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Vieux 21/06/2019, 11h48
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Je n’ai pas l’intention de te faire dire quoi que ce soit, très sincèrement, j’essaie de comprendre et j’aimerais qu’on puisse discuter sans se soupçonner de s’attaquer mutuellement. Nous sommes d’accord sur le fait de lutter contre l’indifférenciation visiblement. Mais pas sur la manière par contre.

Etant donné qu’il est plus facile de développer de l’empathie pour ce qui nous est semblable, je voulais te montrer les conséquences de ces discours sur l’existence masculine. Si l’on a coutume de dire que les femmes sont les grandes perdantes du patriarcat, il est évident que ces discours sur la nature des femmes se répercutent également sur les hommes.

Action, raison, contrôle de son environnement, autant de caractéristiques devant être l’apanage du masculin et qui fondent également l’exercice du pouvoir (on est d’accord la dessus ?) - mais pas de grands pouvoirs sans grandes responsabilités.

Si ces distinctions binaires entre les genres conduisent à exclure les femmes de certains domaines (ou décrier leur capacité à les investir correctement), elles font également peser des injonctions extrêmement lourdes sur les hommes et les excluent d’autres domaines (la paternité).

Mon point de vue est qu’on ne peut pas être pour une répartition du pouvoir sans être pour une répartition des responsabilités. C’est, à mon sens, le problème du féminisme actuel et la profonde contradiction du discours masculiniste également.

Ce n’était pas des questions rhétoriques, je te les re-pose véritablement. Que dire aux hommes privés de leur droit à la paternité, parce que le soin de l’enfant reste l’apanage des femmes ? Tu sais ce que disent les magistrats quand ils refusent la garde au père : un enfant a besoin de sa mère. C’est ça les conséquences directes de ce type de discours malheureusement. Est ce qu’un homme qui veut la garde de son enfant nourrit l’indifférenciation ?
Si l’on continue à nourrir l’idée que les femmes sont passives et émotionnelles, comment légitimer qu’on attende d’elles de s’acquitter de responsabilités communément masculines (action, contrôle, raison) ? Il y a trop de paradoxes la dedans c’est ça qui me dérange.

Personnellement, je ne pense pas qu’on puisse se considérer comme féministe si l’on est pas capable de se saisir des responsabilités qui incombent traditionnellement aux hommes. Parce que je veux avoir autant de liberté et de pouvoir, alors j’essaie d’être à la hauteur des responsabilités que cela implique : autonomie, activité, force. C’est d’ailleurs ce qui fait que j’ai souvent été qualifié de « femme phallique » ou « femme virile ». Pourtant, j’ai le sentiment d’essayer d’être tout bonnement responsable, mature et actrice de mon destin - dans les limites de ma personnalité et de ce que je suis.

Comment dire que les femmes sont autant responsables de leurs actes que les hommes mais qu’elles sont, par nature, à dominante irrationnelles et passives ? Ca veut dire que la responsabilité n’est pas exactement la même du coup, non ? Au même titre qu’on ne juge pas un mineur selon les mêmes critères qu’un majeur ? Une personne avec des circonstances particulières et monsieur tout le monde. Comment on peut être traités de manière égale si l’on nourrit l’idée qu'un sexe est plus faible, vulnérable et à dominante passive ? Je ne crois pas que cela soit possible pour atteindre une forme d'équité dans la différence - qui n'est pas l'indifférenciation.
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