[Red Destiny]

Etant en ce moment recherche de la littérature sur la séduction (Arsène Lupin, Dom Juan, Liaisons Dangereuses, Casanova...), j'ai découvert avec grand étonnement cette discussion. Bien qu'elle ne soit plus active depuis longtemps, j'en profite pour la remonter (ça devrait intéresser au moins 1 autre personne) et pour poster un des poèmes que j'ai écrit récemment :

Rien de plus éveillé, rien de plus endormi
Que ces mois brefs et beaux, symboles d'accalmie
Où s'alternent paresse et énergie intenses,
Appuyant l'ineptie de cette obsolescence.

Période des courbes, des forces, des pulsions,
Perçue différemment sous le poids des années;
Passant de l'émouvant jusqu'à la répulsion,
De la libération au répit des damnés.

En dépit de ce ressenti nébuleux, je
Ne hais point les joueurs, mais les règles du jeu
Auxquelles je me plie; inhibant mes penchants,

Ne m'empêchant pas d'apprécier ces heures-ci:
La clarté du matin, l'ardeur d'après-midi
Les rires sublimant le doux soleil couchant.

[Duc]

Bah c'est plutôt pas mal.

Je serai pas capable d'écrire ça.

Mais je serai allé plus loin dans la déconstruction, le mélange des sens.

Le paragraphe "période" est bien, mais sans le mot période (pas que ce soit lié aux menstruations, mais il est trop terre à terre : je vous décris de quoi je parle).

Un truc plus "rêve""divagations"je préférerai.

"Revant des courbes, des forces et des pulsions"

[Red Destiny]

Merci Duc.
Le mélange des sens ? C'est-à-dire ? (je crois voir mais dans le doute)

J'ai utilisé le mot "période" parce qu'effectivement je parle de périodes, et non de rêve ou de divagation. Cependant ta remarque est judicieuse, avec des recherches plus poussées j'aurais pu trouver un mot moins "terre-à-terre".

[Duc]

Mélange des sens (toucher ouïe vue etc...)

La synesthésie si on veut se branler un peu la nouille avec des mots compliqués, et faire du Baudelaire.

Je dis pas qu'il faut en faire tout le temps. Mais sur ce paragraphe, qui sonnait comme "en ce temps là, fait de bonheur et de rupture, etc..." Ça aurait aéré le texte, ça lui aurait donné un peu de fraîcheur et d'ouverture, tu vois ce que je veux dire ?

[Zozoro]

Gg Red Destiny

Il est bien écrit ton poème et t'as les couilles de le poster.

Je pose un poème mais bon le style et la qualité différente enjoy (avec en bonus des petites fautes et une vision mysogine) :

Parmi les hommes, Je suis sans talent
Dans la cour du roi, je serais le manant.
Mon regard borgne devant toutes les richesses.
J'opterais plutôt les courtisanes et leurs fesses.
Qui se dandinent, s'allongent nue sur les lits de soie
Pour obtenir du maître plus d'estime de soi.
Qu'elles sont belles quand elles veulent la lune.
Je les emmènerai bien voir du côté de ma dune.
Où l'élan du vent souffle le frais des cieux
Où l'écume des vagues caresse le sable radieux
Elles seront sublimes en ramassant des coquillages.
Ou elles seront allonger nue sur la plage.
Les lits de soie deviendront des lits d'écumes.
Le maître devenant borgne par la triste brume.
Et moi, le simple pêcheur ne cessant de les nourrir.

[Red Destiny]

Mélange des sens (toucher ouïe vue etc...)

La synesthésie si on veut se branler un peu la nouille avec des mots compliqués, et faire du Baudelaire.

Je dis pas qu'il faut en faire tout le temps. Mais sur ce paragraphe, qui sonnait comme "en ce temps là, fait de bonheur et de rupture, etc..." Ça aurait aéré le texte, ça lui aurait donné un peu de fraîcheur et d'ouverture, tu vois ce que je veux dire ?

Oui, je vois tout à fait.
J'ai un peu de mal avec ça (j'ai du écrire un poème où je m'y essaie, je vais essayer de le retrouver), mais ayant acheté Les Fleurs du Mal j'ai de quoi m'inspirer et travailler là-dessus.

Merci de ton retour.

Gg Red Destiny

Il est bien écrit ton poème et t'as les couilles de le poster.

Merci Zozoro.

Concernant le tien de poème, j'ai trouvé le 4ème vers trop brut ("J'opterais plutôt les courtisanes et leurs fesses"), un peu "beauf". C'est le "fesses" à la fin qui m'a fait cet effet, ça m'a cassé l'impression de lire une poésie. D'autant plus dommage que tout le reste est assez léger, même si ça semble renvoyer à un fantasme la peinture qui en est faite est élégante.
A part ça je trouve 2-3 phrases maladroitement tournées :
- "Je les emmènerai bien voir du côté de ma dune
- "Où elles seront allongées nues sur la plage

Enfin, pour revenir à cette idée de peinture, tout est très imagé, trop même je dirais. Je n'ai pas de sensation quand je lis ton poème, je vois juste (sauf pour le vers sur le vent), les autres sens ne sont pas sollicités, puisqu'il s'agit d'une vision du narrateur il aurait été préférable d'accentuer l'immersion.
J'espère voir d'autres avis que le mien, je ne sais pas si ce sont mes goûts personnels qui parlent.

[Duc]

Alors, c'est super dur de critiquer, comme ça, surtout en poésie, où on se livre quand même pas mal.

Comme on dit : la critique est aisée, mais l'art est difficile.

Donc franchement c'est pas évident.

Pour moi, Zozorro, y a de l'idée, mais ça manque de poésie en fait.

Y a trop de phrases sujet / verbe / complément

Et puis ça manque de poésie, dans le sens où tout est descriptif, y a pas de place à l'imaginaire en fait.
C'est pas une peinture impressioniste, genre les Nympheas de Monet, c'est photo-réaliste : on a une photo de nénuphars en fait. Bon, bah on a une photo de nénuphars quoi.

Je dis pas ça pour être acide et méchant hein ! T'as demandé un avis, j'essaye de le donner, en l'imageant pour l'exprimer du mieux possible.

Y a des images poétiques : "Où l'élan du vent souffle le frais des cieux
Où l'écume des vagues caresse le sable radieux"

Mais le reste est très "sujet verbe complément".

Et puis c'est les phrases sont un peu trop figées pour tenir dans les alexandrins.
Toutes les phrases (ou prépositions) commencent les alexandrins.
Alors que ce qui est fun, qui donne une musique, un rythme, un groove à un poème, c'est les cassures de rythme, les phrases qui enjambent un alexandrin, qui commencent à la fin et qui accelèrent vers le suivant, qui se reposent au milieu, etc...

Bref, j'espère que cette critique honnête sera bien reçue (franchement je me ferai pas chier à taper une réponse pendant 1/4 d'h sur de la poésie si c'était que pour troller en mode hater, je pense que c'est évident), et j'espère que mon ton n'est pas trop "acide".

Ca reste couillu d'écrire de la poésie et de la publier sur un forum, donc GG.

Sinon les guys, j'avais posté y a quelques mois une vidéo d'un mec qui récite du Apollinaire : c'est du régal.

Prenez ça :
Apollinaire : chanson du mal-aimé

[Zozoro]

Je prends note de vos critiques
En effet, c'est froid, statique et parfois maladroit.
Merci d'avoir pris du temps ça fait plaisir.

En espérant lire d'autres publications de forumeur ici

[Red Destiny]

Petit partage ici de El Desdichado, qui est un de mes poèmes préférés. Un bijou de mélancolie romantique, tout le sonnet est un enchaînement de métaphores élégantes et de références. Contrairement à ce qu'au titre pourrait laisser penser c'est un poème français, écrit par Gérard de Nerval en 1854 :

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

[Red Destiny]

J'avais laissé traîner ça depuis un petit bout de temps par manque d'inspiration, je l'ai terminé ce soir-même.

Un coup d’œil bienheureux et s'engage aussitôt
Le noble art, dont sans honte les enfants rougissent,
Le décrient, le renient c'est oublier bien tôt
Qu'ils sont issus de lui, en sont plus que l'esquisse.

Un coup d’œil bienheureux et le plus bas instinct
Se réveille et bataille et tenaille son hôte,
En voulant l'étouffer c'est la vie que l'on ôte;
Je me laisse bercer par son écho distinct.

Un coup d’œil bienheureux qui fait naître un élan;
Quelques paroles en un sourire insolent
Débordant d'égards comme en ces temps regrettés
Où la grâce guettait les belles apprêtées.

Un coup d’œil bienheureux ou un simple aléa,
Coup du sort ou de dés ? La fin, c'est aller à
La rencontre pour y explorer les possibles;
S'étonner de n'y vivre aucun instant pénible.

Un coup d’œil bienheureux mais teinté d'amertume
Face au trajet autre d'une étoile contraire
Qui passe puis s'efface, on ne peut qu'en extraire
Un plaisir similaire aux marins dans la brume.

Un coup d’œil bienheureux, un regard soutenu,
Retenue étiolée, abandon mutuel,
Un amour désolé, idylle souvenue.
Ne reste que ce vœu : savoir choisir lequel.