Afficher un message
 
Vieux 10/09/2020, 22h24
stephub stephub est déconnecté
Nouveau Membre
 
Date d'inscription: mai 2020
Messages: 43
Par défaut Suite

Premier regret

Ainsi, à seize ans, je n’avais pas une seule fois embrassé une fille alors que j’avais un physique plutôt avantageux, ce qui était d’autant plus humiliant. De plus, ma pudeur couplée à ma fierté m’empêchaient de me confier à un ami pour recevoir ses conseils ou ses encouragements ce qui n’aida pas à me sortir de cette situation.

C’est à ce moment-là que je fis la rencontre d’Elodie. Sa mère était restée une grande amie de la mienne malgré la distance les séparant et elle était venu nous rendre visite avec ses enfants pendant une semaine aux vacances d’hiver. Mon grand frère était parti faire ses études supérieures donc Elodie occupait sa chambre. Elle avait un an de plus que moi, assez grande, brune, des yeux marrons et un nez légèrement arrondi. Aux premiers abords je la trouvais plutôt jolie mais ce n’était pas le coup de foudre. Ce serait progressivement au fil de nos discussions que mon obsession pour elle se formerait. Elle était différente des autres filles que je connaissais à l’époque. Sa passion pour l’univers du Seigneur des Anneaux était fascinante : elle portait d’ailleurs l’Anneau à son collier. Elle me fit également découvrir de nombreux groupes de rock et de métal (System of a down, Muse, Radiohead) que j’écouterais pendant des années en pensant à elle. Je la trouvais de plus en plus belle, j’aimais tout ce qu’elle était : son caractère, ses goûts, sa personnalité. Je sentais également une pointe de timidité chez elle comme pour moi, ce qui me rassura et m’aida à me rapprocher d’elle. Mais je n’osais pas faire le pas décisif, me découvrir et lui partager mes sentiments à son égard. La semaine touchait à sa fin et il ne restait plus qu’une soirée avant son départ avec sa famille. Après une énième partie de jeux de société tous ensemble à la maison, chacun rentra dans sa chambre. C’était le moment ou jamais. Après avoir longuement hésité, je sortis de ma chambre pour emprunter le couloir menant à la sienne. J’avançais d’un pas hésitant, l’estomac serré en me demandant ce que j’allais lui dire. Finalement je frappai timidement à sa porte. La seule excuse que j’avais trouvée était de lui emprunter un livre de Tolkien. Elle me le donna gentiment, j’étais tétanisé par l’enjeu, incapable de sortir un mot de ma bouche, de lui avouer que je l’aimais tout simplement. C’était simple et tellement dur à la fois, j’avais le sentiment d’être un funambule tenant mon amour à bout de bras et ayant peur de tomber dans le vide après avoir été rejeté. Finalement, je n’eus pas le courage de lui confier mes sentiments, je restai probablement moins de deux minutes avec elle, très gêné, puis je m’en allai piteusement. Le regret de cette opportunité manquée me hanterait pendant longtemps. Elle partit le lendemain matin, je m’imaginais la retenir par la main et lui déclarer ma flamme avec émotion devant ma famille et la sienne mais c’était encore une fois un rêve d’impuissant.

Plus tard elle m’envoya une lettre avec un CD sur lequel était gravée de la musique qui lui plaisait. Je garderais précieusement sa lettre en écoutant religieusement sa playlist pendant tout le lycée. Mon imagination débordante fonctionnerait à plein régime mais sans se traduire par des actes concrets. Je ne lui exprimerais jamais ce que je ressentis pour elle, peut-être que ce fut réciproque et que l’on aurait commencé une relation à distance, peut-être que l’on aurait fini par se séparer et je serais passé à autre chose mais je n’en saurais rien, me réfugiant dans mes rêves.
A la fin du lycée je finirais par brûler sa lettre et une photo d’elle que j’avais subtilisé à ma mère. Ce serait ma manière d’essayer de me libérer de ce poids et acter mon échec.

Des années plus tard je la retrouverais sur Facebook, encore plus belle qu’avant, en pleine fleur de l’âge, pleinement épanouie, la jeune ado geek, fan de rock et d’heroic fantasy un peu timide avait laissé place à une jeune femme séduisante désormais portée sur l’électro, croquant la vie à pleines dents et accessoirement en couple. Je passerais des heures à remonter le temps petit à petit en regardant son évolution à travers les photos qu’elle avait publié tout en essayant de combler le vide par mon imagination en rêvant d’avoir partagé ces moments de vie avec elle. Une fois installé à Paris quelques années plus tard, j’envisagerais de la recontacter, la considérant toujours comme mon idéal de femme mais je ne le ferais jamais, ne sachant pas comment lui expliquer. Je pensais que le temps effacerait tout mais certaines pensées étaient tenaces.

Quelques satisfactions

Malgré tout, je garde un bon souvenir de mes années lycée avec mes potes même si mon expérience avec les filles à l’époque tenait sur les doigts d’une main avec des histoires qui n’ont pas dépassé la semaine et sans sexe dont voici quelques exemples significatifs.
Quelques jours après le départ d’Elodie et sa famille, je m’en allais en voyage à Rome avec l’aumônerie du lycée. Ma vie sentimentale eut un cheminement très étrange, je venais de tomber raide dingue amoureux d’Elodie et j’étais abattu après son départ mais j’eus quand même une courte parenthèse d’oubli. Nous étions dans un train de nuit, garçons et filles mélangés dans le même compartiment et je m’étais allongé à côté d’une fille que je connaissais bien. Dans la pénombre, avec la proximité des corps et l’éloignement du cocon familial, mes sens s’étaient éveillés et je m’enhardissais. Je lui parlais doucement dans l’oreille et commençais à lui caresser le bras puis elle se tourna vers moi en se redressant pour mieux m’observer et enfin elle m’embrassa : ce fut mon premier baiser. Je me souviens du goût de la salive, la sensation nouvelle des langues qui se touchent puis se suivent dans un tourbillon buccal. Notre idylle dura à peine quelques jours, le charme de la soirée fut rompu pour moi dès le lever du jour car je n’étais pas intéressé, le souvenir d’Elodie occupait toutes mes pensées et pour longtemps encore.

Je ne peux malheureusement pas justifier mon peu d’expériences sentimentales au lycée par un manque d’opportunités car j’étais dans un lycée public où nous avions une grande liberté de mouvement tant que nous allions en cours et que nous respections les professeurs. Il y avait également une forte proportion de filles dont une bonne partie étaient jolies donc il n’y avait qu’à se lancer, elles étaient à porter de main mais les barrières psychologiques sont parfois plus dures à dépasser que les barrières physiques. Mes parents ne me laissaient pas facilement sortir le soir, compris le week-end sauf exception pour la soirée traditionnelle des repas de classe la veille des vacances. Ainsi à cette occasion, dès l’âge de seize ans, j’allais en boîte de nuit pendant ces soirées et je prenais mes premières cuites mais je n’en profitais pas beaucoup pour draguer. Il m’arriva de temps en temps de danser avec des filles, serrés l’un contre l’autre, mais je n’osais pas aller au bout, c’était à chaque fois comme un saut dans le vide sans savoir si mon parachute allait s’ouvrir.

A la fin du lycée, j’enchaînais les soirées avec les potes pour fêter la fin du Bac. Pendant l’une de ces soirées, j’étais allongé près d’une jeune et jolie fille devant un feu de camp quand je lui effleurai le dos par mégarde. Comme elle laissa faire, je pris confiance en lui caressant le dos puis je me redressai pour l’embrasser. Plus tard dans la soirée, nous étions couchés ensemble sur un matelas par terre dans la même chambre que deux amis et je continuais de l’embrasser dans l’obscurité. Je me sentais léger comme dans un songe, elle ne portait pas de soutien-gorge et mon désir naissant me poussa à lui enlever son débardeur pour embrasser et lécher délicatement ses seins. Elle posa ensuite sa main sur la mienne quand je lui caressais le bas du ventre. Le lendemain, je me levai tôt pour aller à un petit boulot d’étudiant, elle était allongée sur le ventre, laissant découvrir son dos nu protégé par de beaux cheveux blonds. Cela me fit penser à la couverture du livre « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan que je venais de lire, cette fille représentait un idéal de légèreté, le symbole de l’amour des vacances d’été : sublime mais éphémère.

Enfin, pendant les JMJ de Cologne, le même été, j’embrassais une nana de mon groupe en pleine procession dans la ville au milieu des chants religieux. Peut-être était-ce l’extase qui m’avait donné des ailes ou bien encore une fois la magie du voyage. Les vacances sont l’occasion de rencontrer de nouveaux visages en dehors du milieu habituel et sont donc souvent propices aux amours. Il y eut d’ailleurs beaucoup d’autres couples qui se formèrent pendant ces « Journées Matrimoniales de la Jeunesse » comme nous nous amusions à le dire mais pour ma part cela dura à peine trois jours. Après l’avoir embrassé j’étais incapable de lui parler ne trouvant aucun sujet de discussion, ce n’était pas naturel pour moi d’exprimer mes sentiments ou mes impressions. J’étais capable de faire de bonnes blagues et d’avoir des éclats de bonne humeur mais je n’arrivais pas à garder cet état d’esprit sur une longue durée.

Dernière modification par stephub ; 12/09/2020 à 22h19
Réponse avec citation