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Vieux 27/09/2021, 21h53
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l'objectif des rapports h/f s'est appauvri
Je ne dirais pas qu'il s'est appauvri: je dirais qu'il s'est compliqué/obscurci.

Ce que tu dis sur les nouveaux outils est juste mais peut s'appliquer à l'ensemble du corps social dont les relations HF sont un pan: tout se theatralise, on est en représentation de soi permanente et pas étonnant, au fond, que ce qui est appris depuis petit comme théatralisable chez chaque genre se retrouve exacerbé online. Le virtuel c'est un déplacement, en plus poussé, de ce qui est déjà là avant.

En fait, je crois que tout le monde est paumé parce que le rapport de force change: pendant des millénaires, grâce au catholicisme, la division genrée et ce qui était attendu par chacun était clair, limpide. Même si on ne s'y reconnaissait pas, au fond, c'était mieux: on était un VRAI anticonformiste! Certes, c'était dangereux oui, mais c'était net et rassurant.

Aujourd'hui, surtout depuis que le féminisme est rentré dans la popculture, pour le meilleur et pour le pire, et a quitté les universités et les essayistes, ce rapport peaufiné et mis en place depuis 2000 ans devient non plus un modèle positionné, ferme, où se situer, mais une QUESTION. Et ça c'est très effrayant. Qu'est ce que ça veut dire être un homme? qu'est ce que ça veut dire être une femme? Et au cœur du féminisme, le principe de base, c'est de garder ces questions là ouvertes, d'en discuter. De permettre à chacun d'apporter sa propre réponse.

Or, c'est super dur, pour tout un chacun, d'y répondre. C'est un effort énorme, lourd de conséquences, plus facile pour certains que pour d'autres. D'autant qu'on ne remet pas un modèle de plus de 2000 ans aux orties comme ça, c'est super dur. Moi j'aime ce féminisme là, cette branche là, qui questionne, qui circule; pas les féministes qui passent d'un modèle à un autre, parce que par essence aucun n'est idéal, tous ont des défauts et des avantages, et le rapport de force existera toujours, puisque dès qu'il y a société, il y a rapport.

C'est assez logique que tout le monde soit perdu: une question aussi dure, que même un grand philosophe peinerait à poser pour lui-même, elle est posée à tout le monde d'un coup. Dont des gens limités intellectuellement. Sans blague/péjoratif de ma part, plein de gens sont littéralement incapables de transformer le modèle en question à poser. Et on fait quoi? On propose quoi? On aiguille comment?

Je ne suis pas contre le modèle conservateur patriarcal, en soi. Par contre, nier qu'il est source de souffrance pour plein de gens, c'est ridicule. Nier qu'il ne convient pas à tout le monde, c'est ridicule. Penser que faute d'alternative qui fasse consensus, le modèle est idéal, c'est ridicule.

Pour avoir expérimenté moi-même un modèle de vie peu courant (le trouple bisexuel) je peux témoigner que les nouveaux repères sont longs à venir et à mettre en place.

Je pense qu'on est dans une époque aussi riche que dangereuse: laisser les gens sans modèle au nom d'une liberté forcément vue comme bonne est illusoire; laisser la question sans donner des outils pour y répondre soi-même aussi.

Je suis partisan du test et de l'autonomie: testez des approches, des changements, interrogez, questionnez, essayez. Sans vous fermer ni attendre de configuration idéale. Tout comme la personne idéale, elle n'existe pas.
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