Sujet très intéressant.
Après sans grande surprise, je me range du côté de l'incompatibilité profonde entre développement perso et masculinisme car je considère le masculinisme comme étant ni plus ni moins que du prêt-à-porter (on vous dit quelle attitude avoir, quoi penser, comment vous comporter pour être un homme, un vrai), quand le développement personnel est une quête personnelle et individuelle, soit du total sur-mesure.
Maintenant si on va un peu plus loin, je pense qu'effectivement les discours masculinistes peuvent faire du bien aux hommes.
En effet j'ai parfois l'impression que nous vivons dans des sociétés qui reconnaissent seulement 2 sortes de personnalités : une personnalité coopérative / empathique et une personnalité compétitrice / individualiste, sans nuance entre les 2.
Et puis comme il faut que les choses soient simples, on a décidé que le curseur de personnalité des femmes était très décalé du côté "coopération" et celui des hommes du côté "compétition", et malheur à celui ou celle qui ne respecte pas cette règle en ayant une personnalité trop éloigné du curseur de son sexe.
Le problème, c'est que l'être humain est un animal dont la grande caractéristique est la polyvalence et l'équilibre des compétences, sans marqueur fort : 100% mobile et adaptable.
Nous sommes capable de courir relativement vite, de grimper, de nager, nous avons réussi la conquête du ciel sans parler de celle d'un (tout petit) bout d'espace. Nous pouvons manger de la viande, des fruits, des racines, du poisson, des céréales, des insectes, nous vivons aussi bien dans les zones très chaudes que très froides, dans la plaine et la forêt, sur les iles ou dans les montagnes.
Et notre comportement est lui tout aussi flexible, totalement adapté à notre environnement.
Du coup, c'est très contraignant d'assigner un comportement fixe à une personne et dans ces conditions, les discours masculinistes ont un effet apaisant car ils permettent de "dorer" la prison dans laquelle la société vous enferme et d'en faire oublier les barreaux. Ça atténue la douleur en inventant un sens à ce qui n'en a pas (quel sens pourrait-il y avoir à couper un être humain de son adaptabilité ?) mais ce n'est que temporaire.
Moi la question que je me pose aujourd'hui c'est "Quand ?"
Quand les hommes vont-ils enfin prendre conscience qu'ils ne sont pas heureux dans le rôle qu'on leur assigne ?
Les femmes françaises se sont réveillées en masse il y a une 40 aine d'année et ont fait bouger de force leur curseur (bon, pas grâce à moi j'étais pas née) pour le remettre au centre, juste là :
Coopération / émotion |______X______| Compétition / performance
et la seule chose que je peux dire c'est que malgré toutes les merdouilles type harcèlement de rue and co et plafond de verre, c'est quand même génial d'être une femme en France au XXIème siècle, parce qu'on peut être pratiquement tout ce qu'on veut sans être mal vue par la société.
- Ambitieuse et carriériste ? Super, vous êtes forte et portez haut les couleurs du girl power
- Dévouée aux autres ? Super, vous êtes altruiste, et l'altruisme c'est beau
- Sans enfants ? Super, vous êtes une femme libre
- Avec enfants ? Super, vous êtes une maman
- Toxico et délinquante ? J'ai dit "pratiquement"
Quel que soit le choix d'une femme, qu'elle décide de faire des mathématiques ou de la couture, de la boxe ou de la danse, tout est globalement toléré, sans rejet massif de la part de la société. Bon, après on a d'autres injonctions sur le physique et la beauté, toussa toussa, mais même les choses de ce genre commencent à reculer via les mouvements body positifs où des filles en surpoids revendiquent la possibilité de pouvoir le rester sans être mal vues.
Après vous me direz, il y a de drôle de féministes qui aimeraient que le curseur des hommes et des femmes soient superposés, mais dans leur tête c'est le curseur des femmes qui devrait aller du côté Compétition, dans une sorte de nivellement par le bas : les femmes aujourd'hui libres devraient s'aliéner de manière permanente au culte de la performance, alors que nous avons actuellement la possibilité de l'être à la carte !
Moi je suis aussi féministe et favorable à une superposition des curseurs, mais plutôt via un nivellement par le haut, avec des hommes qui ramèneraient leur curseur au centre et pourraient ainsi être compétitifs quand ils le souhaitent, et émotifs quand ils en ressentent le besoin.
Parce que les hommes ne sont pas des chasseurs.
Parce que les gens qui travaillent dans les abattoirs deviennent fous.
Parce que les hommes qui ont fait la guerre reviennent avec des syndromes post-traumatiques.
Parce que l'Homme n'est pas un tueur.
Masculinite toxique: eduque-t-on nos fils a mourir par suicide? | Slate.fr
Eux ce sont des tueurs :
Tigre — Wikipedia
Grizzli — Wikipedia
De notre côté nous n'avons ni griffes, ni croc, ni venin, ni rien de dangereux.
Nous nous sommes des singes, nous vivons en groupe, nous avons des amis et nous n'aimons pas tuer.
Quand donc ?