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Vieux 07/02/2019, 22h01
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Quelques remarques en vrac :

Tu remarqueras dans GQ le petit sondage sur les idées principalement rattachées à la masculinité (maitrise de la situation, prise de décision, courage, se faire respecter) que ce sont, en réalité, des éléments qu’on peut aisément associés à la maturité. Le problème est évidemment de faire de ces traits de maturité l’apanage d’un genre, puisque cela revient également à associer la femme adulte à un enfant dont on attend donc pas qu’elle puisse faire preuve d’un certain sens de l’initiative et de l’action. Et vu le nombre de lamentation sur la « passivité » des femmes, leur manque d’action et leur position attentiste, je pense que vous pourriez vous réjouir que les femmes cherchent désormais à revendiquer ces valeurs. Après à voir si la théorie suivra l’action, cela peut prendre du temps et le tournant victimaire du néoféminisme de ce point de vue ne semble pas prendre le bon chemin.

Pour revenir sur le concept de masculinité toxique, la question n’est pas de « castrer » quiconque. On reconnait d’ailleurs assez vite, parmi les plus véhéments sur le sujet, ceux dont la bite ne tient manifestement déjà plus qu’à un fil - fil qu’ils protègent avec une énergie farouche. A titre personnel, je pense qu’il est utile de questionner l’ensemble des normes traditionnellement associées à la virilité parmi lesquelles on va retrouver : la force physique, l’énergie du conquérant qui implique aussi une certaine agressivité, le refus du sentimentalisme etc..

Pour avoir un peu arpenté le forum, je ne pense pas me tromper en disant que nombreux sont les hommes qui souffrent du décalage artificiel qu’ils doivent opérer entre ce qu’ils ressentent pour une femme et ce qu’ils doivent montrer pour l’obtenir. En gros, des amoureux transits contraints de jouer l’indifférence et le détachement pour avoir leur chance. Bien sur, déclarer sa flamme comme un malade et poursuivre inlassablement l’aimée n’est jamais un bon plan, pour une femme non plus d’ailleurs ! Néanmoins je pense que ce sont l’ensemble des normes autour de la « virilité », pleinement intégrées par les femmes également, qui biaise le jeu de la séduction. Il n’y a qu’à voir le mythe du « nice guy » comme si la gentillesse était un véritable repoussoir sexuel, ou cette affirmation si répétée « les femmes aiment les connards ». Ces affirmations ne sont malheureusement pas fausses, mais je pense qu’on pourrait, du coup, s’interroger sur l’absurdité de cet état de fait. Pour ceux qui passent leur temps à pester contre les femmes parce qu’elles préfèrent un mec qui les traite comme de la merde, demandez vous quel stéréotype les fait fantasmer et comment nos sociétés véhiculent sans cesse ce stéréotype : le cliché occidental de « virilité » qui ne correspond à aucune forme de réalité et ne rend pas justice aux particularités de chaque homme.

Les injonctions genrées qui sont faites dans nos sociétés ( à l’endroit des hommes comme des femmes), ne contribuent ni à un épanouissement individuel de l’individu - qui confond sa réalisation personnelle avec la poursuite d’une chimère - ni à une bonne dynamique relationnelle entre les sexes (dynamique qu’on reconnaitra comme essentielle au bon fonctionnement de la communauté et à la perpétuation de l’espèce). L’essor de la communauté de la séduction me semble particulièrement symptomatique de la part biaisée du jeu de « séduction » qui se fonde, non pas sur l’hypergamie des femmes, mais bien sur une confusion de normes valorisées moralement ou sexuellement (le problème réside principalement dans le fait que l’une et l’autre ne semblent que très rarement compatibles), les injonctions étant tellement contradictoires qu’on doit désormais être « éduqué » ou « initié ».

Pour finir, je trouve cet article sur la féminité toxique très intéressant et indispensable. Evidemment, il est tentant de dire, à tous ceux qui se sentent « persécuté » par les femmes, perdus dans le jeu cruel de la séduction, que tant que les femmes ne disposeront pas davantage de pouvoir économique, politique, financier, elles abuseront du pouvoir qu’elles possèdent par contre pleinement, le pouvoir sexuel. Et en même temps, c’est la responsabilité des femmes de ne pas céder aux normes qui leur sont proposées comme modèle identitaire, je n’aime pas plus le macho bourrin, le connard distant que la bimbo ou la femme enfant.

Dernière modification par Limonade ; 07/02/2019 à 23h26
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