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III Une histoire des sciences sociales et comportementales

J'attendais quelques références solides, elles sont dispersées mais j'en ai eues.
«*Le don*» de Mauss. Lumineux, paraît-il, et ce n'est pas la première fois que je le vois référencé. Sur les relations humaines.
«*La mise en scène de la vie quotidienne*» de Goffmann. C'est un auteur que j'ai déjà croisé dans «*stigmates*», vraiment bien.
Winkin, pour la dénonciation des dérives de la communication
Le Goff, sur l'entreprise.
Feyereisen et Lannoy «*psychologie du geste*», Barrier «*la communication non verbale*», ET Hall, l'école de Palo Alto, sur la compréhension des gestes (en opposition aux bouquins de Messinger et Truchet). Tout le travail de Desmond Morris (le zoo humain, le langage des gestes) sur l'éthologie, qui a été pillé.

Les sciences se construisent lentement, avec des observations, des théories, des expérimentations, des articles reprenant la littérature existante sur le sujet (faire «*l'état de l'art*») et citant ses sources, des colloques pour échanger.
Le système n'est pas parfait, il y a des fraudeurs (et des limites, perso je trouve le système de publication vraiment pas optimisé et tombé entre les mains de maisons d'édition qui font du fric sur le dos des chercheurs et pénalisent la recherche en lançant une course à la publication mais passons), mais il marche.


Chronologie de la science des gestes

Époque antique (que des grecs)

-500, Pythagore se penche sur la corrélation entre forme du visage et comportement.
-400, Hyppocrate range les gens entre maigres et gros, et établit la théorie des 4 humeurs (liées aux 4 éléments)
-339, Aristote écrit «*physiognomonie*», sur l'interprétation du caractère des individus à partir de leur physionomie
-170, Galien établit les 4 tempéramments à partir des 4 humeurs de Aristote. Bile jaune, noire, sang et pituite seront étudiés jusqu'au 19eme siècle. Le problème n'est pas de classer, mais de classer à outrance et de faire rentrer de force les gens dans les catégories quitte à simplifier la réalité.

L'âge classique

1586, Della Porta rajeunit Aristote (la renaissance éprouve une passion pour l'antiquité) avec De Humana*Physiognomia. Il établit des corrélations entre visages humains et animaux pour percer à jour le caractère des individus.
1775, Johann Caspar Lavater, «*Physiognomonie, ou l'art de connaître les hommes*» qui ouvre la porte à toutes les pseudo-sciences modernes.
Le début du 19eme siècle, scientiste, voit l'essor de la cranioscopie et phrénologie, où l'étude des «*bosses*» du cerveau ou de la forme du crâne permettrait de comprendre la personnalité des individus (J Gall avait eu l'intuition de zones du cerveau, prouvée par IRM, et l'expression «*avoir la bosse des maths est restée).
1876, Lombrioso dans «*l'homme criminel*» essaie de réaliser des études statistiques sur apparence du visage et criminalité.

Années 1920

Après l'essor de la psychiatrie et psychanalyse (Freud), émergent deux grosses théories en 1921, celle de Kretschmer et celle de Jung (je ne détaille pas, ça devient plus complexe, mais il est à la base de la notion d'extraversion et introversion).
Dans les années 50 on remet à jour des choses anciennes (morphopsychologie = signification des visages), caractérologie, prosopologie (étude des muscles du visage). Depuis le début, l'objectif est de mettre à jour la vraie nature des personnes, leur vraie personnalité.

Âge contemporain

À partir des années 1980, ils connaissent un triomphe. Plusieurs raisons*: psychologisation des relations, pertes de modèles (dont religieux), apparition de nouvelles disciplines…
Dans les années 60 et 70, naissent la Programmation Neuro-Linguistique et l'Analyse Transactionnelle (PNL*et AT) aux États-Unis, sur les bases de la psychologie, la linguistique et les avancées de la neurologie. Elles sont rapidement détournées, et ce phénomène décomplexe les gourous/vendeurs de rêves.
Aujourd'hui, ces nouvelles sciences proposent de lire autrui avec pour but plus ou moins avoué de prendre le contrôle ou l'ascendant.
1980, François Suger consacre la gestuologie dans «*les gestes-vérité*».
Les entreprises essaient d'améliorer les «*process com*» ou la «*mécommunication*«* entre salariés à coups de théories simplifiées d'AT.
1983, Veyrat créet la morphogestuelle
1990, Lepelletier et Drouet créent la morphobiologie (marque déposée). En 2000, ils créent la morphopsychologie.
Turchet «*invente*» la synergologie. [là il démonte la synergologie sur 3 pages]. Dans sa suite, Messinger, Rebel «*le langage du corps*»


IV Mon ressenti

Un livre qui correspond à ce que j'attendais: dénoncer les dérives, donner quelques pistes pour les études scientifiques, faire un point sur le monde du développement personnel.

Moi-même travaillant dans les ressources humaines, je pense qu'il faut faire très attention à tous ces sémaires/formations qui peuvent prospérer. Je me souviens avoir lu il y a quelques temps une étude de Mivilud (organisme de surveillance des sectes) disant qu'elles passaient parfois par le développement personnel pour entrer dans l'entreprise.

Autre chose, je pense que certains des bouquins (par exemple ceux de Messinger) sont caricaturaux. Mais il y en a d'autres plus subtils, qui correspondent malgré tout à des arnaques. C'est important d'avoir un regard critique, et plus le temps passe, plus la différence sera difficile à faire (exemple on abandonne la mystery method pour du travail sur soi, d'épanouissement et de sincérité, etc…).

Bref, un terrain pas facile mais intéressant. Je voulais aussi avoir un garde-fou avant de commencer à étudier la PNL et l'AT, parce que ce sont des outils intéressants mais avec beaucoup de dérives possibles.