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Vieux 24/05/2019, 17h45
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Tu vas donc garder tous tes petits déterminismes secrets à nos yeux curieux

Pour reprendre le fil sur la part déterminée de nos désirs :

Je vais me prendre pour exemple. Les questions de genre m’intéressent et comme j’ai pu le dire à de nombreuses reprises le féminisme est, pour moi (mais pas seulement moi dieu merci), une manière d’interroger l’impact des injonctions genrées sur les hommes et les femmes. Mon boulot c’est d’interroger.
Dans une perspective plus personnelle, bien que j’ai toujours refusé de faire du militantisme, certaines de ces injonctions me choquent, je les trouve illégitimes, parfois condamnables. Il me semble qu’elles rendent extrêmement difficiles des choses qui ne devraient pas l’être : l’accès à l’amour, au sexe, à la tendresse, à l’érotisme sont à mes yeux de bons exemples.

En dépit de tout cela, et d’une relativement bonne connaissance du sujet, j’observe combien mon désir est en parfaite contradiction avec mes opinions. Je ne serai pas attirée par un homme plus petit que moi, j’ai une préférence nette pour les hommes barbus et j'aime être dominée au lit. Parce qu’il s’agit d’une contradiction entre un aspect rationnel (des opinions réfléchies, pesées, pensées) et un aspect inconscient (l’attraction qu’exercent sur moi certaines caractéristiques physiques masculines, au détriment d’autres qualités qui me semblent pourtant bien plus essentielles), je me demande : d’où ça vient ?

Il y a une part qui prend racine dans mon histoire personnelle indéniablement. Mais une autre ne m’appartient pas complètement. Mon attirance est d’ailleurs régies par des critères semblables à ceux de nombreuses femmes, elle doit donc se fonder sur quelque chose que nous avons en commun elles et moi. Je me dis donc que ce que j’ai en commun avec elles, c’est en partie mon environnement culturel, une vision traditionnelle de la masculinité fondée sur la force, le pouvoir, la performance, la "virilité". Une dimension biologique sous-jacente doit certainement aussi rentrer en ligne de compte, l’idée qu’un homme pourra me protéger physiquement si je suis en danger, et ce en dépit de mon expérience qui m’aura plutôt montrer que les hommes peuvent physiquement me mettre en danger.

Parmi tous ces déterminants, nous ne pouvons pas quantifier le poids des uns et des autres. Ce serait génial de faire un diagramme pour étudier la répartition de tous ces facteurs mais c’est impossible, et probablement la répartition varie amplement d’un individu à un autre. Une chose m’apparaît néanmoins claire tous ces facteurs contribuent à faire ce que nous sommes.
Et le libre arbitre, comme toute forme de liberté d’ailleurs, exige une conquête (introspection, interrogation, critique), sans quoi nous ne serions que de gentils pantins à l’image du monde qui nous accueille.

Alors bon, cet article c’est pas le top niveau (en même temps c’est mademoiselle) mais il a le mérite d’esquisser un petit mouvement de recul et de s’échapper du discours ambiant dans les médias pop sur la flagellation masculine.
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