Afficher un message
 
Vieux 13/06/2020, 21h00
Avatar de Ari
Ari Ari est déconnecté
Nouveau Membre
 
Date d'inscription: juin 2020
Messages: 2
Par défaut Maladie, sincérité et confiance en l'autre

Bonjour,

Tout d'abord, je vous remercie de prendre le temps de me lire. Je me sens l'âme écrivaine, aussi j'espère que je saurais être claire dans mes propos.

Pour commencer, j'ai 23ans. Je suis en couple depuis presque 2ans avec un homme de 28ans. Nous nous entendons à merveille sur le plan intellectuel, comme sexuel. Avant lui, j'ai eu une longue relation d'ado avec un garçon de mes 16 à 20ans. Elle s'est terminée à cause de l'Université et de la distance, d'un accord commun après une discussion posée. Nous sommes toujours en bon termes. J'ai eu par la suite quelques histoires d'un soir, pendant des soirées étudiantes... Et donc, nous nous sommes rencontrés par hasard dans un café. Nous n'habitions pas le même département, et faisions la navette pour nous voir les premiers mois. Nous habitons depuis presque un an ensemble, et hormis le problème que je vais vous exposer, tout se passe pour le mieux. On a des activités ensembles comme séparés, et nous nous donnons du temps pour que chacun puisse aussi s'occuper de soi.

Le problème de cette jolie histoire, c'est "moi".

Je suis malade, atteinte d'endométriose et d'asthme sévère chronique. Même si l'endo me pose parfois souci, c'est surtout l'asthme le noeud de notre problème.

Je ne supporte pas la fumée de cigarette, la cigarette, le tabac, la clope, que ce soit une roulée ou une industrielle, bref... C'est systématique chez moi, même l'odeur froide, même de loin, même dehors, si quelqu'un fume pas loin de moi, je fais une crise.
La dernière en date datant d'il y a 5 jours, où le SAMU a dû débarquer chez mes beaux-parents en fin de repas dans le jardin pour me faire une piqûre d'adrénaline et me placer sous oxygène. Et je crains que cette dernière précision serve surtout à me sentir légitime plutôt qu'à vous convaincre que je n'exagère pas.

Monsieur fume. Il fumait énormément avant confinement (25 à 30/j), il a arrêté pendant le confinement (et j'en remerciais le ciel chaque jour) et a reprit après, à raison de 3/7 cigarettes/j.
Tout d'abord, je tiens à dire que jamais je ne lui ai demandé d'arrêter. J'estime qu'il est grand, que fumer et son choix et qu'il connaît les conséquences et risques pour sa santé. Et surtout, je crois vraiment que s'il doit arrêter, ce n'est pas pour moi mais pour lui qu'il doit le faire.
Je n'ai donc jamais exprimé mon désaccord, de contrariété, de ne je sais quoi à l'encontre de la cigarette ; je ne lui d'ailleurs jamais reproché de fumer.

Le souci étant qu'il n'y a pas que lui. Tout le monde ici fume. (Je l'ai rejoint dans sa ville d'origine, où je n'ai ni famille ni amis) Que ce soit ses amis, sa famille, les amis des amis... Et ça me fait drôle, parce que j'avais presque oublié que j'étais sensible à la cigarette. Ma famille, mes amis, personne dans mon entourage fume. Et j'ai rarement été en contact avec le tabac à la fac.
Et je vis depuis près de deux ans un enfer pulmonaire quotidien. J'ai développé une inflammation chronique des alvéoles. J'ai les bronches en feu la plupart du temps. Et, je ne sais pas comment je fais, mais je ne dis rien.
En tapant ce texte je me rends compte que je n'ai jamais reproché une seule fois à quiconque l'état de douleur dans lequel je suis.

Alors bon, j'ai reçu une éducation stricte d'une maman asiatique qui croit dur comme fer que montrer ses faiblesses, c'est être faible, et les faibles ne survivent jamais, blablabla, donc de fait je n'ai jamais vraiment formulé la douleur. J'évite, car je pense encore trop souvent que je me plains, que je geins et que ça ne sert à rien. (Même si j'essaie de ne plus le faire !)

Je ne dis donc pas que j'ai mal. Généralement quand ça fume je me lève, je m'éloigne le plus possible ; je change de ruelle si nous sommes dehors, je change de pièce si nous sommes chez des gens. Je peux parfois passer la moitié de la soirée dans mon coin, juste pour éviter de faire une crise. Et dans 100% des cas, lorsque nous rentrons chez nous, le trajet du retour se passe dans les sifflements et l'odeur de la ventoline. Ce qui n'empêche évidemment pas les crises de se produire, de plus en plus fréquemment, de plus en plus grave.

Et lui n'est pas bête, il sait que je garde beaucoup de choses pour moi, alors voilà : il m'a demandé de lui dire lorsque je ne vais pas bien. Il faut parler quand ça va, mais il faut aussi le faire quand ça ne va pas.
Et je suis d'accord. Donc j'ai commencé à parler de cette souffrance tant physique que mentale : j'ai mal, mais je me sens aussi horriblement seule. Lorsque les gens sortent fumer, tout le monde presque suit, et la conversation se poursuit dehors. Et quand ils rentrent, elle a changé de sujet, et je n'arrive pas à suivre, car je dois quand même me tenir éloignée parce que les vêtements gardent longtemps l'odeur de la clope.

Et alors qu'au début, il essayait de comprendre, maintenant il doute. Il ne me croit plus, et lorsque je dis "Désolée, je ne peux pas rester, j'ai mal aux poumons", "Désolée, ce soir pas de câlin, j'ai du mal a respirer", "Je suis désolée d'avoir passé la soirée à l'écart, j'aimerai vraiment beaucoup discuter avec tes amis mais j'ai du mal à supporter le tabac", il pense que je l'attaque.
Il croit que je lui reproche en douce de fumer. Il croit que je n'aime pas ses amis. Il croit que je reproche à ses amis/famille de me faire du mal. Il pense aussi que parfois, je lui demande de ne plus voir ses amis.
Et je me sens horriblement triste, parce que je me sens complètement incomprise. Il pense que je simule, que je veux faire l'intéressante, ou encore que j'essaie de le punir de quelque chose.

Ce qui n'est pas vrai. J'essaie d'exprimer mon mal-être comme il m'a encouragée à le faire ; j'aimerais trouver une épaule réconfortante, parce que j'ai envie de parler avec ses amis, j'ai envie de passer la soirée à m'amuser avec les autres, j'ai envie de pouvoir rester à table tout le long du repas avec sa famille... Et je suis triste d'être malade. Ca me pèse comme ça ne m'a jamais pesé. Mais surtout, je me sens seule de ne pas être comprise par lui. J'essaie toujours d'être la plus sincère possible quand je dis que j'ai mal.

Hier j'étais clouée au lit à cause de l'endométriose. J'ai passé la journée seule, car il a jugé que je simulais. Il est allé faire un peu de musique avec ses amis, puis est allé à une soirée chez un de ses cousins (où j'étais invitée, mais il m'avait demandé en amont de ne pas venir). Il n'est rentré qu'aujourd'hui en début d'après-midi, et quand il m'a vu souffrante et fatiguée, sur son visage était affiché en gros "MOUAIS, si tu le dis". Ca m'a fendu le coeur, mais j'ai tenté de faire bonne figure en demandant si la soirée a été bonne. Il a cru que j'étais cynique et que je lui reprochais indirectement de m'avoir laissée toute seule.

Je ne sais plus quoi faire. Comment lui faire comprendre que, réellement je suis malade et que je ne mens pas ? Il me fait confiance sur tout le reste, mais pas sur ce sujet. Et hier, c'était la première fois qu'il me laissait seule et en plan pour aller s'amuser alors que je suis malade. Lorsqu'un de nous est malade, sauf pour aller travailler, nous nous occupons d'habitude l'un de l'autre. Je ne sais pas si j'aurais dû le lui reprocher cet après-midi... J'ai eu peur qu'il me réponde que, de facto, j'étais bien en train de lui faire des reproches.

J'essaie de me dépatouiller avec mes sentiments et j'avoue ne plus y voir clair. Je suis désolée pour le pavé, peu ordonné, mais rien que d'avoir "couché" les mots sur ordinateur, je me sens un poil mieux. Dans l'attente d'une lumière, d'un conseil, d'une remarque sur ma situation, je vous remercie du temps que vous (aurez pris) prenez à me lire.
Réponse avec citation