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Voir la version complète : Get out (Film) : la claque est totale.


Duc
29/05/2017, 16h16
Get out : c'est un grand oui !

La claque est totale.
C'est pas simplement un très bon film d'angoisse. C'est tout simplement un très bon film tout court.
Et un film hybride, un film politique, intelligent, métaphorique, un film d'auteur, etc...

Une mise en abyme entre le propos et le genre qui donne le vertige (montrer l'horreur du racisme à travers ? Un film qui utilise les codes du film d'horreur).
En tant que film d'angoisse, ça fonctionne parfaitement. Parce que l'antagoniste n'est pas un monstre de fantastique.
Il n'y a rien de plus malaisant et angoissant que de voir le monstrueux en l'humain (ou l'humain dans le monstrueux).
Hans Landa d'Inglorious Basterdz, c'est un grand méchant de cinéma, justement à cause de ça.
Donc faire du racisme ordinaire (ou du racisme caché derrière des sourires trop grand pour être honnêtes) l'antagoniste du film, ça marche complètement.

L'angoisse est extrêmement pesante, c'est juste parfaitement fait.
Comme dans tout bon film d'angoisse, le malaise vient du décalage, de ce qu'on devine, mais qui n'est jamais montré.
Ici, c'est la bienveillance apparente qui est particulièrement malsaine (appuyée par le jeu d'acteur impeccable). On sent que quelque chose cloche, mais c'est flou pendant une grande partie du film.

Le racisme ordinaire qui se cache derrière un faux progressisme s'égrenne au fil des séquences (ah vous savez, moi j'ai voté 2 fois pour Obama...) (vous jouez au golf ? j'admire beaucoup Tiger Woods...)
On est dans le même processus assez stupide que le "ah vous êtes marocain (heu non, je suis né à Cergy) ? J'adore le couscous !"
Le malaise vient du fait que derrière cette bienveillance apparente, et intelligente au premier abord ("je ne nie pas ton altérité, je vois bien que tu es noir, je ne fais pas semblant de ne pas le voir, je le vois") se diffusent les préjugés évidemment, mais surtout une forme d'amour-haine malsaine.
"J'ai peur du noir, mais je l'envie quelque part. Je le déteste à cause de ce qu'il me prend, mais/et j'aimerai être lui, etc..."

Presqu’une forme de vampirisme, un mélange de fascination répulsion. Dans le film,la femme fantasme sur le noir en tant que "bête sexuelle, proche de l'animal", et l'homme a un sentiment contradictoire entre fantasme et jalousie de cette puissance sexuelle.

Ici, on a un tour d'horizon très intelligent du racisme envers la communauté noire américaine en particulier, même si le propos sur les préjugés est évidemment universel.
Ca va du policier qui fait un contrôle au faciès, aux préjugés physiques (notamment sexuels), au sentiment de déclassement d'une communauté blanche qui perçoit le succès d'Usain Bolt, d'Obama, Beyonce, Rihanna, etc... commme le signe qu'ils se font remplacer en tant que caste dirigeante, etc...

Dans le film, on n'est pas tant dans le racisme de "haine" "je te déteste car tu es noir", façon Ku Klux Klan caricatural, même si on peut quand même lire derrière certains préjugés dénoncés dans le film, la vieille notion d'inégalité des races (ils prêtent plus de qualités "physiques" au noir, l'intellect étant quand même réservé aux blancs).
Mais on est plutôt dans le racisme de "peur". Peur que l'autre profite plus que nous (des emplois, des aides sociales, de sa sexualité, etc...) Peur que le noir soit "supérieur" en réalité : meilleur en sport, plus à même de satisfaire la femme du blanc avec son sexe géant, donc meilleur sexuellement, etc...
Le tout derrière une bienveillance, faite de sourires trop grands, donc carnassiers et prédateurs.

Bref, Get out est un bijou. A tous les niveaux.

Et évidemment, sans s'identifier aux antagonistes, une interrogation (saine) provoque également un sentiment désagréable chez le spectateur qui se remet en question :
"Et moi, est-ce que ça ne m'est jamais arrivé, ne serait-ce qu'une fois, de faire preuve de racisme/sexisme ordinaire ?"
"Et moi, mes préjugés, ils en sont où ?"

Et là, c'est la cerise sur le gâteau.

Get out : c'est un grand oui.

Spαrtiαte
29/05/2017, 17h09
Pour un plaisir total :
Regardez la fin alternative disponible sur youtube (en anglais) (à mon avis l'auteur à fait la scène finale actuelle pour grand public, mais à garder en alternative celle qu'il aurai souhaité à titre scénaristique)

gauguin
30/05/2017, 00h03
Une etude Britannique avait montre que nous sommes tous racistes a un degre ou a un autre. La question est de savoir comment controler la bete en nous et d'etre un peu plus ouvert a l'Autre.

Si ca repond a ta question, Duc.

Duc
30/05/2017, 16h26
@Spartiate
Même si il ne nous la montre pas (la fin alternative), y a un moment (sans spoilers, disons qu'on voit du bleu et du rouge) où on se l'imagine très clairement. Même si il ne me la montre pas, je la vois cette fin.
En plus il nous a fait un set-up au début après l'accident avec le cerf, on s'attend complètement au pay-off.