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Vieux 15/03/2019, 16h44
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@Lady_Melodia

C'est une très bonne question et je ne suis pas sur que la réponse qui va suivre soit la bonne, étant donné que c'est loin d'être le coeur de ce que je fais.

A mon avis, ce décalage dans l'histoire des ADN Y et mitochondriaux n'a aucune conséquence si on interprête les choses sous l'angle de la théorie de la coalescence.

Selon cette théorie, si on trace les différents allèles d'un gène au sein d'une population, on finit toujours pas remonter à un ancêtre commun unique.
Ca veut dire que tous les autres allèles tendent à être perdus par le simple fait du hasard.
Le nombre de générations requis pour remonter à un ancètre commun est d'autant plus faible (= temps de coalescence court) que la taille de la population est faible.
Si on observe une diversité allélique dans une population, c'est grâce aux mutations.
Sans ces mutations, on finirait par tous être identiques, et ça serait statistiquement inévitable (du moins au sein d'un même groupe génétique).

Pour revenir à ta remarque, le temps de coalescence admis chez l'humain (max 100 à 200 mille ans) est bien moins élevé que les échelles de temps que tu mentionnes.
Ce qui s'est passé pendant les 1.5 à 2 milliard d'années où l'ADN Y n'existait pas n'a finalement pas d'importance puisque les ADN mitochondriaux et Y sont repartis d'une copie unique depuis.
En supposant un taux de mutation identique entre ADN Y et mitochondriaux (ce qui n'est pas aberrant), on peut estimer la taille "efficace" de la population à partir de la diversité allélique observée, et en déduire le temps de coalescence.
Cette taille efficace peut s’interpréter de plusieurs façon mais grossièrement elle représente le nombre d'individus qui se reproduisent (les autres comptent pour du beurre) et les clones ne comptent que pour un (= une population très consanguine a une taille efficace faible, ex : race de vache laitière Holstein).
Et là, si vous m'avez suivi, vous remarquez que cette notion de taille efficace est exactement ce qui nous intéresse.
On peut alors observer s'il existe des disparités entre ADN Y et mitochondriaux, ce qui nous renseignerait sur des histoires démographiques différentes entre hommes et femmes.

Pour que toute cette théorie ne soit pas trop fausse, il faut supposer qu'il n'y a pas de sélection naturelle qui s'exerce sur les allèles étudiés (pas aberrant pour la grande majorité de l'ADN retrouvé dans un génome).

Conceptuellement c'est intéressant comme théorie, quoi qu'un peu déprimant si on y réfléchit : notre ADN est statistiquement voué à disparaître, même si on se reproduit.
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Dernière modification par D@rwin ; 15/03/2019 à 16h49
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