonne personne, j'ai rien à voir avec ces militants FN qui déversent leur haine sur les noirs et les arabes, comment tu peux me mettre dans le même sac qu'eux ?".
(Pareil pour le sexisme et le "oh la la mais je suis pas un macho misogyne qui ne respecte pas les femmes moi ou qui va taper et violer sa meuf")

Mais tu sais quoi ? Le racisme c'est pas seulement les trucs obvious ou violents, c'est plus pernicieux (je t'invite à regarder le sujet des microagressions par exemple type "tu viens d'où ?").
On a été élevés dans une société raciste (et sexiste) c'est normal que nos attitudes (pensées), comportements puissent être racistes même inconsciemment, et ça fait pas de nous des mauvaises personnes. Ce qui ferait de nous des mauvaises personnes c'est de le savoir, d'être conscient de ces mécanismes et de ne pas essayer de corriger ses propres comportements.

Et j'ai beau m'éduquer sur le sujet, faire gaffe, apprendre et corriger mes comportements à ce sujet je ne serai jamais safe pour une personne "racisée" (non ce terme n'est pas une insulte ni raciste, juste un terme politique et sociologique), parce que je peux pas effacer 25 ans de socialisation, de représentations limitées et biaisées et que ouais je suis pas à l'abri de sortir une connerie raciste sans le vouloir, ou d'ignorer involontairement des problèmes que je ne rencontrerai jamais parce que je suis blanche, ou de me rendre compte que j'ai encore tel ou tel préjugé infondé.
Et même pour le sexisme alors que je suis une femme, ça ne m'empêche pas d'être sexiste / misogyne (la différence contrairement à un homme c'est que si inconsciemment j'enfonce une femme pour tel ou tel truc je m'enfonce aussi en fait).

Du coup pour ce qui est de l'impression (exagérée en plus je pense) du "si t'es pas une femme noire ne me parle pas", il faut remettre dans le contexte ; c'est une femme noire qui parle de racisme et des expériences de femmes noires sur internet.
T'imagine pas le torrent de boue qu'elle se prend dans la tronche.
Elle a pas le temps d'éduquer TOU.TE.S les blanc.he.s et tous les hommes qui vont passer sur son blog et lui ressortir des trucs qu'elle a déjà entendu mille fois (et déjà débunké 100 fois).
Et j'ai déjà parlé avec toi du coût émotionnel de parler d'une oppression (tu peux juste PAS toujours t'engager dans une conversation de ce type avec tout le monde, ça demande trop d'énergie quand tes expériences sont constamment reniées) et vu ce que je t'ai dit au-dessus vu que tu as une position de dominant tu ne seras jamais safe pour elle.

En gros ça veut juste dire : si tu n'es pas prêt à écouter véritablement, à te remettre en cause, à laisser ton égo de côté quand je parle de sexisme / racisme, à t'éduquer activement de ton côté (en cherchant l'info et pas en demandant toujours aux minorités de t'expliquer en leçon privé) et que tu n'as pas conscience que c'est un processus continu d'essayer de se débarrasser de son racisme de son sexisme (qu'on est jamais 100% safe) alors oui il vaut mieux ne pas engager de conversation avec elle parce qu'au mieux elle va t'ignorer au pire elle te rentre dedans.

Mais tu sais quoi ? C'est pas si compliqué en fait, et pour suivre de nombreuses afrofem sur Twitter, et pour avoir des amies afrofem ou justes noires intéressées par ces questions, ça ne m'a jamais empêché de pouvoir parler de ces sujets avec elles, ou de nouer des liens avec elles.
Et ça m'est arrivé de merder devant elles mais vu qu'elles savaient que j'étais capable d'écouter et de me remettre en question bah elles me disaient "bon ce que tu dis c'est faux / raciste parce que 1, 2 et 3" et je disais "ok je vais regarder ça", je regardais de mon côté (parce que l'idée c'est pas juste de dire "oopsie tu as forcément raison et maintenant je recrache ce que tu me dis même si j'ai pas compris") et je me faisais mon idée (et souvent réalisais mon erreur et j'apprenais plein de trucs / faits cools).

Citation:
Elle t'explique que si t'es blanc tu ne peux par définition pas avoir déjà eu affaire à du racisme (faudrait qu'elle développe parce que ça c'est du lourd).
Ou sinon, qu'utiliser le mot "nègre" est évidement raciste.. Par contre ça la dérange pas que dans sa liste de blogs amis il y en ai un qui s'appelle Nigger Inverted.
Ah mais oui, c'est raciste que si c'est un blanc qui le dit. Suis-je bête ? Juste un truc qui semble échapper à ce fameux "privilège blanc".
Ca c'est parce que la définition de "racisme" au sens politique / sociologique est mal connue et dans le sens commun on utilise le mot racisme à tort et à travers.
Je viens de voir que cette blogueuse en a parlé ici : https://msdreydful.wordpress.com/201...ion-politique/

Mais surtout encore une vidéo courte et cool (anglais sous titrée) : 5 things you should know about racism qui explique la définition de racisme, et ce qui est du racisme ou pas du racisme.

Le racisme en politique / sociologie c'est pas juste "préjugé, attitude hostile envers un groupe d'une certaine race" parce que c'est oublier la structure de pouvoir qui fait qu'il y a des dominants et des dominés.
Car le racisme c'est aussi et surtout une idéologie de hiérarchisation
(blancs supérieurs à tout le reste), et notre société porte les stigmates de cette idéologie (parce que c'est pas un truc resté dans le monde des idées ça a vraiment été enforcé : colonialisation par exemple) il y a une idée de pouvoir derrière.
Donc pour pouvoir subir du racisme il faut être victime d'un préjugé racial (attitude hostile envers son groupe racial) et être en position de dominé.

Ce n'est pas juste un problème interpersonnel (d'une personne à une autre) mais aussi systémique (les institutions qui jouent contre certains groupes et pour d'autres).

Du coup si un noir te traite de "sale blanc" "connard de babtou" ou qu'on dit "les blancs sont des voleurs", effectivement c'est con, c'est insultant, c'est méchant, ou même un préjugé, mais ce n'est pas du racisme parce que les noirs n'ont pas le pouvoir, les blancs l'ont, et que concrètement ça ne va pas changer le cours de ta journée / ton existence (puisque les institutions vont jouer dans ton sens, que les représentations dans les médias ne vont pas véhiculer / amplifier cette image négative). Ca reste juste pour toi un problème interpersonnel (de personne à personne).

Alors que pour un arabe le préjugé "les arabes sont tous des voleurs/terroristes" a un réel effet puisque les arabes ne sont pas au pouvoir (leur représentation est limitée dans les institutions et les média, et ils n'ont pas le contrôle sur leur image dans les représentations) et donc ces préjugés diffusés à large échelle vont les affecter dans leur vie quotidienne (ex: contrôle au faciès, discrimination embauche et logement).

C'est pour ça qu'elle dit (et que les sociologues disent) qu'un blanc ne peut pas subir de racisme, ou que le racisme anti-blanc est une vaste fumisterie (puisqu'il n'y a pas de système d'oppression envers les blancs).

Dernière modification par Damemas ; 21/12/2015 à 03h51
Réponse avec citation