[ChatMachiste]

Force à vous tous !

Depuis un certain temps je voulais proposer des extraits de textes (romans,essais,poésies, etc...) qui traitent de relations hommes/femmes, amour, sexualité, séduction.

J'ai décidé de commencer par l'oeuvre l'auteur contemporain : Michel Houellebecq

1) Il est accessible.
2) Il illustre bien "l'âme" de notre époque.
3) Il a beaucoup écrit autour des sujets qui intéressent la communauté.

Je commence par les deux premiers romans qui sont, pour moi, les plus intéressants. Si ça vous intéresse/vous plait, je poursuivrai avec les quatre suivants.

Les citations sont classées par romans dans l'ordre de publication.

Extension du domaine de la lutte, 1994.

« Dans un système où l’adultère est prohibé chacun réussit pus ou moins à trouver son compagnon de lit. En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes colossales ; d’autres croupissent dans le chômage et la misère. En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante ; d’autres sont réduits à la masturbation et la solitude. Le libéralisme économique, c’est l’extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. De même, le libéralisme sexuel, c’est l’extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société »

« Cet amour fut gaspillé en pure perte, je le sais maintenant ; j’aurais mieux fait de lui casser les deux bras »

« Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants ; un tel mode de vie appauvrit l‘être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l‘autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l‘adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon ; en vieillissant on devient moins séduisant, et de ce fait amer. »

Les Particules élémentaires, 1998.

« Un voyage aux Etats-Unis l’avait convaincu que la chirurgie esthétique offrait des possibilités d’avenir considérables à un praticien ambitieux. L’extension progressive du marché de la séduction, l’éclatement concomitant du couple traditionnel, le probable décollage économique de l’Europe occidentale. »

« L’extension progressive du salariat, le développement économique rapide des années cinquante devaient en effet – hormis dans les classes de en plus en plus restreinte où la notion de patrimoine gardait une importance réelle – conduire au déclin du mariage de raison »

« Sans beauté la jeune fille est malheureuse, car elle perd toute chance d’être aimée »

« Le 14 décembre 1967, l’assemblée nationale adopta en première lecture la loi Neuwirth sur la légalisation de la contraception ; quoi que non encore remboursée par la Sécurité Sociale, la pilule était désormais en vente libre dans les pharmacies. C’est à partir de ce moment que de larges couches de la population eurent accès à la libération sexuelle, auparavant réservée aux cadres supérieurs, professions libérales et artistes – ainsi qu’à certain patrons de PME. Il est piquant de constater que cette libération sexuelle a parfois été présentée sous la forme d’un rêve communautaire, alors qu’il s’agissait en réalité d’un nouveau palier dans la montée historique de l’individualisme. Comme l’indique le beau mot de « ménage », le couple et la famille représentaient le dernier îlot de communisme primitif au sein de la société libérale. La libération sexuelle eut pour effet la destruction e ces communautés intermédiaires, les dernières à séparer l’individu du marché »

« Jusqu’au bout elles sont victimes de cette illusion. A partir d’un certain âge, une femme a toujours la possibilité de se frotter contre des bites ; mais elle n’a plus jamais la possibilité d’être aimée. Les hommes sont ainsi voilà tout »

« Dès les premières minute on passe du vous au tu, et il semble que l’amante, même rencontrée de la veille, ait droit à certaines confidences qu’on ne ferait à aucune autre personne humaine »

« Les hommes ne font pas l’amour parce qu’ils sont amoureux, mais parce qu’ils sont excités ; cette évidence banale. »

« Même la sexualité a fini par me dégoûter ; je ne supportais plus leur sourire de triomphe au moment où j’enlevais ma robe, leur air con au moment de jouir, et surtout leur muflerie une fois l’acte accompli »

« Les hommes et les femmes qui fréquentent les boîtes pour couple renoncent rapidement la recherche du plaisir ( qui demande finesse, sensibilité, lenteur) au profit d’une activité sexuelle fantasmatique, assez insincère dans son principe, de fait directement calquée sur les scènes de gang bang des pornos « mode » diffusés par Canal + »

« Bien entendu elles se coupaient ainsi de toute possibilité de bonheur – celui-ci étant indissociable d’états fusionnels et régressif incompatibles avec l’usage pratique de la raison - mais elles espéraient ainsi échapper aux souffrances sentimentales et morales qui avaient torturé leurs devancières. Cet espoir était d’ailleurs rapidement déçu ; la disparition des tourments passionnels laissait en effet le champ libre à l’ennui, à la sensation du vide, à l’entente angoissée du vieillissement et de la mort. »

[Duc]

Houelebecq a bien marché parce qu'il parle cru, qu'il parle de la misère sexuelle de l'homme occidental, etc...

Perso j'aime pas spécialement sa plume, ni son analyse, en 2017.

Dire que "la liberté sexuelle", c'est un truc de droite (libéralisme sexuelle), alors que le couple stable et la famille est un truc communiste, ça me paraît une pirouette intellectuelle, mais rien de très sérieux.

Je suis grandement mitigé sur Houellebecq.

[ChatMachiste]

Envoyé par Duc

Dire que "la liberté sexuelle", c'est un truc de droite (libéralisme sexuelle), alors que le couple stable et la famille est un truc communiste, ça me paraît une pirouette intellectuelle, mais rien de très sérieux.

J 'crois pas vraiment que ce soit un problème gauche/droite

La liberté sexuelle c'est plus l'introduction de la logique libéral dans le domaine de l'amour et du sexe. cf : Extension du domaine de la lutte.

Tandis ce que le couple, la famille, la stabilité correspondent plus aux idéaux exaltés par l’éthique protestante : travail, famille, ascétisme.

A moins que tu fasses références à un extrait de Houellebecq précis ?

Parce que y'a bien une idée "soviétique" du couple et de la famille.
Genre la gueule de certaines citations de journaux soviétiques en 1918 :

" Le base même de l'Etat, c'est la famille... L'union libre et l'adultère sont des faits d'ordre bourgeois qui doivent être combattus. "

L'idée que la famille n'est plus une cellule autonome mais bien un élément de l'Etat, qu'elle est fonction du bien publique, de l'intérêt général, et même du travail.

Je suis grandement mitigé sur Houellebecq.

Pourquoi ?

[Duc]

Globalement je trouve pas ça bien écrit.

C'est cohérent parce qu'il écrit souvent à la première personne et que ses personnages sont pathétiques, donc c'est voulu.

Mais trop souvent ça ressemble à une rédac de 6eme ou une mauvaise fanfic.

Et sinon il se perd en aphorismes pseudo-intelectuels sur la vie, le temps, l'amour, la modernité, le progrès, mais en étant assez vide de sens.

Je la retournai, écartai ses cuisses et commençai à la caresser ; presque tout de suite elle fut mouillée, et je vins en elle. Elle avait toujours aimé cette position simple. Je remontai ces cuisses pour la pénétrer bien profond, et je commençai à aller et venir. On dit souvent que la jouissance féminine est complexe, mystérieuse ; mais, pour ma part, le mécanisme de ma propre jouissance m’était encore plus inconnu. Je sentis tout de suite que cette fois j’allais être capable de me contrôler aussi longtemps que nécessaire, que j’allais pouvoir stopper à volonté la montée du plaisir. Mes reins bougeaient souplement, sans fatigue, au bout de quelques minutes elle se mit à gémir, puis à hurler et je continuai à la pénétrer, je continuai même lorsqu’elle commença à contracter sa chatte sur ma queue, je respirais lentement, sans efforts, j’avais l’impression d’être éternel, puis elle eut un très long gémissement, je m’abattis sur elle et l’entourai de mes bras (Soumission, p. 105-106).

Sérieux le plus grand écrivain français vivant c'est ça ?
On dirait un mauvais ero-texte de forum quelconque.

Bref, Houellebecq j'ai beaucoup de mal avec le style.

Le fond est pas inintéressant. Mais la forme, le style, il me gonfle en fait je crois.

Mais c'est purement subjectif, je comprends qu'on aime.

Moi son style "rédaction de 6eme" parce que son personnage est pathétique, ça me gonfle. Ça me gonflait déjà chez Sallinger quand il écrit comme un enfant dans l'attrape-coeur, alors que c'était 1000 fois mieux fait, mais chez Houellebecq, ça me bloque)

[Cassandre2]

Envoyé par Duc

Sérieux le plus grand écrivain français vivant c'est ça ?
On dirait un mauvais ero-texte de forum quelconque.

Je te trouve sévère. Certes, ce n'est pas Françoise Rey - tu expliques très bien pourquoi c'est voulu - mais sur les forums on trouve sans se forcer, beaucoup, beaucoup plus mauvais, et même franchement incohérent.

Je ne suis pas fan de Houellebecq mais il dit quelque chose de notre époque.

[ChatMachiste]

Envoyé par Duc

Globalement je trouve pas ça bien écrit.

Oui, je suis d'accord, il a un style littéralement plat. Proche de l'article Wikipédia.
Je crois, d'ailleurs, que dans La Carte et le Territoire, il remercie wikipédia.
Une forme d'impersonnalité qui parle à tout le monde. C'est un très bon reporter aha

Mais, pour moi, cette simplicité me va bien.

Et sinon il se perd en aphorismes pseudo-intelectuels sur la vie, le temps, l'amour, la modernité, le progrès, mais en étant assez vide de sens.

Là je suis pas d'accord. Il a très bien senti l'époque. Il vise rarement à côté.

La construction de son oeuvre autour de la difficulté à faire face à la dure loi du monde moderne (être un gagnant sexuel et un gagnant économique) est admirable.
Il cherche tant bien que mal à trouver une réponse à cette souffrance.
Réponse politique, réponse technique, réponse amoureuse.

Sérieux le plus grand écrivain français vivant c'est ça ?
On dirait un mauvais ero-texte de forum quelconque.

Certes mais est ce que le roman d'Houellebecq a la volonté de reposer entièrement sur l'érotisme ?

[Duc]

Envoyé par Cassandre2

Je ne suis pas fan de Houellebecq mais il dit quelque chose de notre époque.

Envoyé par ChatMachiste

Là je suis pas d'accord. Il a très bien senti l'époque. Il vise rarement à côté.

La construction de son oeuvre autour de la difficulté à faire face à la dure loi du monde moderne (être un gagnant sexuel et un gagnant économique) est admirable.
Il cherche tant bien que mal à trouver une réponse à cette souffrance.
Réponse politique, réponse technique, réponse amoureuse.

Nan mais je suis d'accord avec vous.

Le fond n'est pas inintéressant. Et toutes ses réflexions ne sont pas pompeuses, y a des trucs intéressants.

J'ai du mal avec la forme essentiellement. Le style. L'écriture.

Mais je comprends qu'on aime hein ! J'essaye pas de vous convaincre que c'est de la merde hein ! Chat me demandait pourquoi j'écrivais "je suis mitigé sur Houellebecq", j'ai répondu, mais je vous empêche pas de le lire ou d'aimer hein !

Et même si vous aimez son style et qu'on est pas d'accord, c'est votre droit hein, je vais pas dire ce qui est bien et ce qui est de la merde.

C'est cool de parler littérature avec vous en tout cas les p'tits bichons.

[Sélim]

Nice de lire un ancien collègue de bureau...
Passé par la même boîte, Unilog.
Je ne l'ai découvert que sur le tard, vers 2001-2002, il était déjà célèbre et j'ai malheureusement tout de suite adhéré à sa vision sinistre de l'amour, et terriblement mercantile.
Ce qui devient dur quand on a lu Houellebecq, c'est de redevenir romantique.
(Ce qui est aussi très dur quand on a pigé tous les mécanismes d'influence et de manipulation de Cialdini = le désenchantement du monde...)

Heureusement qu'il reste une part d'inexplicable, heureusement que tout le monde n'a pas lu ce bon vieux Michou, sinon on se tirerait tous une balle.

PS : attention au glissement toujours très rapide Houellebecq Soral, je le vois venir d'ici vu qu'ils tapent sur les mêmes sujets.

PS2 : pas encore eu le temps de lire SOUMISSION, ça donnait quoi ?

[Cassandre2]

Je n’aime pas non plus son style ou plutôt son absence de style. Plus que le style plat, c’est l’absence de recherche esthétique qui m’ennuie parce que du coup, je n’ai aucun plaisir à le lire. Alors que des romans dont le personnage principal est pathétique j’en ai aimé un certain nombre que ce soit La famille de Pascual Duarte, Avril brisé ou 1984. Quand je lis «*mes reins bougeaient souplement*» dans la citation de Duc, je me demande si l’auteur s’est relu.

Il y a par ailleurs des imprécisions et des erreurs factuelles à la base de ses raisonnements, ce qui n’est jamais bon signe : que puis-je apprendre d’un ignorant, d’un paresseux ou pire d’un manipulateur ? Pour une erreur que je relève, combien que je prends pour argent comptant ? J’en ai trouvé deux dans les citations de Chat :

Ce n’est pas seulement l‘adultère qui est prohibée, c’est la sexualité hors mariage, ce qui n’est pas la même chose et n’a pas les mêmes conséquences.

Après le vote le la loi Neuwirth, la pilule n’était certainement pas en vente libre dans les pharmacie pour la bonne et simple raison que les décrets d’application n’ont été signés qu’entre 1969 et 1972. Elle devait être prescrite par un médecin et faisait l’objet d’une déclaration sur un carnet à souche comme pour les stupéfiants. C’est la loi Veil qui crée la situation actuelle et en 1967, le seul intérêt de la loi Neuwirth est qu’elle abroge la loi de 1920 qui interdit strictement tout recours à la contraception (quelle que soit la méthode) afin de permettre aux familles françaises de renouveler le stock de chair à canon durement éprouvé par la guerre de 14.

[ChatMachiste]

Envoyé par Sélim

PS2 : pas encore eu le temps de lire SOUMISSION, ça donnait quoi ?

Soumission est largement au dessus de La Carte et le Territoire pour moi.
On est sur un bon Houellebecq.
La fiction politique vaut pas grand-chose, selon moi, meme si certains aspects font sourire : notamment Bayrou premier ministre.
Elle vaut pas grand-chose mais il cherche quand même à montrer une chose intéressante dans le rapprochement de nos nationalistes avec certains musulmans.
- Refus de l’athéisme / - Rejet de l’humanisme / - Nécessaire soumission de la femme / - Retour voulu au Patriarcat… (En gros…)

Sinon sur la despiritualisation et l’impossibilité de croire, le roman vaut le coup.

En ce qui concerne l’amour j’ai pas retenu grand-chose. Les classiques de Houellebecq sur le vieillissement, sur le couple, sur la désillusion provoquée par la multiplication des relations éphémères….