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Vieux 13/09/2020, 21h51
stephub stephub est déconnecté
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Briser la solitude

Cependant ma vie affective était au point mort, je ne sortais quasiment pas en soirée, la plupart de mes potes étaient casés et j’avais perdu de vue les autres. Ce fut long à me reconstruire un réseau et j’étais de toute façon très occupé.
Finalement, après quelques mois de ce rythme de vie quasi monacal, j’accompagnais des collègues dans un bar latino à Paris lors d’un match de la coupe de monde qui se passait au Brésil. Je remarquais une jolie fille se tenant à l’écart d’un groupe et qui semblait s’ennuyer. Sans doute légèrement grisé par l’alcool et l’ambiance festive, je l’abordai d’un ton désinvolte. Elle apprécia mon initiative donc nous continuâmes la conversation, elle venait du Mexique et elle était en stage à Paris. Nous discutâmes un temps jusqu’au moment où le personnel du bar retira les tables pour faire de la place sur la piste. Le DJ monta le son, j’en profitai pour l’inviter à danser malgré mon peu de connaissance de la salsa. Elle se montra compréhensive et nous commençâmes à nous coller l’un à l’autre. Ses amis nous laissèrent tranquilles, je me sentais léger, le désir montait en moi mais je n’osais pas l’embrasser, faire le pas décisif en prenant le risque d’être rejeté. Le temps passa, elle finit par s’en aller avec ses copines et je n’eus même pas la présence d’esprit de lui demander son numéro. Ce ne fut qu’après, lorsque je me retrouvai seul, que je me rendis compte de ma connerie et je le regretterais pendant longtemps. Au moins cet épisode me servit d’électrochoc, je pris conscience que cette situation ne pouvait plus durer et que j’avais besoin de trouver une copine.

C’est à ce moment-là que mon pote Vincent se fit larguer, je retrouvais donc un compère célibataire motivé pour sortir et faire des rencontres même si j’avais toujours peu d’occasions en raison de mon engagement associatif. On redécouvrit les sorties dans les bars et boîtes de Paris pour draguer comme des novices, un peu déboussolés mais excités par l’inconnu. On se fit recaler de temps en temps à l’entrée, souvent il ne se passa rien avec les filles mais on persévérait.
Finalement je finis par chopper une nana dans un bar dansant près des grands boulevards. Elle fit le premier pas en me posant une question banale et j’embrayai là-dessus en confiance. A nouveau je constatais ma métamorphose en soirée sur la piste de danse avec de la musique et la lumière tamisée : j’étais plus détendu, à la recherche de rencontres. Donc je ne tardai pas à lui proposer de danser ensemble et nos corps se rapprochèrent, je la serrai dans mes bras puis je remontai ma main pour saisir délicatement son coup et l’embrasser langoureusement. Un collègue était présent par hasard avec ses potes, cela me fit une réputation de dragueur bien loin de la réalité à l’époque.

Ensuite on se vit régulièrement avec la nana et je finis par me lancer en l’invitant un soir à dîner chez moi. J’étais pressé de passer à la vitesse supérieure pour exorciser toutes mes frustrations mais j’étais encore loin de la fin de mes peines. Pourtant tout se passait bien, elle avait apprécié ma cuisine, on était passé à l’effeuillage pour le dessert et elle avait l’air très à l’aise contrairement à moi. Je commençai par lui caresser le clitoris afin de me mettre en confiance en lui donnant du plaisir puis je saisis une capote mais elle décida d’abord de me récompenser par une gâterie. C’était la première pipe de ma vie, j’étais surpris et à peine se mit-elle à l’œuvre que je jouis. J’étais très gêné, elle était évidemment surprise mais elle ne le prit pas trop mal. Je décidai de lui faire un cunnilingus en attendant de bander à nouveau mais ça ne revint pas. J’étais à nouveau confronté à mon impuissance et à mon manque de contrôle comme avec Sonia, le problème n’était pas du tout résolu. Vexé et honteux, je m’enfermais dans le silence même si elle se montra très gentille et patiente à mon égard. On continua de se voir après mais elle évita les situations propices au sexe sauf une fois chez elle où, après avoir pris du plaisir avec mes caresses, elle me proposa une nouvelle fellation que je déclinai par pudeur et aussi en redoutant de subir le même échec. Elle me quitta peu de temps après probablement lassée par mon insistance pour coucher ensemble. Retour à la case départ.

Deuxième élément perturbateur : le nouveau Captain

Quelques semaines plus tard, j’allais à Rennes pour un week-end avec des potes de prépa dont le dénommé Captain. On s’était un peu perdu de vue mais j’avais pu observer l’évolution de sa personnalité au gré de nos retrouvailles épisodiques. Le jeune homme que j’avais connu en prépa fondu de sciences pures, très bon pédagogue, doué pour les imitations ironiques de nos professeurs mais un peu réservé avait laissé progressivement place à un jeune homme décontracté, confiant, épanoui et à l’humour communicatif. De par nos rares discussions, j’avais compris qu’il avait éclos suite à son entrée dans la vie active à Paris en devenant un grand dragueur et je voulais mettre à profit ce week-end pour en savoir plus. Il se confia à nous sans ambages, de manière très simple avec quelques formules qui me frappèrent comme « l’important ce n’est pas le pourcentage de réussite mais le nombre de réussites ». C’est-à-dire il ne faut pas se laisser abattre par les échecs mais continuer inlassablement et ça finirait par payer. Il nous racontait ses débuts craintifs et hasardeux puis ses premiers succès et enfin un état de grâce où il multipliait les conquêtes en tout lieu et en toute situation jusqu’à en devenir saturé.

Son discours fit le plus grand effet sur ma conception des relations entre filles et garçons et notamment sur la drague. J’avais jusqu’ici une image très idéaliste de la femme à la fois vertueuse et inaccessible qui était bien mise à mal par la description de ces expériences concrètes. Ainsi il était possible de séduire des nanas en grande quantité en pratiquant la drague inlassablement et la confiance viendrait avec les premières conquêtes. Je ne réalisais pas encore tout ce que cela signifiait et je n’osais pas lui en parler plus en détails de peur de montrer mon ignorance sur le sujet mais j’y réfléchis longtemps après cette rencontre, je sentais qu’il y avait quelque chose à creuser, que ma vision était erronée.

Troisième élément perturbateur : face à la vérité

Quelques mois plus tard intervint un élément déterminant dans ma vie affective lors d’une banale soirée encore avec mes potes de prépa sur Paris. Au hasard de la conversation j’appris que mon amour de l’époque, Sonia, avec qui j’avais eu une histoire passionnée, avait couché avec un sombre type de ma classe quelques mois après notre rupture. Je n’étais pas sûr d’avoir bien entendu mais je n’osais en parler devant tout le monde donc j’attendis la fin de la soirée pour demander la confirmation à un ami qui acquiesça en précisant à la vue de mon regard désespéré que ça n’avait pas duré longtemps.

A ces mots, mon cœur s’arrêta de battre et mon estomac se noua. Le monde idéaliste que j’avais bâti autour de moi s’écroulait, le voile de mon ignorance naïve se déchirait et me laissait entrevoir la réalité brute, sans interprétation possible. C’était un fait indéniable. J’étais déboussolé, je titubais en rentrant chez moi. Je me rendais compte qu’il y avait quelque chose qui clochait en moi, j’étais complètement déconnecté de la réalité car jamais je n’aurais imaginé cela. J’avais idéalisé notre relation avec Sonia à un point où je la croyais unique et exclusive ou du moins mon orgueil ne pouvait concevoir qu’un gars de mes connaissances puisse coucher avec elle. J’avais déjà pris conscience de certaines incohérences de mon système de pensée mais là c’était le coup de tonnerre dans mon esprit obscur. Plus rien ne serait comme avant.

Pendant plusieurs mois l’image de Sonia avec ce type me hanta, je voulais bien ne plus être avec elle mais je ne concevais pas qu’un autre prenne ma place et encore moins un type comme lui. C’était puéril de ma part mais je ne pouvais plus me cacher ces sentiments qui me harcelaient en continue, je n’arrêtais pas d’y penser, j’avais des maux d’estomacs, je ne dormais plus la nuit. Pendant mes longues périodes de solitude j’avais pris l’habitude de me réfugier dans le souvenir de notre histoire avec Sonia et désormais je ne pouvais plus utiliser ce réconfort mental. Ou plutôt cette prison car cette technique de secours m’empêchait d’aller de l’avant. Cette fois-ci je m’obligeais à regarder la vérité en face, je ne voulais plus rien me cacher même si c’était douloureux. La honte et le désespoir me submergèrent mais je continuais de ressasser ces images en les confrontant à celles, naïves et idéalistes, que j’avais imaginé après notre rupture pour me réconforter. Je replongeais dans mon passé avec mes yeux neufs pour comprendre ce qu’il s’était passé et comment j’avais pu en arriver là.

C’était trop dur pour garder cette souffrance pour moi, je décidais donc de l’exprimer à mon pote Vincent lors d’un voyage en Inde. J’étais hanté par cet échec avec Sonia, j’avais tout fait de travers, j’en avais les larmes aux yeux et la gorge étouffée par la honte quand je lui en parlais. Cela me fit du bien de me confier à lui, je me libérais d’un fardeau et il me réconforta. Mes frustrations enfouies depuis longtemps traversaient mon corps et se diluaient dans mes larmes ou s’évaporaient dans mes paroles. Les pensées négatives agissent sur le corps jusqu’à ce que l’on arrive à s’en libérer en les matérialisant par la voix, les pleurs ou les gestes.
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