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Vieux 11/02/2020, 13h13
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Je dirais de diminuer ton identité.

De te rendre compte que tout est changement, que tenter de rendre quelque chose de permanent est vain.

Que la possibilité de s'améliorer n'existe pas, pour deux raisons: il faut que le soi existe (or quel est ce moi à améliorer? ton corps? tes pensées? ton passé? Ton ADN?) et ensuite si tu savais comment devenir meilleur, tu l'aurais déjà fait. Donc l'angle est pas tout à fait juste: celui qui doit s'améliorer est celui qui n'y arrive pas, par définition. C'est comme demander à un poisson de voler.

Attention hein, je prends le versant spirituel là, mais c'est pour bien démarrer. Parce que le développement perso est très pervers: il y a toujours une nouvelle méthode à essayer, un nouveau trait de caractère à gommer/acquérir, un nouveau régime à tester...la spirale du "je ne suis pas assez bien, voilà un nouveau e-book" peut amener à l'inverse de ce qu'on cherche, une certaine paix avec soi-même.

La question à te poser, c'est comment je veux vivre là, maintenant? Tout de suite? Si s'améliorer au sens de moi permanent qui serait dispensé de changer/d'évoluer à un moment donné n'a aucun sens (puisque c'est ça le piège: ce jour-là où tu n'évolueras plus/atteindra la plénitude à force de dev perso n'existe pas) alors ce qui reste, c'est le présent. Quel mouvement tu veux vivre? Quelle "danse" tu veux faire?

Je dis ça parce que je suis tombé dans ce piège là, celui de la"voiture fantôme", tu sais, comme les jeux de course? Avec les contre la montre où une voiture fantôme est toujours quelques mètres plus loin? Ben c'est ça: et je ne sais pas faire ceci, et je ne sais pas encore faire ça, etc. Poursuivre cette "meilleure version de soi-même" est une horreur absolue qui part pourtant d'un bon sentiment: je suis frustré/déçu de certaines zones de ma vie et je veux que ça soit différent.

S'aimer soi-même, c'est bien comprendre que la sécurité n'existe pas, par définition. Comme tout change tout le temps, tout périme, renait, se modifie, le jour où tous les aspects de ta vie seront satisfaisants pour toujours n'existe pas; donc pourquoi s'en faire, puisqu'en plus on peut mourir à chaque instant? La question n'est donc pas "qu'est ce que je peux essayer de rendre permanent(la vie n'est pas un jeu vidéo avec des points de compétence" mais "comment je vis, et pourquoi la manière dont je vis maintenant ne me convient pas?" Est ce que c'est une question de point de vue sur ma vie (à qui je me compare, pour qui et au nom de quoi?) ou une question de manière de vivre qui ne me convient pas (auquel cas l'important est bien la manière de vivre et non le résultat).

Pour prendre un exemple, si la vie était un chemin avec un but et une fin, il suffirait d'accomplir une série d'objectifs après avoir bien réfléchi et analysé son identité pour, après du travail et un peu de chance, "gagner" et vivre un bien-être éternel. Donc, par exemple, au hasard se découvrir une passion et un talent pour le tennis, et devenir champion de tennis, et boum. Or, sauf à mourir la coupe en mains, la vie continue, la veillesse arrive, les amis vont et viennent, les joies comme les peines. De même, cette victoire assurait tant d'argent, sentiment de sécurité, pourtant tout peu s'effriter en trente secondes; ce corps si doué et tendu vieillit et baisse en performance. Et mourir jeune, juste après la victoire, ou vieux n'a pas plus de sens, au fond.

Il y a un truc qui cloche, non? Si la vie était un chemin, il suffirait d'aller au bout du chemin. Ce serait super simple. Et il y aurait ceux qui restent assis (les loosers), ceux qui marchent (les améliorants) et les vainqueurs (les gens au sommet de la colline).

Or, si tout le chemin est insupportable, qu'en plus on peut mourir tout le long du chemin, déjà est-ce que ça vaut la peine de marcher, franchement? Pour qui? Pour quoi? Et les trentes secondes de victoire, c'est tout? C'est peu non?

Si, par contre, on voit la vie comme une danse, ou de la musique (ça n'a aucun intérêt de danser pour les 5 derniers pas, ou de jouer pour les 5 dernières notes, sinon les musiciens les plus rapides seraient les meilleurs) alors la question devient "comment ou quelle danse/musique je veux jouer, tous les jours jusqu'à ma mort?"

De là, tout va et rien ne va, comme décision. Personne ne peut juger ta danse, ou ta musique.

Enfin voilà, je ne sais pas si je suis clair
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