Grosse remise en question
Bonjour à tous,
Je me lance dans une introspection concernant une situation délicate que je traverse, et j'aimerais avoir vos retours d'expérience ou simplement votre point de vue extérieur. Préparez-vous, cela va être un énorme pavé.
Pour vous donner le contexte :
Je suis en couple avec Anne depuis cinq ans, et nous approchons tous deux de la trentaine.
Notre relation est très forte, j'ai redécouvert ce qu'était réellement une relation amoureuse avec elle. Avant, avec mes ex, j'avais besoin de moments seuls, et j'avais du mal à simplement profiter de moments tranquilles ensemble. Avec Anne, c'est différent : on adore passer du temps à deux, et sur le papier, tout semble parfait pour une relation durable.
Cependant, récemment, nous avons frôlé le précipice.
La situation qui a tout déclenché
Après plus de cinq ans de vie commune, nous avons commencé à chercher une maison à acheter. Très vite, nous avons trouvé un bien qui correspondait à nos critères, mais il fallait se positionner rapidement. Pour moi, cela allait trop vite, et ça m'a étouffé. Je suis quelqu'un qui aime prendre le temps de bien peser le pour et le contre. En plus, mes parents, qui ont toujours été très protecteurs, m'ont exprimé leurs doutes et m'ont finalement conseillé de ne pas me positionner sur ce bien et ce pour différentes raisons (Le fait que j’allais trop vite, qu’on venait de commencer les recherches, que le bien n’était pas bien disposé etc.). Je les ai écoutés.
Cette décision a créé un climat de tension dans notre couple, et ce n'était pas la première fois que nos relations respectives avec nos parents venaient compliquer notre relation.
Les parents d’Anne
Pour comprendre mes craintes, il faut parler un peu des parents d’Anne. Je n’ai aucun problème avec eux en soi, mais ils sont à l'opposé de l’éducation que j’ai reçue et du cadre dans lequel j'ai grandi. Alors que j’ai grandi dans un environnement strict et rigide, les parents d’Anne sont plutôt dans l’excès et l’irrationalité. Ils vivent au-dessus de leurs moyens, accumulent les dettes, et se tournent souvent vers Anne pour les aider, ce qui lui prend énormément d’énergie. Cela me préoccupe car, bien qu’Anne ait fait un énorme travail sur elle-même pour se détacher de ce schéma, cela reste une épée de Damoclès au-dessus de nous. Je crains qu'un jour, elle doive encore réparer leurs erreurs, ce qui pourrait affecter notre foyer. De nombreux exemples peuvent illustrer mes craintes. Ils lui ont pris sa voiture à un moment car ils avaient besoin d’une voiture. Ils sont venus lui demander des sous pour acheter des clopes quand ils étaient au chômage etc. C’est le genre de famille où comme les parents considèrent qu’ils ont donné pour l’éducation de leur enfant, tout leur est dû ensuite. Quand elle vivait chez eux, c’était un peu Cendrillon. D’une certaine manière, elle était les parents de ses parents. Suite à un énorme travail d’introspection, elle a compris que ce besoin permanent de se rendre indispensable auprès de ses parents reflétait une crainte où pour elle cet unique lien traduisait une forme d’amour et qu’elle avait peur que si elle cassait cette dynamique il n’y ait plus d’amour.
Mes parents
De l’autre côté, il y a mes parents, avec qui j’ai une relation très fusionnelle. Ils ont toujours été présents pour moi, et je me rends compte que je les laisse trop intervenir dans ma vie, ce qui m'empêche de m'émanciper complètement. J’ai grandi en étant l’enfant « parfait », celui qui suit les règles, qui ne fait pas de vagues, et qui écoute ses parents (Toujours des bons résultats, l’enfant sage etc.).
Le problème, c’est que mes parents ont une aversion au risque très poussée. Ils ont cette capacité à me faire douter en quelques secondes, en posant des questions qui génèrent du stress : « Es-tu sûr de vouloir t’endetter sur 30 ans ? », « Es-tu sûr que cette maison est bien disposée ? » ou encore « Et si Anne ne peut plus payer à cause de ses parents, qui va payer ? ». Toutes ces questions m’ont finalement poussé à me désister de l’achat de la maison, ce qui a ajouté une nouvelle tension dans mon couple. On peut généraliser cette forme d’aversion risque, c’est possible également que cela soit corrélé avec l’âge vieillissant des parents où ils n’ont plus cette « fougue » de leur jeunesse, même si ça a toujours été marqué chez eux. Ils peuvent me faire douter pour rien : « Es-tu sûr de vouloir changer de boulot ? Tu sais ce que tu perds, mais pas ce que tu retrouves. », « T’es sûr que tu veux mettre ça, il fait froid dehors » etc. Je caricature volontairement le trait, mais c’est pour illustrer ce côté-là .
Mes parents n’ont pas l’air fan de ma relation avec Anne : d'abord à cause des parents d’Anne qu'ils jugent irresponsables (Pour eux, c’est un énorme risque, quand on choisit une femme, on prend aussi tout le package qui va avec), et ensuite parce qu'ils estiment qu’Anne me « marche dessus », dans le sens où elle exprime clairement ses projets (mariage, enfants), et ils ont l'impression que je subis ces décisions sans m'affirmer (Quand Anne discute avec les autres, elle peut dire « J’ai envie de me marier, je vois un mariage comme ça, comme ça. Ma maison sera comme ça, comme ça », et en l’écoutant, ils ont l’impression qu’elle exprime ses projets et pas nos projets).
Anne
Anne m’aime énormément, mais elle est blessée de voir que je choisis souvent mes parents avant elle. Elle fait beaucoup de compromis au quotidien et a le sentiment que je n’en fais aucun en retour, ce qui la déçoit profondément. Elle pense que mes parents me manipulent et que je ne fais pas d’efforts pour notre relation. Elle a grandi avec toutes les comédies romantiques et j’en passe, et ne comprend pas pourquoi elle n’est pas traitée comme une « princesse ».
Mon introspection
Et moi, dans tout ça ? Je me sens tiraillé entre deux chaises, sans savoir quoi faire. J’aime Anne, et j’aime mes parents, et j’ai du mal à ignorer leurs conseils, car au fond, je me dis qu’ils ont sûrement raison. Le problème, c’est que communiquer avec l’un ou l’autre revient souvent à alimenter la méfiance ou la rancœur envers l’autre. Et Anne n’a pas tort : avec une relation si fusionnelle avec mes parents, je n’ai jamais vraiment réfléchi ou agi par moi-même. J’ai grandi dans cette « cage dorée » où mes parents rattrapaient toujours la moindre difficulté, ce qui fait que je n’ai jamais vraiment eu à prendre mes propres décisions ou vraiment appris à tomber.
Aujourd’hui, je me rends compte que je me complais dans ce confort, et que je ne fais pas suffisamment d’efforts pour m’impliquer dans des projets plus sérieux avec Anne, comme le mariage ou les enfants. Je me dis que j’aurai le temps plus tard, alors qu’Anne, elle, est déjà prête. Et je ne me suis jamais posé sérieusement la question sur tout ça, je pense que ça viendra, mais là , je considère que nous sommes encore « jeune » et que s’aimer est le principal et que tout le reste n’est qu’accessoire. Mais encore une fois, faisant moins de compromis, c’est sans doute un sentiment logique là où l’autre partie en attend plus. J’ai des projets à côté qui peuvent être des « exutoires » ou finalement, en me consacrant à eux, j’omets volontairement tout ça pour « fuir mes responsabilités ».
En y réfléchissant bien, mes parents et Anne ont un point de vue similaire : ils pensent tous les deux que je m’écrase dans les situations difficiles. Et mine de rien, l’un comme l’autre doivent m’infantiliser. Et peut-être ont-ils raison. Peut-être qu’il est temps pour moi de grandir, de faire mes propres choix, d’être plus présent et impliqué, plutôt que de me laisser porter par ce que l’on me dicte.
J’aime Anne et je me vois continuer ma vie avec elle, mais je ne peux m’empêcher de voir les problèmes potentiels avec ses parents comme une épée de Damoclès au-dessus de notre couple. Et en même temps, je reconnais que mes propres parents peuvent aussi être une source de problèmes, mais d’une autre manière. En effet, je sais que je peux compter sur eux, donc c’est une solution de « facilité » que de les solliciter si j’ai besoin, mais le prix à payer, c’est que derrière, j’entretiens ce côté « intrusif ».
J’ai aussi tendance à voir ma vie comme un « business plan » : je ne fais pas certaines choses parce que ce n’est pas le bon moment financièrement. Le mariage ? Ça coûte de l’argent, faut l’avoir. Un enfant ? Oulala, faut pouvoir se le permettre.
Conclusion
Je fais ce message pour essayer d’avoir des retours d’expérience. Qui est dans le vrai, qui est dans le faux ? C’est une situation vraiment délicate, et je ne peux pas faire abstraction du discours de mes parents. Qu’en pensez-vous ?
Merci d’avance pour vos retours.
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