J'arrive un peu après la bataille mais c'est pas grave, un si beau sujet ça mérite qu'on s'y arrête !
Citation:
Envoyé par selfestime
Bonjour à tous !
Pour lui, partir du point A pour arriver à C passe par B qui est l'argent.
L'argent serait la chose qui aide en tout, permet d'avoir du "pouvoir" sur les gens, permet de réaliser ses projets, etc.
J'ai beau à chaque exemples démontrer que l'on peut y parvenir sans argent, l'idée est bien ancrée que l'argent fait tout et que c'est une partie entière du développement personnel.
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Je serai plutôt du côté de ton ami selfestime, et il y a une chose que seul l'argent permet d'obtenir : la cicatrisation des blessures dont le manque d'argent est responsable.
Pour un enfant, l'argent devient tôt quelque chose de fondamental :
- On te répète que tu dois bien travailler à l'école pour avoir un "bon métier" plus tard et quand tu es enfant, un "bon métier" = un métier qui rapporte
- Ceux dont les parents ont de l'argent ont des plus beaux jouets et les meilleurs goûters d'anniversaire
- L'argent permet de comparer l'affection que les gens nous portent (=> plus un cadeau est cher, plus ça prouve qu'on est aimé)
Et surtout, l'argent est une source importante de frustration et de sentiment d'injustice.
Quand je dis que j'ai manqué d'argent étant enfant, certaines personnes se mettent parfois à sourire en mode "tu ne peux pas dire ça : toi et tes sœurs n'ayez jamais manqué de rien"
De manière absolue c'est juste : nous avons toujours eu un toit sur notre tête et à manger selon notre faim, mais nous étions les plus "pauvres" de ma famille et ça, ça compte aussi.
Combien de fois ai-je entendu ma mère me refuser une chose que mes cousins/cousines avaient parce que "c'est trop cher" ?
- "Non je ne peux pas t'offrir ça pour ton anniversaire, c'est trop cher"
- "Non tu ne peux pas aller au club de plage, c'est hors de prix"
- "Non, pas ces gâteaux-là, ils coûtent trop cher"
- "Non on ne peut pas aller en vacances avec tes cousins, on n'a pas les moyens"
- "Non"
- "Non"
- "Non"
(ça sent le vécu hein ?)
Et quand tu as entre 5 et 8 ans, je t'assure que tu as du mal à faire preuve de détachement et à te dire que ne pas avoir le jouet dont tu rêves ce n'est pas si grave, surtout quand tu as du mal à avoir des amis parce que les autres enfants ne jurent que par les possessions matérielles.
A la frustration s'ajoute rapidement le sentiment l'injustice : "j'ai les même notes que mes cousins - voire des meilleures - et je suis aussi sage qu'eux : pourquoi ont-ils droit à des choses qu'on me refuse ?"
Note : je n'en ai jamais voulu à mes cousins ni à mes parents vu que dans ma tête ils n'ont jamais été responsable de cet état de fait.
En revanche j'en ai profondément voulu à la vie en général en me jurant que quand je serai grande, j'aurais plein d'argent.
Tout ça pour dire que les blessures d'argent - et la relation à l'argent en général - jouent pour moi un rôle fondamental dans la construction de la personnalité d'un individu donc pour ton pote, en fonction de son passé, c'est peut-être lui qui est dans le vrai.
Ce qui est vrai aussi, c'est que l'argent agit véritablement comme un baume sur ces vieilles blessures, et sans doute aussi sur beaucoup d'autres en lien avec un manque de reconnaissance.
Du coup, j'imagine que pour les personnes qui n'ont pas ce type de blessures, la recherche de l'argent peut sembler dérisoire, de la même manière qu'un anti-douleur ne semble efficace que si vous aviez mal quelque part.
Après, dans une logique de développement personnel, je pense que dans l'ordre il vaut mieux aussi commencer par soigner ses blessures car elles constituent autant de fuites d'énergie qui nuiront à ton processus de progression, tandis que quand ta colère et ton chagrin sont calmés et que tu es "en paix", tu avances beaucoup plus facilement.
PS : Essaye de te faire une opinion plus personnelle sur l'argent parce que c'est un sujet complexe qui mérite mieux qu'un "l'argent ne fait pas le bonheur mais ça y contribue", phrase vue, revue et rerevue qui donne plus l'impression d'être la récitation d'un rôle appris par cœur que le fruit d'une vraie réflexion.