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Vieux 10/09/2020, 22h23
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Par défaut Chapitre 1 : Le plongeon dans la vie

« Prépare-toi petit garçon
Elle s'ra longue l'expédition
Et même si on en revient jamais vivant
Il faut marcher droit devant»
Les cowboys fringants, Droit devant

L’enfance

Mon enfance fut heureuse, rythmée par des jeux avec mes frères et ma sœur, des vacances au ski l’hiver et à la plage l’été, des grands rassemblements de famille avec une bande de cousins pour refaire joyeusement la guerre des boutons.
Je n’ai manqué de rien sur le plan matériel. Mes parents faisaient attention à nos dépenses sur la nourriture et les vêtements mais ils mettaient le paquet sur notre éducation n’hésitant pas à nous payer des voyages linguistiques ou des cours de musique.
Cette enfance heureuse au sein d’un cocon familial joyeux m’a peut-être desservi à l’adolescence qui est la période où il est nécessaire de prendre temporairement de l’autonomie vis-à-vis de sa famille afin de se construire, de s’affirmer. J’éprouvais parfois de la culpabilité de délaisser ma famille et j’éprouvais aussi de temps en temps de la nostalgie au souvenir de ce temps où les relations étaient plus simples : sans arrières pensées ni double jeu, le collectif primait sur l’individu ce qui évitait d’éprouver l’angoisse de la solitude ou l’inconfort de la mise en concurrence.
Les relations avec les filles à cette période de ma vie m’étaient peu problématiques car il n’y avait pas la pression de séduire avec le risque d’être rejeté. Il est plus aisé de se faire une amie qu’une copine, cela demande moins d’efforts sur soi-même. Sortir avec une fille nécessite de s’extraire du groupe pour aller la voir, la distraire, lui plaire. Cela demande un minimum de confiance en soi et même une pointe de narcissisme pour se mettre en valeur.
Pour ma part, j’étais très naïf et idéaliste, doté d’une forte sensibilité intériorisée qui me faisait parfois surinterpréter les actions des autres. Mon tempérament rêveur et distrait m’amenait régulièrement à faire des maladresses involontaires.

La relation avec mes parents


De mémoire, la relation avec ma mère pendant mon enfance et l’adolescence fut bonne, la communication était plus facile et se développa dans le temps même si mon affection pour elle ne se traduisait pas souvent par des paroles ou des gestes concrets.
Je nourrissais à son égard une sorte d’admiration pour sa beauté et son intelligence. Malgré un caractère parfois rigide aux premiers abords, elle savait faire preuve d’écoute et ses observations psychologiques me semblaient souvent pertinentes. Je partage également avec ma mère le besoin de s’accrocher à des idéaux et les individus qui les incarnent.
Avec mon père, ce fut plus compliqué, complexe d’Œdipe oblige. J’eus pendant longtemps à son égard le sentiment de ne pas être digne de l’homme qu’il était et de ce qu’il avait vécu. Issu d’une famille de bouchers, son père avait commencé modestement puis avait développé son activité jusqu’à devenir le propriétaire d’une véritable PME dans le monde de la viande. Mon père travailla donc très jeune dans ce milieu exigeant techniquement et physiquement. Cela m’était complètement étranger et j’en éprouvais une gêne, un sentiment d’imposture de ne pas mériter ce que j’avais. De plus, mon tempérament distrait et rêveur tranchait avec l’image que j’avais de lui, débordant d’activité, à l’esprit logique et rigoureux, parfois rude et pour qui l’inaction était rapidement assimilée à de la paresse, ce qui était une faute grave à ses yeux. Il avait également un physique imposant donc dissuasif concernant toute velléité de rébellion frontale, je privilégiais par conséquent l’art de l’esquive ou le silence. Pour être plus juste à son propos, je tiens à préciser qu’il ne leva jamais la main sur moi ni sur aucun membre de la famille. Il pouvait également être tendre et farceur avec ses enfants en nous faisant des cadeaux surprises, imaginatif en nous construisant des cabanes, des ponts de singe et tyroliennes pour notre plus grand bonheur. Les soirs de vacances, nous jouions à d’innombrables jeux de société et parties de cartes, déclenchant de longs fous rires.

Mes deux parents étaient par ailleurs peu expressifs, ils avaient comme une certaine pudeur à exprimer leurs sentiments, encore une fois du fait de leur propre éducation et puis sans doute de leurs propres caractères. Tant que nous vivions en vase clos avec ma famille cela ne me surprenait pas, ce n’est que bien plus tard en m’éloignant du cercle familial que j’en pris conscience au contact des autres et en particulier des filles qui attendent des garçons qu’ils expriment clairement leurs émotions.
Il faut ajouter à cela ma propre personnalité qui me fit réagir d’une certaine manière à cette situation et que les effets auraient été différents avec d’autres. J’ai pu le constater en comparant les différences d’interprétations ou de ressentis par rapport à mes frères et ma sœur.

La fratrie à l’épreuve de l’adolescence

Ma sœur est probablement celle qui, dans ma famille, pâtit le plus de mon entrée progressive dans l’adolescence. Je devins distant et froid à son égard de manière plus ou moins consciente. Sans doute par gêne vis-à-vis de mon désir grandissant pour les filles et aussi en quelque sorte par mesure de représailles en tant que représentante arbitrairement désignée de la gent féminine qui devenait petit à petit l’objet de tous mes désirs et la cause principale de mes frustrations.
Il devenait compliqué également de continuer de jouer avec mon petit frère comme avant alors que la pensée amoureuse pour les filles commençait à m’obséder. J’avais besoin de mûrir pour les séduire mais j’étais tiraillé par ma tendresse pour mon frère et j’avais parfois le sentiment douloureux de l’abandonner.
Enfin, avec mon grand-frère, la relation était différente, nous étions relativement proches en âge et donc il y avait moins de décalage mais c’était lui qui avait la tâche parfois ingrate, parfois honorifique d’être l’éclaireur. Nous ne discutions pas des filles entre nous, il y avait une sorte de pudeur mutuelle, peut-être aussi l’orgueil de ne pas vouloir dévoiler nos questionnements, nos inquiétudes ou nos échecs quitte également à ne pas parler de nos réussites pour s’encourager. Comme je l’ai dit auparavant dans le paragraphe sur mes parents, c’était une habitude familiale.

Echecs amoureux en milieu scolaire

A l’adolescence, les traits de ma personnalité ainsi que mon environnement familial ne me facilitèrent pas la tâche avec les filles. Je n’avais pas de problèmes pour me faire des amis mais ma timidité et ma gentillesse couplées à mon manque de confiance me gênaient énormément quand il s’agissait de faire le premier pas. J’avais aussi tendance à me perdre dans mes rêves, je m’inventais des histoires avec les filles qui me plaisaient, je les vénérais et sortir avec l’une d’entre elles aurait été pour moi le paradis. Je m’imaginais les protégeant d’un danger dans des situations démontrant une grande maturité comme par exemple combattre courageusement un dragon crachant du feu mais cette témérité disparaissait aussitôt de retour à la réalité. Le peu de fois où je déclarais enfin ma flamme à quelques demoiselles, j’étais gentiment éconduit, ce qui nourrissait mon défaitisme. En voici quelques exemples pour vous faire une idée.
A la fin du collège, je tombais amoureux d’une fille de ma classe nommée Anaïs. On s’entendait bien comme deux vrais amis puis, petit à petit au gré de nos discussions, je succombais à son charme. Désormais je pensais à elle tout le temps, je faisais défiler son nom en fond d’écran sur mon téléphone pour le regarder d’un air hypnotisé pendant la nuit, j’écrivais son nom sur mes cahiers. Finalement je me lançai un soir à la sortie d’un cours, dans un couloir du collège. J’étais tétanisé par l’enjeu mais je parvins quand même à lui dire qu’elle me plaisait et à lui demander si elle avait envie de sortir avec moi. Sans doute pour ne pas me blesser brutalement par un refus frontal ou alors prise de cours par ma hardiesse, elle me répondit d’un « je ne sais pas » qui laissait entretenir le doute, si ce n’est l’espoir. Cependant, le lendemain, après m’être confié à mon meilleur ami de l’époque, celui-ci se proposa d’aller aux nouvelles et me réconforta ensuite quand la réponse fut négative.
Quelques mois après m’être fait gentiment éconduit, une amie me proposa de jouer les intermédiaires avec Céline, une autre jolie fille de la classe. Elle lui demanda si je lui plaisais et la réponse fut encore peu nette mais encourageante avec un « pourquoi pas ». Malgré ce signe positif, je ne fis rien. Je ne me souviens plus vraiment la raison, probablement par timidité, peut-être aussi par gêne de ne pas être à l’initiative et puis Anaïs était encore dans mes pensées. Un an plus tard, au début du lycée, je me décidais à proposer à Céline de sortir ensemble mais cette fois-ci elle avait un copain. Un an plus tard, elle fut de nouveau célibataire et me donna des signes d’intérêt pour moi mais je fis semblant de ne rien voir sans doute par esprit de revanche et puis aussi par peur de ne pas assurer.
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